L’auteur de cet écrit, André Marie POUYA, journaliste consultant voudrait à travers sa réflexion rassurer le peuple burkinabè que les événements vécus par notre pays ne sont nullement des sanctions de Dieu. Pour lui, les thèses selon lesquelles Dieu est un père fouettard ne sont pas soutenables.
De janvier 2015 à maintenant, les attaques terroristes ont donné la mort à au moins 800 personnes : femmes, enfants, civils, membres des Forces de défense et de sécurité. Ce climat d’insécurité et de peur a engendré, parallèlement, une population de déplacés de près de 800 000 personnes. Pendant que notre pays saignait déjà abondamment, voilà le Covid-19, maladie du coronavirus, qui nous envahit, début mars. De nombreux messages, émis et ventilés par des Burkinabè, montrent que le Covid-19, né en Chine communiste ou aux Etats-Unis d’Amérique, risque de prospérer dans notre pays, au péril de notre foi et de nos croyances.
Les amateurs de réseaux sociaux reçoivent, sur leurs téléphones portables, des interprétations diverses de cette maladie. Inutile de les ressasser toutes, ici. J’en retiendrai celles m’ayant le plus fait réfléchir, en tant que croyant.
Les explications, quant à l’origine de la pandémie, font passer Dieu pour un père fouettard :
« C’est la colère de Dieu ! »
« Une punition divine ! »
« Un appel au repentir ou à la conversion ! »
« L’annonce de la fin, imminente, du monde ! ».
Je ne crois point à ces thèses, pour plusieurs raisons. Si Dieu était un père qui nous punissait à la hauteur de nos péchés, le monde serait peuplé uniquement de bébés. A seulement quinze ans, qui, parmi nous, pourrait gravir la montagne de forfaits qu’il a commis ? Dieu connaît nos travers de croyants burkinabè. Le professeur Joseph Ki-Zerbo, notre historien de renommée mondiale, qui en savait long sur le sujet, avait, une année, égrené les pourcentages de fidèles attribués à nos trois religions révélées, islam, catholicisme et protestantisme, pour conclure que nous comptions et étions cent pour cent (100%) d’animistes !
Donc, nous sommes d’une religion que nous ne revendiquons pas. Autrement dit, pour beaucoup ou pour la plupart, nous ne faisons pas confiance totalement à la religion que nous professons. En cas de coup dur (menace sur une position sociale) ou de sollicitation ardente (promotion professionnelle ou désir de richesse), nous allons ou retournons à certaines pratiques, qu’elles soient ancestrales (les gris-gris) ou mystico-religieuses (recettes de marabouts). Dieu nous punit-il, pour cela ? Si oui, la mort subite aurait frappé plus d’un sur le lieu du crime !
Dieu est amour et pardon
En tant que croyants, nous savons que Dieu est très aimant, clément et toujours disponible à nos côtés, y compris à nos pires moments d’égarement. C’est ainsi que le voleur ordinaire ou le détourneur de deniers publics prie afin de ne pas être pris, que le couple adultère implore le Tout-Puissant pour ne pas être surpris. L’assassin se consume en formules religieuses, afin de ne pas être soupçonné. Ce qui signifie que, même dans la commission de nos fautes, nous avons besoin de l’aide de Dieu pour nous en sortir ! Combien de nos turpitudes Dieu couvre-t-il, quasi-quotidiennement ?
A nous, catholiques, en particulier, Dieu offre un recours, charitable et affectueux : la Sainte Vierge Marie. Sans notre Sainte Mère, nous, catholiques, ne sommes rien ! Marie n’est pas Dieu. Mais Dieu a accordé cette grâce spéciale à Marie : le privilège d’être une intermédiaire directe, une instance et une autorité d’intercession entre nous, pauvres pécheurs, et Lui, Dieu. Celles et ceux qui ont suivi le long pontificat du Pape Jean-Paul II, auront retenu son exhortation au Renouveau marial. Jean-Paul II se montra très attaché à la Vierge Marie, lui confiant toutes ses souffrances personnelles. Au nom de l’immense tendresse de Marie, le souverain pontife pardonna au militant turc d’extrême droite, Mehmet Ali Ağca, qui tenta de le tuer, sur la Place Saint-Pierre de Rome (Italie), le 13 mai 1981.
Domaines réservés de Dieu
Alors, pourquoi tant de souffrances au Burkina Faso ? Autant se poser la question de savoir pourquoi l’humain, bien que croyant, endure des épreuves sur terre. Une chose est certaine : Dieu a le pouvoir de nous épargner ces traitements sans nom. Nous pourrions bénéficier, peut-être, de cette délivrance, un jour. Qui a la foi croit au miracle, au nom de cette toute-puissance de Dieu. Chaque croyant a réalisé, un jour ou l’autre, la présence de Dieu à ses côtés. Ce qui ne veut pas dire que Dieu exauce toutes nos prières. La preuve, depuis 2015, combien sommes-nous à demander à Dieu, chaque jour, de nous délivrer du terrorisme ? Et pour quels résultats ? Pour autant, avons-nous cessé de l’implorer ? Non ! Dieu accorde sa grâce, à son heure.
Nous allons continuer à prier Dieu, de toutes nos forces, face à ces souffrances que nous n’avions jamais imaginées et que nous ne méritons guère. Dieu seul possède la force d’arrêter et cette barbarie terroriste et cette fulgurante pandémie. Nos prières sont à jumeler aux actes que nous pouvons poser, individuellement et collectivement, pour combattre ces fléaux : « Aide-toi et le Ciel t’aidera ! »
Et, toujours, lancinante, cette question : pourquoi tant de souffrances au Burkina Faso ? Chères sœurs et chers frères, il y a des questions et, par conséquent, des réponses que Dieu se réserve…
André Marie POUYA
PDF: Pourquoi tant de souffrances au Burkina Faso. André Marie POUYA