(À l’occasion du premier anniversaire de la canonisation du Frère Charles de Foucauld)
« Il (Frère Charles) avait compris que Dieu voulait qu’il se contente de défricher un chemin pour que d’autres puissent mieux planter. Mais il ne pensait qu’à annoncer l’Evangile au peuple du Sahara. Il n’avait aucune idée que Dieu travaillait à travers lui pour préparer un don pour toute l’Église. (Archevêque de Marseille, France, prêchant sur le frère Charles cheminant vers sa canonisation)
Chers frères,
Chaleureuses salutations fraternelles à vous tous !!!
Comment ça va chez vous en ce moment ? Quelles sont les expériences significatives de joie, de croissance, de transformation dans votre vie personnelle, dans vos amitiés avec les frères-prêtres de votre diocèse, dans votre ministère auprès des personnes de périphéries ? Quels sont les espaces de découragement, de stagnation et de lutte ? Comment vous débrouillez-vous ? A qui vous adressez-vous pour obtenir de l’aide ? Où l’Esprit vous conduit-il dans votre détermination à être un joyeux missionnaire du Christ ressuscité ? Comment progressez-vous dans la discipline de l’adoration quotidienne, de la révision de la vie, de la journée de désert, de la méditation de l’évangile, de la participation aux réunions mensuelles ? Comment ces pratiques spirituelles renforcent-elles votre engagement dans l’appel à être un frère universel, une douce présence, un compagnon contemplatif, un prédicateur prophétique, un disciple missionnaire de Jésus de Nazareth sur les traces du frère Charles ?
Je pose humblement avec vous ces questions. Les questions sont comme une boussole pour l’âme qui cherche le Vrai et le Bien au milieu des chemins complexes, divers et déroutants de notre monde. Honnêtement, je lutte avec vous sur ces questions. Justement, dans cette tension, la grâce de Dieu travaille inconditionnellement à adoucir nos cœurs. La clé est de tenir la question assez longtemps jusqu’à ce qu’elle nous dénude de tout ce qui n’est pas vrai et bon en nous. Les membres des AA ont ceci à nous dire – revenez toujours à la pratique. Nous ne sommes pas des « super » êtres humains qui vivent toujours de notre idéal. Non, nous sommes des pasteurs blessés, faibles qui, bien souvent vivent de nos fragilités et de nos insuffisances pourtant nous sommes si chèrement aimés et appelés à aimer comme le Maître.
Frères, j’ai l’occasion de vous écrire alors que nous célébrons le premier anniversaire de la canonisation du frère Charles. J’ai été témoin de la joie et de la jubilation l’année dernière sur la place Saint-Pierre à Rome. Ce fut un moment Kairos non seulement pour nous mais plus encore pour l’Église universelle. Lorsque son nom a été annoncé au début de l’Eucharistie, des acclamations joyeuses et des applaudissements bruyants d’affirmation et de gratitude envers Dieu ont été entendus du peuple. Maintenant, la même joie euphorique se vit dans les chronos des actes concrets, petits mais décisifs, de témoignage prophétique dans les périphéries, inspirés par le message contemporain du frère Charles. L’appel du synode sur la synodalité nous invite à participer à un voyage universel en tant que pèlerins (non touristes), tous frères et sœurs, marchant côte à côte, collaborant, discernant et écoutant les uns les autres là où l’Esprit conduit notre monde aujourd’hui.
Au cours de notre préparation l’année dernière, nous de l’équipe internationale avions demandé avec vous – comment la canonisation a-t-elle eu un impact sur vous ? Maintenant, un an après, nous demandons avec vous quelque chose de plus précis – maintenant que Frère Charles a été reconnu comme un don à l’Église, que devons-nous faire pour partager ce don avec d’autres qui sont perdus, tièdes, curieux, sympathisants mais désireux d’approfondir sa spiritualité. A l’instar du mandat des apôtres après la Résurrection de répandre la nouvelle qu’Il est vivant, nous avons été appelés à cesser d’être trop introvertis pour devenir plus ouverts, à marcher sur des territoires inconnus, à partir d’une simple rencontre personnelle dans la tombe de nos pertes, sur le chemin décevant de notre Emmaüs ou dans la rupture du pain avec les pauvres et les marginalisés. C’est l’Esprit du Christ ressuscité qui les a poussés à être des missionnaires courageux, infatigables et remplis de joie. Et nous ? Quelle est notre histoire ? Comment avons-nous été enthousiasmés par notre mission de transmettre le don ? Comment pourrions-nous initier des rencontres personnelles avec des frères prêtres de notre diocèse avec des frères au-delà de notre diocèse ou de notre pays ? Comment faire la mission avec les autres branches de la Famille Spirituelle dans un esprit de collaboration fraternelle et de coresponsabilité du don ?
A ux Philippines, nous nous sommes organisés avec les autres membres de la Famille Spirituelle et nous nous sommes engagés à être des compagnons de pèlerinage, reconnaissant nos dons uniques mais appelés à témoigner de l’unité, des amitiés sociales, du partage fraternel, de la coresponsabilité dans le voyage de toute une vie de disciples missionnaires et de fidélité au charisme du Frère Charles.
Et vous et votre fraternité locale, les fraternités nationales et continentales ? Où êtes-vous conduit par l’Esprit ? Qu’est-ce que tu as à faire ? Nous ne pouvions pas simplement nous asseoir et œuvrer derrière notre petit monde sans nous soucier de la réalité plus grande du Royaume de Dieu ici et maintenant.
Puisse la venue de l’Esprit comme des langues de feu enflammer nos cœurs alors que nous entamons la tâche de faire la mission comme notre propre Frère Charles. Bien que les choses ne lui aient pas toujours été claires, où aller et quoi faire, il ne s’est jamais arrêté dans l’ambivalence et la tiédeur. Au contraire, sa passion d’imiter l’amour de Dieu en Jésus de Nazareth l’a tellement consumé qu’il a lutté inlassablement contre toute condition humaine qui nous sépare de Dieu, des pauvres et les uns des autres. Saint Charles de Foucauld, priez pour nous !!
Avec beaucoup d’amour et de feu,
PDF: Lettre d’Eric, 15 Mai 2023 fr