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Nouvelles de la Famille Spirituelle de Charles de FOUCAULD – mai 2020
Bonjour à vous tous!
Pendant cette période, le monde entier semble ne connaître qu’un seul sujet : la « crise de Corona ». Elle a également conduit à l’annulation d’une première réunion des membres du nouveau secrétariat, prévue pour le début du mois d’avril. Je suis très curieux de voir quand nous pourrons enfin nous rencontrer personnellement tous les quatre.
Parmi les nombreuses choses qui peuvent à juste titre nous inquiéter, ce qui nous opprime, pour beaucoup d’entre nous, inclut certainement le renoncement à l’Eucharistie célébrée en communauté chrétienne. Dans cette situation, je suis très conscient d’un mot de Claude Rault, qu’il a prononcé lors de la réunion de l’Association à Viviers il y a cinq ans et que j’aime rappeler : « Il n’est pas nécessaire que ce soit chaque jour la messe. Mais chaque jour a besoin d’un élément eucharistique ! » Il est la responsabilité de chacune et chacun de découvrir ce que cela peut signifier aujourd’hui dans le contexte respectif de nos vies et, espérons-le, d’affiner notre perception de la présence de Dieu dans notre vie quotidienne, en particulier lorsque nous – du moins les laïcs – sommes privés de sa présence dans l’Eucharistie.
Frère Charles n’a-t-il pas connu une situation similaire lorsqu’il n’a plus été autorisé à célébrer l’Eucharistie seul à Tamanrasset et que, peu après, il n’a pas été permis de garder le Saint-Sacrement dans son tabernacle, lequel est resté vide pendant plusieurs années ? Le bienheureux Charles de Foucauld pourrait donc être un bon intercesseur auprès du Seigneur, afin que nous apprenions à nouveau à vivre comme des « personnes eucharistiques » et à participer à la construction du royaume de Dieu.
Avec toute mon amitié et unis dans la prière
Marianne
Lire le document complet en PDF: RB-04.pdf
(Español) Relieves del hermano Carlos. Antonio OTEIZA
(Español) Ocho relieves para orar con Carlos de FOUCAULD. Antonio OTEIZA
(Español) Boletín Horeb Ekumene, mayo 2020
Lettre de pâques 2020 aux frères du monde entier. Éric LOZADA
Philippines, 12 avril 2020
Je suis ressuscité et je suis toujours avec toi, Alléluia. (cf. Ps 139, 18)
Frères bien-aimés,
je vous écris de mon ermitage, en quarantaine comme beaucoup d’entre vous. Cette clôture imposée est une excellente invitation à l’adoration quotidienne, à la méditation de l’Évangile, à la journée de désert, à la révision de vie, à la prière pour le monde, en particulier les pauvres, avec fidélité, intensité et application. Une vie de qualité de solitude et de prière est notre humble acte de charité pour notre monde en cas de pandémie.
En regardant par ma fenêtre, je perçois les signes d’une nouvelle vie de la nature. C’est sec et humide ici, mais les oiseaux jouent et chantent leur unique répertoire de chansons, les papillons volent doucement de fleur en fleur à la recherche de nectar, les arbres sont verts et donnent de l’ombre malgré la lourde chaleur. C’est merveilleux, comme la nature a sa propre façon d’annoncer la résurrection ! Pas de soucis, abandon total à Dieu qui s’occupe d’eux. Nous, les humains sommes censés être une race supérieure à cause de notre raison, mais la même chose a systématiquement affaibli la confiance en Dieu au jour le jour et nous comptons davantage sur notre pensée égoïste. Cette même pensée a été la cause de la violence, de la haine et de la méfiance. La résurrection offre le pardon, l’amour et la confiance. Le monde doit choisir.
Nous sommes en quarantaine communautaire renforcée jusqu’au 3 mai, mais les prêtres reçoivent des laissez-passer pour les œuvres liturgiques et caritatives. Je l’utilise tous les jours pour rendre visite à des personnes où je suis invité à accompagner les mourants et les familles en deuil, à faciliter le dialogue dans les familles, à donner de la nourriture et de l’argent à ceux qui ont été licenciés. Quelqu’un m’a exhorté à être avec les gens dans leur impuissance, surtout parce qu’ils ne pouvaient pas aller à l’église et prier. La Présence apportée par ma présence est pour eux un baume apaisant de réconfort. J’ai cependant fait très attention à suivre les protocoles d’hygiène et d’éloignement afin de ne pas nuire davantage à la communauté. Ce matin, mon ami Lemuel est venu à l’ermitage très affamé, le regard hagard, demandant de la nourriture pour ses 4 jeunes enfants affamés. Lemuel a été licencié. En lui remettant quelques vivres, je suis béni par sa joie mais je ressens aussi l’incertitude dans ses yeux.
Après la prière de ce matin, je jette un long coup d’œil à la carte affichée sur mon mur. Mes yeux sont fixés sur les quatre continents d’Afrique, d’Europe, d’Asie, des Amériques. Le virus est en effet un grand égalisateur, car les pays riches et pauvres souffrent du même sort. Je vois des visages de médecins, d’infirmières, de patients, de leurs familles, inquiets, effrayés mais luttant pour la vie. (Pendant que j’écris, on m’informe que ma sœur qui travaille comme infirmière aux États-Unis est testé positif au Covid. Sa famille est maintenant à risque).
Le monde vit sa passion. Je vois des visages d’impuissance, d’inquiétude, de peur, de tristesse, de haine, de violence partout sous de multiples déguisements. Je m’interroge : quel est le message du Christ ressuscité à notre monde aujourd’hui? Qu’est-ce que Dieu nous invite à voir? Où nous mène-t-il? Est-ce que la résurrection signifie qu’il nous sauvera de tout cela? Quelle est la réponse de Dieu à son peuple en cas de pandémie? Comment entendre le doux message de la résurrection au milieu des nouvelles accablantes de mort, de souffrance, de conflit? Où est le chemin de l’espoir et d’une nouvelle vie en cette période difficile?
Frères, veuillez souffrir avec moi de ces questions. J’ai besoin de vous, nous avons besoin les uns des autres, les gens ont besoin de nous. La résurrection n’est pas une joie bon marché ni des mots doux pour nous sauver de nos souffrances. Nous devons tendre nos oreilles et élargir nos cœurs pour entendre le Message. Nous luttons avec Dieu pour des réponses même si sa réponse est cachée dans Son silence.
Je trouve que la lecture du récit de la résurrection selon saint Jean de cette année est un Kairos. Certains détails de Jean pourraient nous aider à voir et à entendre le Message. Comme je ne suis pas très bien formé en herméneutique biblique, je m’appuie sur une réflexion priante du texte. Soyez généreux s’il vous semble naïf.
Permettez-moi de souligner seulement trois choses. Premièrement, Jean parle de la résurrection comme ayant lieu «le premier jour de la semaine, alors qu’il faisait sombre» (Jean 20, 1a). La résurrection jaillit des fondements mêmes de notre humanité et du monde, dans l’obscurité de l’ignorance. Cela nous rappelle la Genèse lorsque le monde était sombre et sans forme et que l’Esprit planait au-dessus des eaux sombres. Alors Dieu dit: « Que la lumière soit et la lumière fut » (Gn 1, 2-3).
Aujourd’hui, le monde est dans l’obscurité de la pandémie. L’avenir semble même plus sombre pour beaucoup. Comment les entreprises, le gouvernement et le peuple vont-ils récupérer? Notre planification stratégique, nos prévisions optimistes, trouvent-elles le remède et assez de lumière pour nous donner un avenir radieux? Au milieu d’une obscurité totale où les fondations du monde semblent ébranlées, le Christ, la Lumière éclate. Peut-on voir? Voir ne vient pas de notre logique humaine car la même chose est facilement vaincue par les ténèbres. La lumière vient du Christ ressuscité. Dieu va-t-il nous sauver de ce mal? Pas du tout, car le mal fait ce qu’il fait. Dieu sauve. Il confirme finalement la vertu, la bonté, la fidélité pendant que nous traversons le mal et la souffrance, tout comme ce qu’il a fait à Jésus. Finalement c’est Dieu et le Christ ressuscité qui contrôlent et non le mal et la mort. C’est notre credo. Nous devons simplement faire confiance à sa vérité et la vivre au jour le jour.
Deuxièmement, Jean souligne que Marie de Magdala fut la première à voir le tombeau ouvert. (Jn 20, 1b) Elle était triste parce qu’elle ne pouvait pas encore faire le lien entre le tombeau ouvert et la résurrection. Ce n’est qu’après avoir pleuré qu’elle a vu le Ressuscité (cf. Jn 20, 11 ss). C’est une invitation pour nous à voir notre réalité à travers la lentille douce du féminin – dans la tristesse et dans les larmes. Les deux préparent le cœur à une véritable vision. Il y a beaucoup de choses dont nous sommes tristes aujourd’hui à propos de notre réalité. Nous sommes en larmes parce que d’une manière ou d’une autre, nous faisons partie de ce monde blessé, brisé et violent et à bien des égards, nous avons contribué à sa violence et à ses blessures.
Enfin, Marie a rapporté à Pierre et Jean ce qu’elle avait vu. Pierre et Jean l’ont vu par eux-mêmes. Pierre a vu. Jean a vu et cru. Ils ne comprenaient pas encore tous le sens de la résurrection (cf. Jn 20, 2-9). Ce détail nous apprend que pour expérimenter une nouvelle vie, nous devons aller à la rencontre les uns des autres et marcher ensemble en tant que communauté de chercheurs de vérité. Notre réalité est une vision partagée et personne ne monopolise le tout ou absolutise sa part du tout. Chacun y contribue. Chacun croit que l’autre a quelque chose à apporter. La vérité nous rend humbles, car au lieu de la posséder, elle nous possède. Cela nous dépasse toujours. Nous avons donc besoin de la contribution de chacun. La vérité est un cadeau gratuit révélé à une dynamique communauté de pèlerins qui cherche avec espoir. Malheureusement, dans notre monde postmoderne, le pouvoir est confondu avec la vérité. Ainsi, on devient arrogant de sa part et absolutise sa part comme toute la vérité. C’est la même mentalité qui crée la guerre et la violence. La résurrection donne la paix et le pardon. Nous devons choisir.
Frères, nous continuons aujourd’hui à partager notre recherche de la vérité dans le Seigneur ressuscité dans la solitude de notre prière et dans nos activités fraternelles et missionnaires. Frère Charles nous montre le chemin et marche également avec nous, dans notre désir de suivre Jésus de Nazareth, d’être un frère pour tous, de vivre Nazareth, d’être présent aux pauvres, de réviser nos vies, de crier l’Évangile avec nos vies, pour sentir comme les brebis dans notre mission vers les périphéries, pour vivre l’Évangile avant de prêcher. Telle est notre spiritualité en tant que prêtres diocésains sur les pas du frère Charles. C’est aussi notre cadeau à notre monde et à notre Église aujourd’hui. En tant que cadeau, ce n’est pas un mérite mais nous devons constamment réajuster le cadeau par la pratique. Ici, nous sommes tous débutants et compagnons de lutte mais ensemble, nous nous encourageons mutuellement à continuer de retourner à notre pratique.
Mon humble prière pour chacun de vous. Priez aussi pour moi.
Eric LOZADA
(Traduction de Honoré SAVADOGO)
PDF: Lettre de Pâques 2020, Eric LOZADA, frère responsable, fr
(Español) Una Pascua distinta, con sabor a Nazaret. Aquilino MARTÍNEZ
Retraite fraternité Pâques, 16 Avril 2020
Fraternité Sacerdotale Iesus Caritas. Espagne.
RETRAITE DE PÂQUES 2020
LA VIE POUR LE FRÈRE CHARLES
Une vie libre
DEUXIÉME JOUR,
Jeudi, 16 avril
En ce deuxième jour de retraite de Pâques, nous savourerons la liberté des enfants de Dieu. Le Christ ressuscité nous donne la liberté; celui qui était enfermé est maintenant libre comme le vent. Aucun poids ne vous attrape ou un bandage vous empêche de marcher. Frère Charles n’est lié qu’à la volonté de Dieu, la volonté qu’il découvre dans ses recherches et son imitation de Jésus: «Pour croire que vous devez vous humilier, vous devez être petit, vous devez avouer que vous avez peu d’esprit, admettre une quantité des choses qui ne sont pas comprises…”. Charles de FOUCAULD, «Écrits spirituels». En ces jours de « confinement de Pâques », nous pouvons découvrir la grandeur et la petitesse du monde où nous sommes. Notre communication avec l’extérieur se réduit à nous accueillir «à la japonaise» et à utiliser des appareils électroniques. Les câlins nous manquent et pourtant nous ne cessons de ressentir l’affection de Dieu lui-même et des frères.
Il est temps de réfléchir à toute cette situation. L’ostensoir à vide du frère Charles peut nous en dire long sur tant d’absences, sur tant de fois que nous nous sommes sentis loin de Dieu, des gens ou de notre propre être intérieur. Nous pensons que Jésus n’est pas là, car nous le cherchons dans un tombeau vide. L’absence de Dieu chez tant de personnes nous rend tristes et nous voudrions le rapprocher de Jésus qui n’a cessé de les aimer, de les chercher, de les embrasser. Des absences parfois remplies de rêves ou de fantasmes artificiels et inutiles. Dieu est un Dieu des vivants, a dit Jésus, et c’est un Dieu qui nous donne la liberté, malgré notre moment présent de «nous tenir debout» ou de nous enfermer à la maison. Bientôt, nous pourrons dire « libérez le détenu ». Rien ne va nous empêcher de nous étreindre et de nous saluer à nouveau comme nous l’avons toujours fait. En ce moment, Jésus ne garde pas ses distances et nous embrasse quand nous l’adorons, son amour est plus fort que les limites que nous avons maintenant à vivre.
Le samedi saint a été une journée désert pour moi. C’est, peut-être, le jour le plus approprié de l’année pour le vivre ainsi, jusqu’au moment de la Veillée Pascale. Un désert qui peut être une répétition de ce qui se vit au quotidien, mais qui m’a une fois de plus placé dans l’immensité de Dieu, de son appel, de son invitation à se sentir libre au moment de Nazareth, qui est celui de l’enfermement. Le désert, qui nous fait nous retrouver vides de tout et attendre tout du Seigneur. L’Assekrem avec les quatre murs, le jardin, le verger, la rue ou le champ que l’on voit de la fenêtre …
Comment nous identifions-nous à ce Christ vivant et libre dans notre mission? « Nous n’avons pas l’obligation de faire constamment l’aumône, le conseil ou la prière, mais nous devons donner un bon exemple, d’autant plus que nos œuvres sont connues, même si nous pensons que nous sommes complètement seuls …« , Charles de FOUCAULD, » Écrits spirituels ». Notre mission, être avec les gens dans leurs moments difficiles, dans la vie quotidienne de leur vie; nous permettant aussi d’envahir par son humanité, par sa joie ou sa tristesse, ses choses apparemment insignifiantes, sa voie partagée et sa foi ou son absence, est la mission où Jésus nous envoie. « Jésus, avec son œuvre rédemptrice, nous a redonné la liberté, la liberté des enfants » (Pape François). Le Christ nous donne la liberté de tout quitter, de mettre du temps de côté, la condition d’être une personne consacrée, l’image sociale que nous avons, de dire oui à la personne qui a besoin de nous, à qui nous pouvons faire du bien, sans « conseils des prêtres”, sans être fonctionnaires de la liturgie ni des sacrements. Peu importe les formes externes; la chose importante est l’amour que nous mettons.
«Jésus est venu non seulement pour changer le cours naturel de la vie physique, mais pour y insuffler un nouveau sens avec la force de son Esprit et la puissance de sa parole, transmettant aux êtres humains une espérance toujours vivante, source inépuisable de vérité joie. La pierre tombale que les disciples de Jésus doivent retirer est énorme et lourde, car la dalle de la mort continue d’enterrer aujourd’hui des milliers de morts dans la pandémie mondiale de coronavirus et les masses de pauvres et de marginalisés dans notre pays.» José CERVANTES GABARRÓN, (prêtre du diocèse de Carthagène, Espagne, dans une homélie de Carême). Compte tenu de la diversité des appels que nous recevons, des messages qui débordent nos appareils électroniques ces dernières semaines, répondons avec joie de Pâques. Beaucoup de gens ont besoin de nous – simplement – pour savoir que nous sommes là, que nous sommes plus importants pour eux qu’une masque chirurgical Ils savent que notre visage et nos mains ne se répandent pas plus que l’amour de Jésus, et nous savons que son peuple est aussi un chant de louange pascal, d’action de grâces. Nous devons donc remercier les gens. Un par un, avec son visage et son nom, devant Jésus en adoration, mettant à ses côtés ceux que nous ne voyons pas, mais que nous ressentons.
«La personne qui aime est ouverte aux peines des autres et ressent des impulsions vers la compassion et l’aide, parce qu’elle ressent l’unité avec les affligés. Il réconforte chaque personne que vous voyez souffrir. Il sait qu’il fait corps avec l’énergie originelle à laquelle tout participe. Cela se produit simplement lorsque nous nous ouvrons et entrons en contact les uns avec les autres avec pitié.» Willigis JÄGER, «Où notre désir nous mène. Le mysticisme au 21e siècle », Desclée de Brouwer (Willigis JÂGER a fêté ses Pâques en mars dernier)
Pâques nous donne la joie d’être sauvé, la liberté d’être heureux, l’espoir d’un monde plus positif, d’apprécier l’effort et le travail de nombreuses personnes qui laissent leur peau aux autres. Remercions Dieu pour ce Jésus libérateur, petit dans les petits et très grand dans nos cœurs.
Bonnes et joyeuses Pâques à tous.
(Español) Retiro fraternidad Pascua, 15 abril 2020
Fraternité Sacerdotale Iesus Caritas. Espagne.
RETRAITE DE PÂQUES 2020
LA VIE POUR LE FRÈRE CHARLES
La vie du dernier
PREMIER JOUR.
mercredi, 15 avril
Relisant le Cantique des Philippiens (Flp 2,6-11), que nous avons approfondi en ces jours de la Semaine Sainte, et prié avec lui, nous nous tenons avec frère Carlos dans son apprentissage d’abandon, en tant que disciple qui apprend de son maître: “Il est descendu: il est descendu toute sa vie, descendant quand il s’est incarné, descendant quand il est devenu un petit garçon, descendant obéissant, descendant devenant pauvre, abandonné, exilé, persécuté, exécuté, se mettant toujours à la dernière place». Charles de FOUCAULD, «Écrits Spirituels».
L’aristocrate devient serviteur, le seigneur du château va vivre au village, il retire son titre et devient frère. Comment pouvons-nous comprendre la dernière place si nous restons à la place habituelle ou même essayons de grimper, grimper des positions? Combien de fois nous trompons-nous en pensant que nous sommes déjà humbles?
L’imitation de Jésus, comme l’enseignement de Charles de FOUCAULD et le désir constant de sa conversion, nous savons qu’elle consiste à prier, à travailler, à aimer, à accompagner, à pardonner, comme Jésus l’a fait, et aussi à être heureux comme il était, en montrant la miséricorde du père, dans chaque geste, chaque mot. “La miséricorde n’est pas fabriquée: elle est reçue. Le don de Dieu n’est pas acheté, n’est pas vendu, ne renvoie pas l’appel. Donnez gratuitement sans rien attendre, sans que personne ne perde espoir. Prendre le risque d’aimer jusqu’à la fin”. Jacques GAILLOT en “Heureux le miséricordieux”, 10 septembre 2016 en iesuscaritas.org
Certes, nous vivons ces jours de «vivre dans le caché», confinés, sans rien à notre ordre du jour, avec les voiles de nos navires repliées, en attendant un vent favorable, un style Nazareth très spécial.
L’appel à être missionnaires doit être en permanence dans nos cœurs; ne pas participer à la vie des gens, rendre visite aux malades, recevoir des amis et des personnes qui viennent chez nous, et tant de choses que nous ne pouvons pas faire pendant cette pandémie, peut nous aider à revoir le sens de la mission. Il est très probable que nous manquions aux autres, comme nous nous manquons dans une situation normale. Nous sommes devenus les derniers par imposition. Nous devons être les derniers parce que notre Maître a été fait de cette façon, et c’est ainsi que nous l’apprenons tous les jours.
Tout cela nous rend plus conscients des réalités de notre monde. Nous vivons dans une Europe confortable et chancelante, une Europe refermée sur elle-même: «L’Europe des peuples est sur le point de se construire. C’est le sens de l’histoire. Sacrifier les hommes pour l’économie, en laissant de côté les pays du tiers monde, ne deviendra pas l’Europe des peuples. Quel sera l’avenir des communautés d’immigrants? Il me semble dans le traité de Maastricht que les immigrés paient le canard pour une Europe forte qui donne un peu plus de hauteur à ses murs.» Jacques GAILLOT, « Je prends ma liberté … », Nueva Utopía
Cette Europe, qui va souffrir d’une crise économique dont nous ne connaissons pas encore l’ampleur, qui va être la crise humanitaire de tant de gens – qui est vraiment le monde des derniers, ceux qui ont toujours été les derniers – apprendra à être dans leur au contraire, savoir mieux écouter, appliquer une politique de regarder moins le nombril et de regarder le monde sans crainte. Quelque chose comme ça peut arriver en Amérique du Nord … Et, en tant qu’Église, nous pourrions dire la même chose.
Du petit, qui a toujours été sans importance au plus riche, frère Charles construit un rêve. C’est quelque chose qu’il n’a pas vu se réaliser, comme une utopie inaccessible – un défi du Royaume – et pourtant, nous l’apprécions, car cela nous aide dans nos vies à vivre simplement, à partager, à être fraternité, à ne pas regarder personne au-dessus de nous, pour ne pas être soumis à une consommation féroce, ou en tant que prêtres, pour célébrer la foi du peuple, dont nous faisons partie, sans chichi ni rituels compliqués, faisant partie de l’histoire de la vie des gens parce qu’ils sont important pour nous. “En solidarité avec les pauvres. Cette Pâques a sa propre couleur. Notre ambiguïté personnelle apparaît un peu plus clairement éclairée par les pauvres. Certains qui marchent avec Jésus sont déconcertés par les paroles de dénonciation et la revendication de leurs droits et, par conséquent, ils veulent faire taire la voix des pauvres et de ceux qui sont solidaires avec eux. Les opprimés ont aussi peur de mourir dans le désert comme les Juifs, et ils nous demandent ce que nous avons. L’histoire, avec ses revers et ses ténèbres, nous amène à perdre de vue le Dieu qui semble perdu et loin sur la montagne, tandis qu’à côté de nous, des idoles d’urgence en or brillant sont faites.” Benjamín GONZÁLEZ BUELTA, “Descendez à la rencontre de Dieu. La vie de prière parmi les pauvres”, Sal Terrae
Pâques, cette Pâques dans la solitude, à Nazareth domestique, est l’occasion de profiter à nouveau des petites choses, des bonnes nouvelles, des amis ou de la famille qui nous manquent.
Pâques nous place dans le cadre de la joie des petits, des derniers, où Jésus est toujours présent, avec sa porte ouverte pour être invité à la table des pauvres, ou le rideau tiré car il n’y a pas de porte. Ne passons pas, pensant à de meilleurs endroits. L’adoration de Jésus est maintenant cette humble maison où être avec lui, avec tous les pauvres du monde, devant lesquels nous n’avons pas besoin de paroles.
Faisons maintenant un temps d’adoration. Ne pas penser à ce que j’ai écrit, mais regarder Jésus, celui qui est devenu le dernier et qui était le Bien-aimé du frère Carlos.
Pour notre revue de vie::
1 Est-ce que je vis ma vie plus (temps, travail, disponibilité, ressources personnelles, potentialités …) pour moi-même qu’en fonction de mon être missionnaire, de mon dévouement aux autres? Pourquoi et de quelles manières?
2 Dans l’isolement et la pandémie que j’ai vécus, qu’ai-je appris de ma propre expérience intérieure et des expériences, des valeurs, de la douleur, de la vie et de la mort de l’extérieur?
3 Pâques, comme toutes les bonnes nouvelles annoncées aux pauvres, dans quels aspects, attitudes ou approches de ma vie est une conversion, un changement, un appel? Puis-je l’imaginer ou le vis-je?
Retraite fraternité Pâques , 14 Avril, 2020
Fraternité Sacerdotale Iesus Caritas. Espagne.
RETRAITE DE PÂQUES 2020
LA VIE POUR LE FRÈRE CHARLES
INTRODUCTION,
mardi, 14 Avril, soir
De cette manière télématique, cette retraite pascale, – rencontre entre frères et moment contemplatif pour célébrer Jésus Ressuscité – je vous propose des réflexions et une invitation à l’adoration, le Christ, le pain et le vin, libéré de la mort et de la dalle, promeneur, pèlerin avec nous en cette période difficile de l’humanité … Christ Vivant nous invite aujourd’hui à passer ces trois jours en retraite joyeuse avec des êtres humains qui ont dans leur vie l’espoir d’un monde meilleur. Grâce à lui, nous avons été sauvés de la croix. Grâce à lui, nous sommes motivés à continuer dans l’œuvre du Royaume. « Tout appartient à Dieu … Nous lui devons tous les moments de notre vie. Notre être et notre existence: faisons tout pour Dieu ». Charles de FOUCAULD, «Écrits Spirituels».
De notre frère Charles, avec tous les aspects et facteurs de sa vie, ses intuitions et ses contradictions, savourons la vie, comme celui qui savoure ce qui est petit et simple, qui est vraiment pauvre. Il s’est laissé retrouver le matin de la Résurrection et sa joie vient à nous, qui essayons de vivre son charisme comme des hommes de foi.
Faisons de cette Pâque un espace de joie, de rêves – les rêves du frère Charles – de vie et de vie à chaque instant, avec l’espoir de ceux qui rêvent d’un nouveau monde et des souffrances, les propes et celles de l’humanité, ils ne sont pas un obstacle: «Si la tristesse vous invite un jour, dites-lui que vous avez déjà un engagement à la joie et que vous lui serez fidèle toute votre vie. Là où il y a de la vérité, il y a aussi de la lumière, mais ne confondez pas la lumière avec le flash. » (Pape François)
La joie n’est pas toujour rire, ni le produit d’un triomphe personnel. La joie des disciples de voir le Seigneur, ainsi que la crainte de «ce qui va arriver maintenant». C’est la joie du frère Charles qui se réunit tous les jours à Nazareth, à Beni-Abbès ou à Tamanrasset avec des gens dont il apprend une langue, une manière de raconter, une écoute, comme au Maroc il a trouvé foi dans la les musulmans qui lui ont transmis la grandeur de Dieu. Ce ne sont pas de bons moments, ni politiquement ni économiquement pour le monde; la misère et les épidémies ont également frappé de nombreux pays, de différentes manières et avec des conséquences divers, comme la Première Guerre Mondiale, le pillage des ressources dans les colonies occidentales en Afrique, en Asie… Quelle pandémie plus grande que l’égoïsme des les puissants? Y a-t-il un vaccin pour ça?
J’ai dû refaire tout ce qui était préparé pour ces jours avant la situation actuelle et, de façon réaliste, nous ne pouvons pas laisser de côté la situation de notre monde, celle la plus proche de nous, ou celle qui ne nous touche pas de près. C’est une Pâques très spéciale, car je crois que jusqu’à présent nous n’avions pas vécu. Malgré tout, vivons-la comme l’Église et notre être profond nous invitent, comme nous sommes chacun de nous.
Surtout pour moi, en ces jours de Pâques, nos frères qui ont déjà célébré leur pleine Pâques récemment seront dans mon cœur: Manolo BARRANCO, Mariano PUGA, Michel PINCHON, Margarita GOLDIE, Antonio L BAEZA … autant de frères et soeurs ressuscités ..
Revenons en ces jours pour nous laisser surprendre par la Bonne Nouvelle du Jésus Ressuscité, de celui qui est vivant dans l’humble, dans les hôpitaux, les bidonvilles, les prisons, les villages sans lumière ni eau dans tant d’endroits du monde; de ce Christ qui a traversé la croix, mais qui n’est pas passé du peuple; Celui qui, parmi tant d’hommes et de femmes qui, au cours de ces mois, travaillent pour nous, nous libère de la peur et nous tend la main.
Nous nous mettons donc en présence de Dieu, sans oublier la présence de douleur, d’espérance et de bonheur. Nous nous mettons entre ses mains, alors que nous prions dans la Prière d’Abandon, et nous le prions … « Mon Père, je m’abandonne à toi … »
Avec tout l’amour de nos cœurs, avec une confiance infinie, continuons à croire en la vie, en commençant cette retraite de Pâques.
“Partout où je vis et où la vie jaillit de moi, je verrai le Ressuscité et j’expérimenterai Dieu..” Anselm GRÛN, « Chercher Dieu dans la vie de tous les jours », Narcea.