Nouvelles de la fraternité sacerdotale du Tchad, janvier 2015

Du 05 au 08 janvier 2015, nous avons eu notre rencontre nationale. Dix frères ont répondu à l’invitation. Les autres auraient bien voulu être là mais les imprévus et les exigences de leur travail ont fait qu’ils nous ont vraiment manqué. La rentrée des congés de noël des petits séminaires, la rentrés dans les centres de catéchistes, etc.… les ont pris. Nous étions unis à l’abbé Xavier qui devrait, au dernier moment, s’occuper de sa maman malade. Nous étions unis aussi à notre frère David Noubarassem qui a de sérieux problèmes de santé.

Planning et compte rendu bref de la rencontre:

05/01/2015: L’arrivée. Nous sommes attendus pour le repas à 19h.

06/01/2015: Journée de recollection

Le thème de la recollection: «L’homme en qui Dieu est amour est mon frère»

La recollection a été aminée par l’abbé Martin Antcha. La matinée s’est clôturée par une messe d’action de grâce.

Dans l’après-midi, en restant dans l’esprit de la recollection, nous avons, chacun à son, fait la relecture de la vie. Ceux qui faisaient la relecture pour la première fois dans le cadre de la fraternité Jesus Caritas ont été frappés par la simplicité et l’ouverture des uns et des autres.

La journée s’est terminée par une heure d’adoration.

07/01/2015: – Matinée : Réponses au questionnaire

Nous nous sommes mis en deux groupes pour partager autour du questionnaire envoyé par le bureau international. A travers la mise en commun, nous avons découvert que le travail et la prière sont deux lieux importants de notre incarnation comme prêtres diocésains. Cependant, ces deux aspects de notre vie doivent aussi déboucher sur le témoignage de notre vie auprès de nos frères et sœurs.

– Après-midi : Echos de Kribi

De ceux qui étaient à Kribi, il manquait les abbés David Noubarassem (malade) et Xavier Ornangar (pris par la maladie de sa maman). Chacun de manière spontanée a partagé un aspect de ces quatre semaines vécues dans la fraternité, la prière – sans oublier les détentes à la mer.

Nous nous attardés sur ce que nous avons retenu comme perspectives d’avenir:

  • travailler à l’expansion des fraternités sacerdotales et séculières sur le continent et à Madagascar.
  • développer la communication entre nos fraternités et avec le bureau international.
  • participer financièrement à la caisse internationale selon un taux qui sera fixé par le bureau international.
  • En juillet 2015, nous pensons envoyer un représentant du Tchad à la rencontre islamo-chrétiens, en la personne de l’Abbé Esaü. Il se mettra en contact avec l’abbé Jean François Berjonneau, assistant général et responsable de la rencontre, pour les modalités de participation.
  • célébrer le quarantième anniversaire de la mort de Baba Simon, sous la forme d’un pèlerinage à Tokomberé en août 2015. Si la situation politique le permet, nous pensons, en accord avec nos frères du Cameroun, organiser une retraite à Maroua. Si l’équipe internationale peut déjà penser à nous trouver un prédicateur. Nous allons prendre contact avec l’Abbé Grégoire Cador pour les questions pratiques.
  • célébrer le 1er décembre 2016, le centenaire de la mort de Frère Charles à Tamanrasset ou dans chacune de nos fraternités.
  • envoyer des représentants à l’Assemblée Internationale de 2018.
  • organiser un nouveau mois de Nazareth en juillet 2019 au Burkina Faso.

La journée s’est terminée par une heure d’adoration.

08/01/2015: – Matinée : Choses pratiques  (la vie des fraternités locales, les finances, et les perspectives, et.)

Au Tchad, la mise en place des fraternités locales nous tient vraiment à cœur. Organiser souvent des rencontres nationales devient de plus en plus difficile à cause des distances et de nos limites sur le plan financier. Cependant nous pensons garder le rythme de deux rencontres nationales par an.

Pour ce faire, nous avons désignés trois responsables des fraternités locales : l’abbé Jacques Tamaya responsable de la fraternité locale de Sarh ; l’abbé Martin Antcha, responsable de la fraternité locale du centre (Moundou, Doba, Goré) ; l’abbé Nathanaël Ngardiguim, responsable de la fraternité locale de Laï, Pala et N’Djamena.

En ce qui concerne les finances, les responsables locaux sont chargés de rappeler et aussi ramasser les cotisations mensuelles (1000 f/ mois) et les transmettre au trésorier nationale, l’abbé Xavier Ornangar.

La rencontre nationale s’est terminée dans un climat très fraternel.

La prochaine rencontre nationale aura lieu du 25 au 28 mai à Doba. Nous avons en même temps programmé celle de l’année prochaine du 04-07 janvier 2016 à Kélo.

Le secrétaire national

tchad-janvier-2015

ÉQUIPE INTERNATIONALE, SEPTEMBRE 2014

Chers frères,
Manahona! Comment ça va! Salema! Bonjoir!

madagascar1Nous voulons partager notre joie de former une fraternité tout en étant des personnes très différentes accueillies par Félix à Madagascar et nous désirons présenter notre expérience de travail à Antananarivo et Mahajanga. En commençant par ce que nous avons vécu avec les petites sœurs de l’Évangile dans un quartier périphérique de la capitale, puis dans la rencontre avec la fraternité sacerdotale malgache à Amborovy, et en partageant avec eux la clôture de la rencontre nationale des familles Charles de FOUCAULD.

madagascar2L’adoration, la célébration et l’ouverture du cœur a permis aux autres de lire en nous, comme nous en eux. Et finalement tout cela a rendu possible que nous nous sentions comme une fraternité au Carmel de Amborovy, où les sœurs carmélitaines nous ont accueillis comme en famille. Grâce à Félix nous avons pu vivre ces jours comme à « Nazareth », très proches des gens qui chaque jour nous ont fait cadeau de leur salutation et de leur sourire.

madagascar3Le message du pape François a été présent dans notre rencontre et nous a aidé à mettre en valeur la Parole de Dieu comme animatrice de notre fraternité, prenant en compte pour 2015 le 50ème anniversaire de la constitution Dei Verbum.

Nous avons fait une révision de la vie des fraternités sur les 5 continents (la fraternité madagascar4sacerdotale existe dan 43 pays) où le charisme et le message de fraternité universelle du Frère Charles est accueilli comme un évangile que nous pouvons respirer. Nous soulignons la requête des fraternités d’Asie pour une coordination et une communication chaque fois meilleure :

– le Mois de Nazareth en France, au Brésil, au Chili, au Cameroun et en Irlande, durant cette année, est une bonne nouvelle constante que l’on ne peut pas mettre dans un classeur.

madagascar6L’appel au dialogue avec l’islam en Europe, Afrique et Asie : un seul Père qui veut l’entente entre tous ses enfants et qui ne veut pas être cause de séparation ni de conflits ; nous espérons que la prochaine rencontre de juillet 2015 à Viviers (France) coordonnée par Jean-François pour les prêtres en relation avec les musulmans, sera de grande aide pour unir et non disperser ou séparer.

madagascar5Nous remarquons les problèmes de communication qui se posent, que ce soit à cause de grandes distances entre certains pays, ou à cause de la surcharge de travail des frères. madagascar7Nous voulons que notre site à l’Internet, « iesuscaritas.org » soit le point de rencontre de tous pour communiquer pratiquement et rapidement et nous désirons que tout document à propos du Frère Charles soit partagé entre nous ; nous nous réjouissons pour tout le vécu des assemblées à Colorado Springs aux États Unis, Kribi au Cameroun et Vérone en Italie. Nous accueillons les bonnes impressions et la joie des frères dans ces rencontres.

La reconnaissance de notre fraternité sacerdotale selon le droit pontifical se rapproche et nous espérons de bons résultats de notre rencontre avec la Congrégation du Clergé grâce à des prêtres proches de la fraternité.

madagascar8Pour le centenaire de la Pâque du frère Charles, nous ne proposons pas un critère général de célébration car nous savons qu’en chaque continent, pays, diocèse, paroisse ou fraternité locale on est en train d’organiser l’événement comme en famille. Tout doit être une fête dans le style de Nazareth, en partageant avec les plus humbles, loin d’expressions de triomphe ou de grandeur.

Nous avons fait un bilan de nos finances : l’équilibre de la caisse internationale reste fragile. Nous rappelons aux différents pays que la fraternité c’est aussi partager nos biens pour aider spécialement au développement du Mois de Nazareth et des assemblées en Asie, Afrique et Amérique. De même pour que que la présence de l’équipe internationale soit assurée par la participation d’un de ses membres, ou encore pour réaliser notre rencontre annuelle, nous avons besoin de votre soutien. Merci de votre générosité, nous apprécions beaucoup cet effort de partage.

Il y a trois appels important que nous percevons dans nos vies à travers le spécifique de notre fraternité sacerdotale: le jour de désert comme temps d’écoute, dépouillés de tout, comme une de nos priorités mensuelles.

madagascar9Ensuite la révision de vie comme moment contemplatif de la vie des frères, de leurs sentiments, projets, problèmes, de sa vie spirituelle, comme eux aussi nous regardent et nous aident;

et aussi l’engagement de chaque fraternité pour progresser dans l’appui mutuel comme une famille est capable de s’entraider dans le quotidien. Nous ne pouvons pas nous comporter comme un groupe qui vivrait une spiritualité désincarnée. Nous sommes toujours appelés à partager un projet, un travail d’équipe, un engagement actif face aux problèmes humains et sociaux.

Nous croyons que cela fait partie du rêve de Frère Charles en lien avec Jésus crucifié et ressuscité, présent en chaque homme ou femme. Nous croyons qu’en chacune de nos vies, Jésus nous contemple et nous aime comme nous le contemplons et l’aimons dans l’adoration quotidienne de l’Eucharistie.

Nous fixons notre prochaine réunion en Espagne dans la maison d’Aurelio, du 20 au 29 octobre 2015. Nous commençons déjà à préparer notre cœur et notre sac à dos.

madagascar10Une grande accolade de toute l’équipe qui compte sur votre appui dans la prière.

Jean François,Emmanuel ,Félix, Marc, Mauricio et Aurelio

Amborovy, Madagascar, le 11 septembre 2014, le jour de notre retour.

PDF: LETTRE D’AMBOROVY, équipe internationale, 2014, français

Mariano Puga: « ce pape a bousculé tout le monde »

 

LA SEGUNDA, SANTIADO DE CHILE, 6 Juin 2014

On ne peut pas penser l’Évangile sans la vision de comment organiser la communauté. Controversé comme toujours, le prêtre parle de l’Église d’aujourd’hui et des transformations auxquels doit faire face le Chili.

por: La Segunda / María José O’Shea C.

Mariano PUGA

Foto ALEJANDRO BALART

PLUS D’INFORMATIONS

C’était en 62 quand Mariano Puga, alors âgé de 32 ans, entra soudainement au confessionnal et demanda au prêtre de lui dire la vérité. Il ne croyait pas que la forte toux qu’il avait, était la tuberculose, comme on le lui avait dit. « Non si ce que tu as est un cancer, alors il ne te reste que 3 mois à vivre », lui a répondu son superviseur.

Les parents de Mariano Puga Concha l’ont emmené aux États-Unis. Là-bas, ils ont appris qu’il n’était pas atteint d’un cancer et qu’il n’était pas près de mourir. Aujourd’hui Mariano a 83 ans et marche par une nuit froide de Santiago en sandales. Sans chaussettes. Il dit que les deux fois ou il en a portées, il a eu beaucoup plus froid.

Il est ainsi. Simple. Conscient à chaque seconde qu’il vient d’un monde de privilégiés et répète mille fois qu’il a le privilège d’être sorti de ce monde avec tout l’appui des privilégiés. Que sa mère a perdu des amies par sa faute, que ses frères, neveux et 104 arrières petits neveux l’aiment et admirent sa vocation d’être parti travailler au service des pauvres.

Le prêtre Puga parle peu. Parce qu’il n’aime pas le mythe qui s’est formé autour de lui. Mais cette fois, quelque chose d’impensable, une pièce de théâtre a fait qu’il souhaite raconter ce qu’il a vu sur la scène. « Je veux montrer mon Église, non seulement qu’on puisse la voir mais aussi qu’on en parle, notamment de ses problèmes et des erreurs de sa hiérarchie. Cette œuvre montre une série de coupures à la réalité politique, économique, à la classe aristocratique d’aujourd’hui, il faut être obtus pour ne pas le voir. De plus, cela m’a fait penser au fonctionnement de l’église d’aujourd’hui, au fait qu’il existe une répression des groupes progressistes et comment aujourd’hui certains doivent encore lutter pour que ces derniers soient considérés.

La pièce en question est « Expulsion des Jésuites », de la compagnie Tryo Teatro, troupe qui se produit dans le théâtre de l’UC. Elle raconte l’histoire de l’expulsion de la Compagnie de Jésus du Chili par la couronne espagnole. L’œuvre se concentre sur ce qu’il s’est passé en Araucanía, mais Puga y a vu aussi ce qu’il est arrivé dans à d’autres endroits, comme Chiloé, où il a passé une dizaine d’années en mission, après avoir été prêtre ouvrier pendant 30 ans, dans la Legua, Villa Francia et dans tous les lieux mouvementé du Chili actuel.

Cette œuvre est très intéressante pour l’Eglise d’aujourd’hui, avec les faits qui sont arrivés dernièrement. Chiloé est une église missionnée par les jésuites, ils se sont chargés de porter le message de Jésus, depuis la fin du XVIe siècle jusqu’à son expulsion en 1767. Ce qui est incroyable c’est de penser qu’en 1621 ils s’étaient déjà installés dans ces lieux si lointains et qu’ils avaient commencé leur tâche d’évangélisation et de culture, avec les onas et huilliches. Le plus merveilleux c’est que la communauté elle-même proposait des noms entre les catéchistes pour être procureurs, et le missionnaire choisissait.

– Quelle démocratie

– Où peut-on voir aujourd’hui que c’est la communauté qui choisit celui qui sera curé?

Ils étaient fantastiques. Les jésuites créaient là-bas des communautés avec les indigènes et ils demandaient au pouvoir espagnol de dialoguer ensemble. La Compagnie avait une vision de l’église et de sa mission, ils voyaient la mauvaise image qu’elle véhiculait sur eux comme étant les conquistadors, les ambitieux, les puissants.

– Cela montre aussi la vocation politique des jésuites.

– On ne peut pas penser l’Évangile sans vision de comment organiser la communauté. La même idée qu’il reste encore est de favoriser la justice, ce que faisait Jésus : il était non seulement le miraculeux, il était un annonceur d’un règne dans lequel riches et pauvres seraient des frères.

– Que reste-il de cette vision dans l’église d’aujourd’hui?

-… Demandez par-là, donc. Et voyez ce qu’il en reste. Plusieurs fois nous avons confondu la hiérarchie de l’Église avec le missionnaire de l’église, celui qui collaborait avec Jésus pour construire cette terre ou il y avait une main ouverte pour le faible afin que le riche puisse partager. C’est celui-ci le projet du règne et il a de très claires projections politiques, économiques et sociales. Le problème apparaît quand l’élément religieux – qui est la partie humaine, organisationnelle, culturelle, morale – suffoque au message évangélique de Jésus. Mais cela vient de son origine. Ce qui a tué Jésus c’est le pouvoir politique.

– Mais aujourd’hui une partie de l’Église a cédé au pouvoir de l’autorité…

– Mais oui cela vient de Constantin, en l’année 313. C’est à ce moment-là que l’église a attrapé le goût pour le pouvoir, les privilèges. Cela a été, et va l’être jusqu’à ce que le Christ revienne.

– j’imagine qu’il est heureux avec le Pape Francisco.

– le Pape a cassé tous les schémas. Un Pape qui pour son anniversaire a invité trois mendiants à prendre un petit déjeuner avec lui dans la pension où il vit – parce qu’il n’a pas voulu partir manger dans un palais ni se mettre des chaussures spéciales – il est pour moi un saint.

– Il a montré une ouverture aux personnes gays par exemple, et certaines personnes s’en fâchent …

– il a bousculé tout le monde. L’Église dit affirmer la vérité, comme un juge. Et ce que le Pape répond  « qui suis-je pour juger ». De même pour le célibat.

– Et seriez-vous d’accord si un prêtre avait une famille?

– totalement d’accord. Mais qu’on me donne aussi la liberté à moi de ne pas en avoir et de me dédier à 100 % aux pauvres.

– Beau comme vous êtes, le célibat a dû vous coûter.

– Réellement beaucoup. Et quand on m’a envoyé étudier la liturgie à Paris, et que personne ne me connaissait, encore plus. Ce Pape met l’accent sur le vrai message de Jésus, et c’est cela qui est important. Ce qui se passe c’est que l’Église a toujours été comme ça, depuis son origine. Regarde par exemple l’autre jour un ami qui est communiste, me demande : “ tu vas continuer dans cette église de “mauviette” qui a abusé de petits garçons ? ». Je lui ai répondu : « mais si l’église fait partie des traîtres depuis son origine : je n’ai pas trouvé lâche Pierre quand il renié Jésus, ou à Judas quand il l’a vendu pour 20 sous ? ». « Ah, la tu m’as eu », il m’a dit. Nous devons nous rendre compte que c’est Jésus-Christ qui a créé l’église, et que nous sommes, toi, moi, un saint comme le Pape et un traitre comme Karadima que nous sommes au fond de nous.

– Je reviens à la pièce de théâtre. Il est impossible de ne pas associer le cas de l’ex-jésuite Luis García-Huidobro que l’on vient d’arrêter avec une arme en Araucanía.

– je ne connais pas l’histoire de cet homme, mais je confesse que j’ai un sentiment de sympathie. Un jésuite qui a été en Tirúa, qui partage la vie du peuple Mapuche, qui l’apprécient et il lutte avec eux pour la récupération de leur identité, de leur culture, c’est dans ce combat qu’il est. Qu’est-ce que tu veux que je te dise, je suis avec lui.

– Il reste combatif, Mariano Puga.

– avec tous les risques qu’il peut y avoir, que je fasse une mauvaise analyse à cause de mon préjugé évangélique. Si Jésus dit qu’il vient consoler les pauvres. Cela ne signifie pas qu’il était contre les riches mais qu’il privilégie les pauvres qui sont les victimes de l’histoire.

– même s’il était armé.

– cela ne m’importe pas,

– Vous aussi vous étiez armé?

– non, jamais. Et je me battais contre ceux qui étaient armés. L’église reconnaît qu’il est légitime d’utiliser des armes lorsqu’il n’y a pas d’autre solution.

L’avortement dans certains cas : « Il faut laisser la mère décider »

puga2– Les réformes sur l’éducation et  fiscale: comment les voyez-vous?
– j’applaudis, mais je crois que ce sont les premiers pas seulement.

Nous avons vécu depuis la colonie dans un Chili de classes. Et l’Église, au lieu d’être celle qui détruirait le concept de classes, elle l’a renforcé : des collèges réservé aux pauvres, pour indigènes, et d’autres pour la classe élevé. Cela a été une tension historique de toute la vie, parce que Jésus est venu pour nous dire que nous devions être tous frères.

– L’autre projet qui s’est posé est celui de l’avortement.

– C’est un problème qui revient au final à la science médicale qui doit définir quand il y a une personne ou non. Aujourd’hui que ce soit chez les personnes croyantes ou non il y a des positions divergentes. Il y a trois cas de figure qui peuvent arriver, celui par exemple ou la vie de la mère est en jeu, l’Église est déjà claire sur ce point-là. Lorsque c’est un cas de viol, il est normal de le donner en adoption, mais je crois que quand une fille est incapable de supporter psychologiquement cette situation, il vaudrait mieux appliquer la même solution que lorsque le risque de santé pour la mère est en jeu. Pourquoi la santé biologique et non la santé mentale?

Et dans le cas non viabilité du fœtus, avec le progrès de la science d’aujourd’hui, qui est possible de savoir si cette personne va vivre ou non, il faut en parler. Et, dans l’ultime cas: qui va décider ? La maman évidement. Il faut la laisser prendre la décision dans des cas comme celui-ci.

Je connais beaucoup de cas de mère qui vont voulu aller jusqu’au terme de leur grossesse, et c’est très respectable. Pourquoi vais-je punir les autres?

Maintenant ce qui me semble hypocrite et c’est sur ce point la que nous n’avons pas encore avancé, ce sont les 40 mille cas qui vont dans des cliniques clandestines ou avec des accoucheuses. Cela m’interpelle souvent de voir comment ces situations les ont marquées pour la vie.

– Avortement pour tous, donc?

– Non, ce que je dis c’est que j’espère que pour ces femmes, l’État leur donne la possibilité d’être accompagnées, conseillées, et qu’on leur donne l’opportunité de ne pas aller en premier à la clinique clandestine pour se faire avorter. Ce serait un beau changement à voir au Chili. Et, l’autre point qui me gêne, c’est que les secteurs qui s’opposent le plus à l’avortement sous toutes ses formes sont ceux qui se préoccupent le moins de quand naîtra le bébé et de son avenir si il est pauvre. En revanche ceux qui sont en faveur de l’avortement sont ceux qui se préoccupent le plus des droits de ce futur ouvrier ou ouvrière.

Il ne me semble pas normal d’être si préoccupé pour la vie de cette petite personne, et après être si désintéressé de son accueil dans la vie. Pourquoi être tant préoccupé pour qu’il naisse, et de ne pas s’intéresser a comment va grandir cette sœur ou ce frère, comme dit Jésus, avec les mêmes droits que moi.