Félix

Notre frère Félix RAJAONARIVELO

Membre de l’équipe international et responsable continental pour l’Afrique

Félix est passé avec le Père après sa maladie d’un cancer du foie.

Il a été soigné dans un hôpital de Bangalore, en Inde, avec l’aide de nombreux frères de la fraternité et de sa famille. Il revient à Madagascar le 8 mai, et à la veille de la Pentecôte, au 14, 50, à Carmelo d’Amborovy, où nous avons eu notre réunion de l’équipe internationale en 2014, a donné son esprit à Dieu et a commencé la vie des bienheureux.

Aujourd’hui, 5 juin, a tenu sa Messe de la résurrection dans la cathédrale de Mahajanga.

Je suis heureux et triste en même temps. Ce cher frère laisse un vide et aussi une espérence. Felix a beaucoup donné à la fraternité et l’Eglise à Madagascar et sa vie, que nous devons encourager de continuer annonçant Jésus assisté à Nazareth-style. Il va continuer à aider devant le Père avec son intercession et sourire indestructible.

L’équipe internationale et tous les frères des fraternités sacerdotales Iesus Caritas dans le monde, ainsi que la famille de Charles de FOUCAULD à Madagascar ont le cœur douloureux ; Felix nous changera la tristesse en joie, comme Jésus ressuscité à ses amis.

Merci, Felix, pour tout ce que tu nous a donné. Merci pour ton accueil et ton Nazareth. Tu sera toujours avec nous.

Aurelio SANZ BAEZA,
frère responsable

5 Juin de 2017

PDF: FÉLIX, fr

Jean-Pierre LANGLOIS (Québec), Journal d’avril 2017, Tamanrasset

1. Pour le moment, je me sens comme en plein été (30 degrés et plus), et le printemps n’est même pas terminé ! Les mois chauds sont encore à venir. Mais à chaque jour suffit sa peine. Je m’acclimate doucement, et sors de mon cocon un peu plus.

Le jardin devant la maison s’est agrandi cette semaine d’un minuscule jacaranda, à fleur bleue-violette. S’il prend bien malgré le sol assez pauvre du secteur, il fera de l’ombre au citronnier, au grenadier, à l’olivier et à l’oranger, sans parler des 2 cotonniers, des 5 plants de vigne et du laurier rose… Magnifique !

J’ai semé des graines de légumes en vain, mais mon ami et gardien Issa a réussi à faire pousser betteraves, carottes, tomates et oignons, 2 ou 3 courgettes. Si tout cela donne en temps voulu, ce sera bien sympathique ! Je vois pousser tout cela avec… étonnement ! Je suis vraiment un gars de la ville.

2. Dernièrement, je suis monté sur le toit du presbytère pour le nettoyer des épines de tamaris accumulées depuis les pluies de l’été dernier. Ce n’était pas un luxe.

Un visiteur français, Pierre, infirmier de son métier, est venu passer plusieurs semaines à Tam en fin de pèlerinage à Jérusalem. Il est devenu maître d’œuvre pour réparer le toit du presbytère car des joints de la toiture avec le voisin laissaient passer l’eau de pluie. Il ne pleut pas souvent, mais il pleut assez fort lorsque cela arrive. Or les murs sont en pisé, -argile paille et petite roches-. Cela se dégrade facilement sous les coulisses d’eau venant du toit… Avec le gardien du jardin, du nom d’Issa, un Camerounais, ils ont couvert à la longueur de l’édifice le mur mitoyen et colmaté quelques autres brèches. Un beau travail.

Mardi le 25 avril, Pierre et moi avons installé une douzaine de panneaux expliquant en français et en arabe le parcours de vie de Frère Charles au fortin (bordj) où il est mort en 1916. Cela devrait être plus agréable et attirant à regarder et à commenter lors de la visite des « touristes » à Tam. Doucement des « pèlerins » viennent de nouveau par ici, mais au compte-gouttes pour le moment.

3. Les quelques chrétiens reconnus – les migrants évitent souvent de se faire reconnaître comme chrétiens, leur statut précaire est déjà suffisamment lourd pour ne pas en ajouter une couche supplémentaire d’handicap – nous ne sommes pas mal vus par la population locale. Elle est indifférente peut-être, ne connaît pas le christianisme et ne peut pas avoir de points de repères.

Les gens ne savent pas ce que signifie Pâques pour nous, d’autant plus que le Coran enseigne que le Christ Jésus n’est pas mort sur la croix, mais a été emporté vivant au Paradis. Alors dimanche 16 avril, jour de Pâques, c’était pour la population le premier jour de travail de la semaine, sans plus. Pas de chocolat, pas de fleurs, pas de rencontres familiales, rien de particulier à signaler. Cela m’invite à retrouver avant tout le sens intérieur de la fête; et ce n’est pas plus mal pour moi, bien au contraire.

La communauté réunie à la veillée pascale

Par ailleurs, nous n’avons pas à nous défendre d’être chrétiens. Nous avons plutôt bonne réputation, individuellement. Les autorités craignent seulement que nous soyons des espions à la solde de nos pays respectifs. Et les amis algériens que le temps a pu permettre de rencontrer, ils nous ouvrent leurs pensées et leurs cœurs, partageant volontiers avec nous le repas ou des activités. Mais il s’agit là de quelques individus ou familles, très loin de la majorité des gens côtoyés seulement.

4. Il n’y a pas de clocher à la chapelle dont on se sert, et on ne sonne pas la cloche comme au Québec. Nous sommes une infime minorité, plus ou moins une cinquantaine de personnes chrétiennes pour au moins 120 000 habitants. Il est de mise de ne pas avoir d’indications publicitaires à l’extérieur, sur la rue.  Il n’y a donc qu’un moyen de venir participer aux célébrations ou de prendre contact avec nous : comme vous le devinez, le bouche-à-oreilles. Mais c’est très efficace, sinon toujours précis. Car il n’y a pas d’adresse civique, ni de nom de rue. On se rend chez les gens en demandant le nom du quartier, l’édifice remarquable du coin, et puis, on s’informe aux passants, aux personnes croisées sur la route. C’est aussi le cas pour la communauté chrétienne. Les migrants qui y viennent, une vingtaine environ, ne restent pas non plus toujours longtemps sur place. Ils laissent leur place à d’autres, puis à d’autres…

5. La liturgie étant particulièrement simplifiée en région éloignée, et les autres membres de l’équipe d’animation à Tam étant très ouverts, nous avons vécu des jours saints sans carcan mais dans le recueillement et une belle sinon grande participation ! Et la Semaine Sainte fut très significative par son dépouillement même. La célébration de ce Jeudi saint était par exemple des plus intimes, une quinzaine de personnes, mais cela me faisait tellement penser à ce qu’a pu être la première célébration au Cénacle…

Le soir du Jeudi saint avec des petits frères de Jésus venus de l’Assekrem

6. Je devrais passer une quinzaine de jours à la mi-mai à l’Assekrem, l’ermitage de Frère Charles, à 70 km de Tam, au désert. Une belle aventure !

« Que ce Jésus Ressuscité continue de nous faire vivre à plein notre pèlerinage vers le Royaume ! »
27 avril 2017                                       Pedro

PDF: Journal d’avril 2017

Honoré SAWADOGO (Burkina Faso): Recollection avec les Fraternités de L’Île de France, de Basse et de Haute Normandie

Chers confrères, c’est précisément depuis le 11 décembre 2015 que notre frère Yves de Malmann, m’a contacté, en votre nom à tous, pour m’inviter à venir vivre ce temps de recollection avec vous. Nos échanges ont été très fraternels et nous avons préparé petit-à-petit cette rencontre en tenant compte de vos souhaits et de vos recommandations. Je voudrais alors remercier très cordialement votre fraternité, le Père Yves, votre responsable, ses collaborateurs et chacun de vous pour m’avoir invité à me joindre à vous pour prier et célébrer le centenaire de la mort de Frère Charles. Cette rencontre-ci est ma deuxième rencontre avec des confrères de France. La toute première était en octobre-novembre 2009. J’avais eu la grande joie de prendre part au mois de Nazareth à Marsanne dans le diocèse de Valence. C’est là que j’ai connu notre Frère Jean-François Berjonneau que je suis très heureux de retrouver. J’étais encore aux études à Rome l’année passée et ne pensais pas que j’allais pouvoir finir et retourner chez moi. Mais la providence aidant, j’ai pu conclure mes études et suis rentré en septembre dernier. Malgré la distance entre le Burkina et la France, le Père Yves m’a encouragé à venir et je crois que cela en vaut la peine. Le Christ nous a-t-il pas recommandé d’annoncer sa Parole jusqu’aux extrémités du monde ? Les extrémités du monde peuvent être considérées de façon spatiale, temporelle et existentielle. De façon temporelle nous ne finirons jamais d’annoncer sa Parole, au plan spatial nous ne serions jamais parti trop loin pour l’annoncer et enfin de façon existentielle, il n’y a aucune réalité de la vie humaine et universelle qui ne soit en attente de la Bonne Nouvelle. Considérant tout cela, je suis venu, et je suis très content de pouvoir vivre ces instants de prière et de fraternité avec vous. Je vous remercie de tout cœur pour votre accueil, votre affection fraternelle et votre présence.

Présentation du thème

Le thème qui guidera le déroulement de ce partage que je voudrais faire avec vous est celui que l’équipe responsable nous a proposé dans sa lettre du 3 septembre : « Comment la spiritualité eucharistique de Frère Charles peut éclairer la nôtre aujourd’hui ? » Ce thème est le résultat de vos différents échanges. Le Père Yves m’en a fait l’écho à plusieurs reprises. Il m’avait en effet fait plusieurs suggestions que j’essayerai d’inclure au cours de cette causerie : « Charles de Foucauld et l’eucharistie », saisir « l’actualité de l’Adoration à partir de celle de Frère Charles »; « l’actualité de la dévotion eucharistique – et particulièrement l’Adoration – à la lumière de cet itinéraire spirituel : Le langage, les formes et les expressions du XIX° siècle ne sont plus les nôtres ; comment vivre, traduire et exprimer cela aujourd’hui ? ».

Document complet au prochain lien:

Honoré SAWADOGO (Burkina Faso) Recollection Fraternités Île de France, Basse et Haute Normandie

Honoré SAWADOGO (Burkina Faso): Le réception, encore nouvelle, de la figure de Frère Charles en Afrique noire

Le thème qui fera l’objet de ce partage est le suivant : « la réception, encore nouvelle, de la figure de Frère Charles en Afrique noire ». Il s’agit là aussi de la proposition de l’équipe de responsable. Voici les suggestion qui m’ont été faites en amont : « la découverte des Fraternités sur le continent africain », « Chez nous (en Europe, en France) nos fraternités sont très vieillissantes, et plutôt ignorées de nos jeunes confrères : Manifester que le charisme de Charles de Foucaud « séduit » aujourd’hui des prêtres dans des Églises jeunes, est aussi important » mais « les lettres et témoignages de l’équipe internationale, ou de ceux qui ont l’occasion de se rendre en Afrique, nous réchauffent le cœur, dans ce qu’ils nous disent de la façon dont, peu à peu, la spiritualité de Frère Charles, trouve un écho dans un certain nombre de pays, chez nos confrères africains ».

Je n’ai pas la prétention de pouvoir vous parler de ce thème tel qu’il est formulé. Non seulement l’Afrique Noire est très vaste et variée, mais il manque surtout de supports écrits sur lesquels il faut se baser. En plus, il me semble que l’objectif du thème n’est pas la collection d’informations sur les fraternités africaines, mais l’écoute du témoignage d’un confrère africain afin de pouvoir échanger avec lui en vue de la croissance de l’espérance de part et d’autre. C’est pourquoi, je voudrais surtout faire un partage sur ma propre rencontre de Charles de Foucauld et aussi dire quelques choses sur la réception de Charles de Foucauld dans mon diocèse, au Burkina Faso et dans nos pays voisins.

La réception de Charles de Foucauld en Afrique Noire : un modèle, Baba Simon

Le temps ne m’a pas permis de faire des recherches historiques sur la réception de Charles de Foucauld en Afrique Noire. Il y a toutefois le cas d’un prêtre très renommé du Cameroun, Baba Simon. Vous le connaissez certainement mieux que moi. J’ai rarement entendu parler de lui et c’est sur internet que j’ai pu voir quelques informations le concernant. Il fait partie des premiers africains noirs qui ont découvert l’héritage spirituel de Charles de Foucauld et l’ont vécu de façon profonde. Il est né en 1906 à Batombé, baptisé en 1918 et ordonné prêtre en 1935. Il a découvert Charles de Foucauld à travers la Petite Sœur Madeleine et René Voillaume, fondateurs respectifs des Petites sœurs et des Petits frères de Jésus dans la spiritualité de Charles de Foucauld. Il a trouvé dans la spiritualité de Charles de Foucauld « le chemin qu’il cherchait depuis longtemps ». Il est l’un des cofondateurs de la Fraternité Jésus Caritas au plan international, et en est le premier responsable en Afrique. En 1959, il part dans le nord du Cameroun pour s’installer à Tokombéré dans le diocèse de Maroua-Mokolo, parmi les Kirdis. Il partage leur vie de pauvreté, et lutte contre la misère. Son évangélisation est empreinte de prière et de charité. Respectant leurs traditions, et y voyant la marque de la présence de Dieu, « Baba Simon » devient le « chantre de la kirditude ». Épuisé, il meurt le 13 août 1975 à Édéa. Son procès de béatification est en cours.

La réception de Charles de Foucauld dans le diocèse de Ouahigouya

Le Petit Frère Emmanuel Kalmogo: C’est le premier prêtre diocésain de mon diocèse. Il est né en 1935, ordonné prêtre en 1960 et est décédé en 2011. Sa spiritualité foucauldienne était très discrète. Personnellement c’est seulement à l’occasion de la fondation du Monastère Jésus Sauveur de Honda que j’ai su qu’il s’inspirait de Charles de Foucauld. Sa vie sacerdotale était empreinte de simplicité et même d’austérité. Certains de ses confrères le désignaient comme un moine perdu dans l’apostolat. Il ressentait en effet un appel à la vie monastique qu’il a mis du temps avant de reconnaître et d’assumer. Malgré ses grandes capacités intellectuelles et rhétoriques, son immense connaissance de notre tradition locale, il a toujours voulu occuper la dernière place. Tout au long de son ministère sacerdotal, il menait une vie simple, passant souvent ses congés ou vacances au village en menant les activités quotidiennes des paysans. Il est resté austère jusqu’à ses derniers jours. J’ai eu l’occasion de travailler avec lui dans le cadre de la formation des aspirants du monastère de Honda dont il était le premier co-fondateur avec notre évêque d’alors Philippe Ouédraogo, maintenant archevêque de Ouagadougou et cardinal.

Le Monastère Jésus Sauveur de Honda

Le Monastère de Honda est la co-fondation de deux confrères de la Fraternité Sacerdotale Jesus Caritas: Philippe Ouédraogo et Emmanuel Kalmogo. Mgr Philippe a été ordonné évèque du diocèse de Ouahigouya en 1996. Il voulait deux communautés de contemplatifs féminins et masculins pour soutenir l’œuvre de l’évangélisation dans son diocèse à dominance musulmane (seulement 4% de chrétiens). Il chercha en vain des communautés de moines et de moniales et interpréta la situation comme une invitation à fonder. Avec le concours de son Prêtre Emmanuel Kalmogo, la fondation du Monastère de Honda commença le 15 août 2001. Le Monastère s’inspire de trois sources : La tradition bénédictine dans son expression cistercienne de la stricte observance, l’expérience spirituelle de Charles de Foucauld et la Culture africaine, celle des mossi en particulier. Les moines de Honda sont donc des cisterciens de la stricte observance qui veulent être des moines missionnaire à la suite de Charles de Foucauld tout en inculturant leur expérience monastique. Selon leur projet constitutionnel, ils veulent « vivre dans le silence, la prière, le travail manuel, l’étude continuelle des choses de Dieu ». « Par leur silence, leur prière, leur travail, leur effort de sanctification de leur personne, ils donnent tout et continuellement à Dieu » pour que « Jésus sauve ceux qui n’ont pas encore entendu l’évangile ou pas encore accueilli ». Ils sont moines missionnaires selon l’inspiration et le modèle de Charles de Foucauld. Présentement il y a quatre moines profès, un novice, un pré postulat et quelques candidats.

Avec le décès du premier fondateur et le transfert du deuxième co-fondateur, le monastère est quelque peu orphelin. Le niveau de scolarisation des candidats est très bas, ils sont déterminés mais la bonne volonté ne suffit. Ils ont besoin d’une présence sacerdotales, ou au mieux, la présence d’un « Père Abbé » pour les accompagner. Ayant participé à leur formation en 2003-2004 puis de 2007 à 2011, j’ai profité de mes études à Rome pour me cultiver davantage sur la spiritualité Monastique à Saint Anselme. J’ai été chargé cette année d’organiser leur formation mais je suis nommé au Petit Séminaire à plein temps. Je compte y passer les congés de Noël, de Pâques et une bonne partie des grandes vacances. Il y a aussi d’autres personnes qui y vont de temps à autre pour les aider. Si quelqu’un parmi vous est intéressé par une année sabbatique ou un service fidei donum au milieu d’eux, vous serez accueillis à bras ouvert. Jean-Michel Bortheirie, un frère d’une fraternité de Limoges a déjà fait un séjour d’environ un mois et sa présence les a beaucoup marqués. Il leur a donné une petite formation sur les vertus.

Les Fraternités sacerdotales et la famille foucauldienne au Burkina

Charles de Foucauld est assez bien connu au Burkina Faso à travers les Petites Sœurs de Jésus – qui ont deux fraternités dans les diocèses de Ouagadougou et de Kaya – les Fraternités laïques, les Fraternités sacerdotales et quelques vierges consacrées. À ma connaissance, il n’y pas encore de diocèse où il y a des Fraternités bien structurées et bien fonctionnelles. Il y a bien de nombreux prêtres diocésains qui s’inspirent de Charles de Foucauld, mais les rencontres ne sont pas régulières, elles sont plutôt sporadiques. Il y a aussi des rencontres au niveau national et notre responsable national est l’abbé Jean Zougouri. Toujours au niveau national, les fraternités laïques sont plus dynamiques. Grâce à elles et avec la collaboration des Petites Sœurs et des membres de la Fraternité Sacerdotale nationale, la famille foucauldienne vit chaque année des activités communes : une année sur deux, il y a une formation sur la spiritualité de Charles de Foucauld qui dure trois à quatre jours ou une retraite d’une semaine. Pour les retraites, le Burkina accueille également des membres des Fraternités sacerdotales ou laïques du Niger, du Benin et du Togo. La dernière retraite, il y a deux ans, comptait au tour de 150 participants dont de nombreux fidèles laïcs, des prêtres, des religieux et des religieuses. La famille foucauldienne au niveau national a un projet d’une construction d’un centre spirituel sous forme d’ermitage. Elle a pu acquérir un terrain de quelques hectares où ils arbres ont déjà été plantés. Pour la célébration du centenaire de la mort de Charles de Foucauld, la Famille foucauldienne a organisé une célébration nationale à Ouagadougou.

Wend Benedo, un projet social de la Fraternité Sacerdotale du Burkina

La Fraternité Sacerdotale nationale a pu mettre sur pieds un projet à caractère social. Il s’agit d’une structure d’accompagnement des personnes vivant avec le Sida. L’accompagnement est comporte une dimension médicale et sociale. Le projet accompagne les malades du Sida pour leur faciliter l’accès aux traitements médicaux adéquats. Il constitue aussi un lieu d’écoute de ses personnes très stigmatisées. Il y a aussi les personnes touchées par la maladie ou le décès de leurs proches. Aurelio Sanz Baeza, le responsable international de la Fraternité Jesus Caritas, depuis la Fondation Tienda Asilo de San Pedro de Carthagène, Espagne, est un partenaire et un accompagnateur de ce projet confié à la gestion d’une Vierge consacrée.

Nos mois de Nazareth :

Le Burkina Faso a déjà organisé un mois de Nazareth en 2007 qui a vu la participation de confrères venus de la sous région et même du Madagascar. Les autres composantes de la Famille foucauldienne au Burkina Faso ont activement participé à certaines activités du mois. J’ai personnellement voulu participer à ce mois mais Mgr Philippe dont j’étais le secrétaire y participait déjà et je devais rester pour garder la maison. Il y a aussi eu un mois de Nazareth au Maroc en novembre 2008 en anglais mais là aussi, nous étions en pleine préparation du jubilé d’or de notre diocèse. Le tout dernier mois de Nazareth a été organisé au Cameroun en 2014 ou 2015. Il semble qu’un autre mois de Nazareth sera organisé prochainement au Burkina Faso. L’organisation des mois de Nazareth témoigne de l’existence et de la dynamique des jeunes fraternités d’Afrique. Elles sont souvent confrontées aux grandes distances et au manque des moyens pour se rencontre de façon régulière.

Charles de Foucauld peu connu en Afrique Anglophone ?

Je n’ai pas connaissance de l’existence de nombreuses Fraternités Jesus Caritas dans les pays anglophones de l’Afrique (il semble qu’il y en a au Kenya). Il faudrait que je m’informe davantage. Il semble cependant que Charles de Foucauld est très peu connu dans le milieu anglophone africain. C’est un défi pour les fraternités Africaines.

Ma rencontre avec Charles de Foucauld et mon expérience de Fraternité

Mes premiers contacts avec Charles de Foucauld datent de 2000 à travers un livret, 30 jours avec Charles de Foucauld. C’était un livre qui proposait un cheminement d’un mois de prière au rythme de l’itinéraire et de l’enseignement spirituel du Frère Charles. son expérience spirituelle m’a paru très authentique, très simple et très essentielle. Elle m’a beaucoup attiré mais aussi effrayé. Les liens avec Charles de Foucauld se sont ensuite consolidés durant mon année de stage pastoral en 2003-2004. La fondation du Monastère Jésus Sauveur de Honda, d’inspiration foucauldienne (moines missionnaires par la vie de Nazareth: Évangile, Eucharistie, enfouissement, charité), était à ses  débuts. J’avais été sollicité pour aider à la formation des candidats dont le niveau de scolarisation était moyen. Cela m’a permis de connaître davantage Charles de Foucauld et sa spiritualité. Après mon ordination sacerdotale, j’ai continué à assurer la formation au Monastère durant une ou deux semaines par an. Au niveau du diocèse de Ouahigouya, les prêtres de la fraternité Iesus Caritas n’étaient pas assez nombreux pour former une fraternité. Il y avait des sympathisants mais pas de fermes engagements. Pendant 5 ans j’ai cheminé avec une fraternité laïque qui était plus régulière dans ses rencontres: une rencontre par mois avec une heure d’adoration, la messe et un peu de partage. Nous avions aussi quelques récollections et des sorties spirituelles ensemble.

Un des points culminants de ma connaissance de l’héritage spirituelle de Charles de Foucauld fut le mois de Nazareth à Marsanne (diocèse de valence si je ne ma trompe) en octobre-novembre 2009. Les 5 ans d’étude à Rome ont aussi été une précieuse occasion d’approfondissement de la spiritualité foucauldienne. J’ai aussi eu l’occasion de participé à une vie de Fraternité sacerdotale de façon régulière. Nous nous rencontrions une fois par mois à Tre Fontane chez les Petites sœurs pour une heure d’adoration, la prière des vêpres, un partage fraternel et un repas du soir.

Conclusion : Remarques conclusives

La spiritualité de Charles de Foucauld est made in Africa for Africa : On peut nourrir l’espérance que la spiritualité foucauldienne connaîtra un plus grand essor en Afrique. En effet, Charles de Foucauld est arrivé en Afrique avec une véritable maturité spirituelle mais sa spiritualité a pris une belle couleur africaine. La confrontation et l’adaptation permanente de son expérience spirituelle, pastorale et missionnaire aux réalités de l’Afrique saharienne lui ont forgé une spécificité qui séduit et attire. En outre, les conditions pastorales vécues par Charles de Foucauld, notamment la dominance de l’Islam et la progressive radicalisation de nombreux musulmans, sont toujours d’actualité. L’Afrique sub-saharienne, présentement frappée par le fléau de l’Islam radical en croissance, a besoin d’une spiritualité ouverte, tolérante, persévérante, disposée et adaptée au dialogue avec l’Islam comme celle de Charles de Foucauld.

Une expérience spirituelle universelle et essentielle : L’expérience spirituelle de Charles de Foucauld a un caractère universel ou polyvalent. Son expérience spirituelle est comme une grande source faite de plusieurs ruisseaux. Charles de Foucauld s’est modelé au rythme de diverses spiritualités à telle enseigne que l’on peut facilement se trouver à l’aise avec lui même appartenant déjà à une spiritualité spécifique. On trouve chez lui une spiritualité monastique et érémitique, une spiritualité franciscaine, une spiritualité ignacienne (discernement, élection, volonté de Dieu), une spiritualité carmélitaine, une spiritualité missionnaire et pastorale, une spiritualité de laïc engagé, etc. Il est comme un chargeur universel qui peut charger n’importe quelle batterie. Cela n’explique-t-il pas la diversité d’expériences spirituelles que suscitent sa personne, son itinéraire spirituel et son charisme ? Sa spiritualité est aussi essentielle, fondée sur l’amour de Dieu et du prochain. Elle se passe de rites d’initiation et de dévotions complexes. Elle va droit au but par des chemins clairs et simples.

La fécondité des fraternités vieillissantes de l’Europe : Les fraternités de l’Europe semblent vieillir et se renouveler difficilement par l’adhésion de nouveaux membres. Tout en reconnaissant la nécessité du renouvellement, je voudrais admirer le prestige du vieillissement. Pour mes yeux de jeune africain, la vieillesse est signe de persévérance, de fidélité, de grâces et de bénédictions ! Voir les vieilles fraternités et les « vieux frères » m’encourage et me stimule à persévérer à la suite de ceux qui n’ont pas cédé au découragement et aux difficultés inhérentes à tout cheminement spirituel. En outre, les fraternités d’Europe ont le droit et le devoir de voir les nouvelles fraternités africaines comme les fruits de leur fécondité spirituelle et missionnaire. En effet, plusieurs fraternités africaines ont vu le jour grâce à l’aide de prêtres en fraternité allés en Afrique comme fidei donum. D’autres, sans même quitter leur pays, ont su partager leur expérience et inspirer des prêtres africains qu’ils ont pu rencontrer ou accueillir dans leurs paroisses.

Honoré SAWADOGO, fraternité de Burkina Faso

PDF: Honoré SAWADOGO (Burkina FASO) La réception, encore nouvelle, de la figure de Frère Charles en Afrique noire