Norbert OTERO, Témoignage du mois de Nazareth

Dans cette maison qui nous héberge depuis le 3 novembre 2015, je suis arrivé avec deux Bibles pour mieux meubler mon temps de retraite et approfondir peut-être une relation avec certains textes de l’Ecriture. Ce fut le cas les premiers jours de notre séjour.

Quand est arrivé Bernard COLOMB, pendant le temps de la retraite où il proposait une grille de travail, j’ai senti le besoin de savoir un tout petit peu l’histoire de Charles de Foucauld pour entrer un peu plus en avant dans la retraite, ne serait-ce que pour comprendre la Fraternité où je me trouve.

J’ai donc sollicité l’aide de Michel BECQUART pour la bibliographie. Ce service m’a été rendu avec joie et abnégation… je commençais tout doucement à entrer dans la retraite le soir où je descendais de la bibliothèque avec quelques biographies sur Charles de Foucauld accompagné de Michel. Je laissais donc de côté mes deux bibles comme références principales. Je découvre la littérature de Charles ou sur le Frère Universel, aidé par la retraite.

Je sors de la retraite de plus de 3 semaines avec quatre points :

  • A cause de Jésus et de l’Evangile
  • Le frère Universel
  • La dernière place
  • La prière d’abandon

Etrange histoire tous ces quatre points me conduisant à la Bible.

A cause de Jésus et de l’Evangile

En Marc 10.29 nous lisons la déclaration du Seigneur Jésus « Amen, je vous le dis, nul n’aura quitté, à cause de moi et de l’Evangile, une maison…. Sans qu’il reçoive le centuple. »

« A cause de moi » – la liberté du cœur ne compare rien au Christ.

Et « à cause de l’Evangile » ce mot revêt pour l’évangéliste une très grande importance, car en considérant que Jésus et l’Evangile ne font qu’un, il reprend le débjt de son livre qu’il intitule « Evangile de Jésus Christ, Fils de Dieu » Marc 1.1 Evangile qui n’est pas seulement sur Jésus mais l’Évangélise qui est de Jésus. Il y a plus. Quand le Seigneur ajoute « A cause de l’Evangile » Jésus semble montrer la condition des apôtres et des prédicateurs qui non seulement laissent tout pour lui, mais aussi pour la prédication évangélique, d’une incomparable valeur.

Tel est notre choix à la manière de Frère Charles. Choix du Christ, choix de la prédication évangélique, choix d’une vie qui fait retentir l’Evangile et qui est, comme telle, d’une valeur incomparable.

La prédication de l’Evangile de Jésus, Fils de Dieu, ouvre à la dimension universelle : C’est cette parole qui transforme l’Eglise universelle composée de femmes et d’hommes.

Frère Universel

Le règne de Dieu écrit St Paul aux Romains (14,17) est Justice. Paix et Joie dans l’Esprit-Saint. C’est ainsi que Foucauld était marocain avec ces derniers, algérien avec les algériens, juif avec les juifs, lui le chrétien.

Etre dans l’Eglise ouvre aux dimensions universelles. Je l’ai expérimenté dans mon pays d’origine. A Brazzaville, je quittais Mpila, mon quartier de résidence, pour aller passer quelques jours à Makélékélé-Matour. J’ai goûté cela lors de mes premiers pas en France dans le Nord pour l’accueil qui m’était réservé. J’ai réalisé cela auprès de ma Fraternité de Lyon par des gestes d’amitié. Ici Charles me semble dire : Dieu est le Père de tous tes frères et de toutes tes sœurs en humanité. Accepte que tu sois frère universel et tu le seras, tu le deviendras car Dieu est vraiment ton Père, notre Père.

Tout est grâce et tout est aussi en butte à la fragilité et à lutte, rien n’est jamais parfaitement atteint, en plénitude, sinon dans la vie à venir, la vie éternelle (Mc 10.30)

Dans notre présent monde, Charles m’aide à fixer l’horizon de l’universelle fraternité. Comment y est-il arrivé ?…. peut-être en prenant la dernière place !

La dernière place

Cette dernière place, je la cherche. Je ne la vois pas à Nazareth. Je suis allé à Bethléem où je pensais la trouver, elle n’y était pas. Me voici à Jérusalem. C’est ici que je la trouver cette dernière place au Mont Golgotha où Jésus est fixé sur la Croix…. Oui c’est là la dernière place où le silence est pesant et Dieu a le dernier mot. Le mot de Dieu, c’est le mot de la vie, lequel transforme, suscité le respect, l’admiration et même l’adhésion. Alors ce n’est pas ma croix, ni celle de Foucauld qui occupent la dernière place en premier, mais celle du Christ.

Nous ne pouvons jamais disposer du Règne de Dieu qui est toujours le règne de l’amour gratuit de Dieu et de son inventivité créatrice. Il convient donc d’accepter humblement que Dieu soit toujours le premier ; quand nous pouvons être les premiers, c’est alors que nous devenons les derniers. Comme le Christ, laissons-nous nous abandonner dans les mains de Dieu.

La Prière d’Abandon

Lui Jésus en Croix prie le Père « Père, dit-il, entre tes mains je remets mon esprit » (Lc 23.46)

Charles dans son monde à évangéliser dit au Père « Père, je m’abandonne à toi. Fais de moi ce qu’il te plaira….. je remets mon âme entre tes mains ». Cette attitude, cette prière ouvrent les barrières du cœur, de l’esprit, de l’espérance, et même du temps pour vivre à l’image et à la ressemblance de Jésus. C’est ainsi que Frère Charles dans ses méditations n’a eu de cesse d’écrire comme Jésus.

Comme Jésus, prendre le temps du désert à la lupière de Charles pour mieux goûter la Parole de Dieu qui se manifeste en moi comme devoir.

Est-ce que le désir de cet exercice spirituel va durer dans le temps ? Je ne saurais répondre à cette question aujourd’hui. J’aurai besoin de la prière de tous et de chacun de vous tous, mes frères, pour assurer et assumer ce qui se manifeste en moi à la fois comme un devoir et un droit pour la vie : la journée du désert.

Ici, je comprends mieux le choix de ma Fraternité suggérant à tous ses membre de prendre le temps du désert.

Que cela puisse devenir réalité.

Norbert OTERO

Aux amis du diocèse 16

P. Grégoire CADOR
Tokombéré, le 22 décembre 2015

Aux amis
du diocèse de Maroua-Mokolo
et de Tokombéré

Chers amis,

La fête de Noël qui est là et la richesse de l’actualité des deux derniers mois m’invite à ne pas attendre début janvier pour vous écrire en espérant que mon courrier vous trouvera si ce n’est en bonne santé, du moins en de bonnes dispositions pour vivre ce qu’il vous est donné de vivre en ces jours bénis.

C’est encore le P. Christian qui fait la « une » aujourd’hui, mais cette fois c’est pour vous demander de penser à lui en cette fin d’année où il a dû, à nouveau, être évacué vers Paris pour se soigner et prendre un bon temps de repos. Il rejoint ceux et celles d’entre vous qui portez de gros soucis de santé actuellement et dont je sais que vous les unissez aux prières de tous à nos intentions… Que la fête de Noël soit une source de réconfort pour chacun et chacune d’entre vous.

Bien évidemment cela me renvoie aux belles rencontres que nous avons vécues à Paris mi-novembre. Bien qu’entachées par les ignobles « attentats de Paris » elles ont été l’occasion d’un échange très émouvant (pour moi en tout cas). Le témoignage des anciens qui ont passé quelques semaines ou plusieurs mois à Tokombéré et même celui d’une amie de longue date qui n’a pas encore eu la chance d’y venir, ont été l’illustration la plus probante de la nécessité et de la fécondité de la rencontre. La discussion à bâtons rompus du samedi matin a été aussi un moment très utile venant renforcer cette idée.

C’est, d’abord et avant tout, à cela que doivent travailler les associations membres d’Intertok et ceux qui les animent. Les finances sont très importantes, qu’il me soit d’ailleurs permis ici de remercier, du fond du cœur, tous ceux et celles qui nous soutiennent, certains depuis fort longtemps. Mais je dis et je répète à l’envie que le seul ciment de ce que nous voulons entreprendre de durable doit être l’Amour.

Je vous invite, si vous avez un peu de temps en cette période de fête à travailler ou à prier l’hymne à l’amour de St Paul en 1 Corinthiens 13, 1-8 (Cf. ci-dessous) Lisez le à voix haute et, à partir du verset 4, à la place du mot ‘amour’ mettez votre propre nom sans avoir peur d’aller jusqu’au verset 8… Alors vous comprendrez peut-être de quoi il s’agit quand nous parlons de vocation à l’éternité… Tout le reste n’est que paille emportée par le vent et n’a pas d’avenir !

Beaucoup parmi vous ont été touchés, voire même de près, par l’horreur et la brutalité froide qui ont endeuillé Paris et la France entière le 13 novembre dernier. Le « nous sommes ensemble », par lequel je termine habituellement mes lettres, prend tout à coup la couleur et le goût du sang… Comment ne pas évoquer au-delà de ce sang innocent versé par la méchanceté aveugle de certains, celui des enfants de Bethléem dont le cri des mères monte vers le ciel en une question hébétée et sans réponse ? C’est aussi le cri de nos communautés humaines du Nigéria, du Nord-Cameroun, du Niger et du Tchad qui, jusqu’à aujourd’hui et presque chaque jour, sont frappées par cette brutalité sans limites… (17.000 morts depuis 2009… 2.000 de plus que lors de ma conférence au Mans en mars dernier… Une moyenne de plus de 7 par jour de façon ininterrompue depuis 6 ans !).

On lit dans certains journaux que le problème est en voie d’être résolu… Quelle illusion ! Je crois qu’il n’en est rien quelle que soit la brutalité (ou, pour garder un langage plus diplomatique, la force de frappe) de la réponse apportée. On ne résoudra pas le problème de fond par la violence. Boko Haram (qui se fait désormais appeler « Etat islamique en Afrique de l’Ouest ») sort les crocs devant le déploiement de la force multinationale et l’arrivée des américains dans la région… Il est clair qu’ils veulent se faire une réputation d’invincibles dans le monde djihadiste et probablement essayer de devenir une référence incontournable dans la région… Ils sont prêts au sacrifice et ne s’arrêteront pas de sitôt.

La seule porte de sortie ou voie de salut, c’est l’exercice de la volonté libre et consentie d’aimer ses frères et de reconnaître sous ce vocable l’ensemble de l’humanité (Daech, Boko-Haram, Shebab, Seleka et autres compris…). Si, les chrétiens ne sont pas capables de donner leur vie pour cette cause je ne sais pas à quoi ils servent…

A une récente rencontre de prière pour la paix chaque vendredi, un jeune enseignant père de famille disait : « La paix de Jésus ce n’est pas l’absence de guerre, de violence, de soucis ou de tensions, mais la capacité de rester entre les mains de Dieu au cœur de toutes les situations que nous traversons.» Je trouve cela très beau et très vrai. Récemment St Paul nous disait quant à lui : « Ne soyez inquiets de rien, mais, en toute circonstance, priez et suppliez, tout en rendant grâce, pour faire connaître à Dieu vos demandes. Et la paix de Dieu, qui dépasse tout ce qu’on peut concevoir, gardera vos cœurs et vos pensées dans le Christ Jésus. » Ce sont de telles affirmations qui nous nourrissent notre détermination et nous permettent de garder le cap !

Attention à l’usure du temps qui fait que certains semblent peu à peu s’installer dans cette situation comme si elle devenait quasi normale… Résistons à la « mondialisation de l’indifférence » dont nous parle François. Il est urgent de réagir, parce qu’au-delà de l’horreur des situations vécues par les populations frontalières, chez qui la peur s’est installée comme une compagne de chaque jour, nous voyons petit à petit se mettre en place tout autour le « business » de l’aide aux réfugiés… Certains profitent abondamment de la situation et se font des fortunes en gérant l’argent qui tourne autour de la misère… Cela donne la nausée !

Pour « résister », il nous faut d’abord et avant tout « consister » comme le rappelle Fabrice Hadjadj. Il nous faut, à temps et à contretemps semer « autre chose »… une autre chose enracinée dans le regard de l’Homme Nouveau… Plus que jamais retentit ici la Parole de Baba Simon : « Je voudrais que tous voient Dieu et les hommes comme Jésus les voit ».

Je ne sais pas si vous avez eu l’occasion de lire la bulle d’indiction du jubilé de la miséricorde intitulée « Visage de la miséricorde du Père » du Pape François. Si ce n’est pas le cas je vous invite à le faire… Il y a là-dedans une foule de pistes concrètes pour bâtir cette « autre chose » en question…

Le Pape François a su toucher et interpeller très fort notre cœur d’africains en ouvrant la porte sainte de la cathédrale de Bangui avant même celle de St Pierre ! Nous prenons cela comme un signe très fort et un appel à témoigner de la miséricorde en nous laissant aimer et en essayant d’irradier cet amour au cœur des épreuves qui sont les nôtres et que nous partageons avec de plus en plus de gens à travers le monde… En passant, nous partageons aussi leurs joies comme ce fût le cas lors de la libération du P. Mourad en Syrie et ensuite des chrétiens de sa communauté jumelée avec la paroisse de la Couture au Mans…A Tokombéré nous avons célébré une messe d’action de grâce.

Mais attention toutefois quand on parle de miséricorde. Il y a de quoi s’inquiéter devant la récupération un peu rapide que certains font de cette notion si contraignante. Il est très facile de la transformer en un genre d’airbag évitant de se confronter au réel et permettant de se haïr gentiment en se faisant des sourires ! « Amour et Vérité se rencontrent, Justice et Paix s’embrassent. » Dans son discours à la Curie, il y a deux jours, le Pape François (encore lui !) rappelait au numéro 7 : « Charité et vérité. Deux vertus indissolubles de l’existence chrétienne: «Faire la vérité dans la charité et vivre la charité dans la vérité» (cf. Ep 4, 15); au point que la charité sans vérité devient idéologie d’un “bonnisme” destructeur et la vérité sans charité devient justice aveugle.» Il y a de quoi méditer et s’engager dans de vraies démarches de conversion !

De nos jours, beaucoup de choses semblent se vivre à fleur de peau, au niveau de l’émotionnel. Il est absolument nécessaire d’entrer en profondeur dans l’engagement pour ouvrir des issues (des portes !) dans un monde où la tentation de se refermer sur soi-même pend au nez de tout le monde… « Ouvrez-vous portes de justice… qu’il entre le Roi de gloire ! »

A Tokombéré nous continuons notre chemin au jour le jour en essayant de rester fidèles à nos convictions :

Ces derniers temps nous avons vécu la rentrée de la Promotion Féminine avec une belle assemblée rassemblant plus d’une centaine de femmes venues de divers secteurs de la paroisse. Catholiques, protestantes, adventistes et même un groupe de femmes musulmanes. Ces dernières ont été très touchées du discours des intervenantes qui ont insisté dans les conseils donnés sur le refus d’amalgame entre Boko-Haram et musulmans. Ce sont au total près de 300 femmes qui se rencontrent désormais deux fois par mois en moyenne dans 25 groupes disséminés sur le territoire de la paroisse.

Nous avons lancé le nouveau thème d’année dont je vous parlais la dernière fois, « vous êtes mes témoins », au cours d’une très belle assemblée paroissiale. Le P. Justin et M. Birguel du laboratoire de l’hôpital et membre de l’équipe d’Animation Pastorale ont fait remonter la réflexion vécue dans une petite centaine de groupes informels tout au long du trimestre en une très belle synthèse. Une des étapes de la réflexion consistait à évoquer les figures locales de témoins de Jésus déjà passé sur l’autre rive… Ce fut un beau florilège de gens parfois très simples dont le témoignage a marqué la vie de nos communautés… Cette relecture de la vie chrétienne locale est une expérience intéressante à faire qui permet de vérifier que la sainteté n’est pas un programme pour des gens extraordinaires mais qu’elle est à portée de tous…

La « rentrée » du catéchuménat a vu le nombre de catéchumènes de la paroisse passer de 390 à 420 et ce malgré les 80 baptêmes de l’an passé. Nous sentons aussi une plus grande attention des catéchistes à cet aspect de leur travail et un meilleur suivi de leurs groupes respectifs.

La traditionnelle fête des récoltes que nous célébrons toujours le premier dimanche de l’Avent a été l’occasion de rendre grâce à Dieu pour les fruits de la rencontre de son amour et de nos travaux. Nous avions retenu ce jour pour présenter en action de grâce, au milieu des milliers d’épis de mil, la médaille que le Pape a décernée au P. Christian (j’en ai parlée dans mon dernier courrier). Nous n’avions pas eu encore l’occasion de le faire avec l’ensemble de la paroisse. Ce fut très émouvant de pouvoir exprimer ainsi notre immense reconnaissance à Dieu et à la famille Aurenche pour le grain semé chez nous et qui, contre vents et marées, a porté tant de fruits…

Il aurait fallu prendre du temps pour parler de la belle rencontre dialogue au collège Baba Simon, des rencontres du « Secrétariat Général nouvelle formule », de la nomination du P. Justin comme nouveau responsable du comité diocésain de la liturgie, des rencontres de formation des « gardes suisses » chargés d’aider les militaires pour la sécurisation de nos célébrations, de la relance du mouvement Cop-Monde (ACE) et des activités des jeunes dans les secteurs et au Foyer central de Tokombéré, des trois mariages célébrés en cette période de Noël, de la récollection des ouvriers apostoliques de la zone Mayo-Sava si bien animée par notre nouveau vicaire général, de ma rencontre avec le Sultan de Mora pour lui apporter le message du Pape François à l’occasion des 50 ans du texte du Concile Vatican II sur le dialogue interreligieux et pour poser avec lui les bases d’une rencontre interreligieuse qui aura lieu courant janvier, de l’augmentation des effectifs dans les écoles du diocèse alors que l’Unicef vient de publier un rapport très alarmant : « Plus de 2.000 écoles ont été fermées au Nigeria, au Cameroun, au Tchad et au Niger, – L’insurrection menée par le groupe islamiste Boko Haram empêche plus d’un million d’enfants d’aller à l’école » Mais je préfère m’arrêter là pour ne pas vous saturer quitte à revenir sur l’un ou l’autre de ces sujets la prochaine fois !

Des amis très chers m’ont envoyé récemment un très beau texte de Mgr Claverie sur la rencontre. Je ne résiste pas à l’envie de vous le partager. Vous le trouverez ci-dessous.

Je termine en formulant, pour vous, vos familles et ceux avec qui vous partagez la vie au quotidien, ces vœux que j’emprunte à St Bernard : « Faites ce que vous pouvez avec la grâce de Dieu et, par l’humilité, suppléez aux manques de votre charité. »

Bon Noël et Bonne année 2016

Plus que jamais… «Nous sommes ensemble» !

Grégoire

Texte de Mgr Claverie sur la visitation : (Référence inconnue)

La Visitation est un lieu important pour avoir une attitude juste vis-à-vis de l’autre, qui consiste à porter ce que l’on porte comme Marie portait son enfant donc être soi-même, se laisser habiter par son enfant par Jésus, par l’homme nouveau. Mais aussi aller vers l’autre en lui révélant par la confiance, par l’amitié ce qu’il porte de beau. Cette parole prophétique qu’Éli­sabeth portait, c’était Jean Baptiste. Marie porte en elle l’enfant de la promesse, Dieu est à l’œuvre en elle, l’Es­prit l’habite et la pousse à la rencontre d’Élisabeth qui porte aussi un enfant promis et donné par Dieu dans sa vieillesse. Dans la salutation, ce que les femmes por­tent tressaille en elles. Plus tard, Jésus sera l’homme de ces rencontres où chacun révèle le meilleur de lui-même. Il n’impose pas sa vérité mais l’autre finit par découvrir qu’il répond à son attente la plus profonde. C’est ainsi que nous sommes appelés à rencontrer les autres, non-chrétiens, musulmans ou autres, d’abord en portant en nous le Christ vivant et non quelque vérité extérieure ou quelque idéologie, en allant vers l’autre avec respect car nous croyons qu’il porte aussi en lui une part de la vérité que nous cherchons. Dieu a déposé en lui des richesses qui nous manquent pour que Jésus même nous révèle la plénitude de sa richesse. En nous mettant à son service, et non en lui imposant notre présence et notre volonté – comme Marie auprès de sa parente plus âgée – en cherchant à valoriser ce qu’il porte de bon à nos yeux comme nous le demande le Concile – « promouvoir les valeurs des autres » en demeurant l’un chez l’autre assez longtemps pour que naissent la confiance et les mots pour dire ce qui nous tient le plus à cœur. Ce faisant, et dans l’humilité, nous donnons ainsi à l’autre la possibilité d’accueillir Jésus même.

1 Corinthiens 13 1-8

01 J’aurais beau parler toutes les langues des hommes et des anges, si je n’ai pas la charité, s’il me manque l’amour, je ne suis qu’un cuivre qui résonne, une cymbale retentissante. 02 J’aurais beau être prophète, avoir toute la science des mystères et toute la connaissance de Dieu, j’aurais beau avoir toute la foi jusqu’à transporter les montagnes, s’il me manque l’amour, je ne suis rien. 03 J’aurais beau distribuer toute ma fortune aux affamés, j’aurais beau me faire brûler vif, s’il me manque l’amour, cela ne me sert à rien. 04 L’amour prend patience ; l’amour rend service ; l’amour ne jalouse pas ; il ne se vante pas, ne se gonfle pas d’orgueil ; 05 il ne fait rien d’inconvenant ; il ne cherche pas son intérêt ; il ne s’emporte pas ; il n’entretient pas de rancune ; 06 il ne se réjouit pas de ce qui est injuste, mais il trouve sa joie dans ce qui est vrai ; 07 il supporte tout, il fait confiance en tout, il espère tout, il endure tout. 08 L’amour ne passera jamais.