Grégoire CADOR, Aux amis du diocèse, 23 Juillet 2015

P. Grégoire CADOR

Tokombéré, le 23 juillet 2015

Aux amis
du diocèse de Maroua-Mokolo
et de Tokombéré

Chers amis,

Trois mois se sont encore passés depuis mon dernier courrier du 23 Avril…

Beaucoup de choses…

Je ne peux pas ne pas commencer par la nouvelle qui vous a déjà rejoints (les nombreux mails que j’ai reçus depuis en sont la preuve) du double attentat kamikaze qui a eu lieu hier après-midi au marché central de Maroua…

2 jeunes filles pour ne pas dire des fillettes ont explosé aux deux extrémités du marché central de Maroua provoquant plus d’une dizaine de morts sur le coup et des dizaines de blessés. Le bilan sera certainement très lourd.

Le marché central est le véritable cœur de Maroua. On vient de toute la province pour s’y ravitailler et il est toujours rempli de monde… C’est là que nous faisons nos courses hebdomadaires ! Ces attentats font suite à ceux de Fotokol, 250 kms plus au Nord, qui ouvraient le bal des attentats kamikazes au Cameroun le 13 Juillet dernier.

Nous savions que tôt ou tard le Cameroun allait s’ajouter à la longue liste des pays victimes de ce type d’attentats. Ils sont la marque de la violence aveugle et inouïe dont font preuve ces fous soi-disant religieux qui veulent enflammer le monde actuellement. Boko Haram depuis quelques temps revendique son appartenance à DAESH et se fait appeler désormais « Etat Islamique en Afrique de l’Ouest » ce qui n’est pas pour rassurer et montre que les ramifications de cette lèpre fanatique continuent de s’étendre un peu partout.

J’ai eu de nombreux contacts avec des amis musulmans suite à l’attentat, tous sont révulsés devant l’horreur et veulent resserrer les liens entre les communautés pour faire front ensemble.

La lueur d’espoir dont je parlais dans mon dernier courrier due à l’élection du nouveau président nigérian tarde à se transformer en torche de la victoire… Pendant ce temps les terroristes prouvent qu’ils ont encore beaucoup de ressources et de détermination.

Nous aussi nous devons entretenir notre détermination. Pour cela, je vous redis avec beaucoup d’insistance que nous avons besoin de l’engagement sans faille de vous tous dans tout ce qui peut aider le monde à rester serein : Prière, réflexion, rencontre, conversion du regard, des cœurs et des mentalités… et tout ce que vous saurez imaginer pour favoriser la fraternité universelle. C’est urgent et plus important que n’importe quelle mobilisation militaire aussi justifiée puisse-t-elle être !

A la fin de l’année pastorale en mai dernier nous avons eu une belle rencontre des équipes apostoliques des 12 paroisses et districts de la zone. J’ai été frappé, ému même, de voir comment  les communautés qui sont proches de la frontière et qui ont vécu des choses très difficiles, ont toute commencé leur compte-rendu, sans concertation, en remerciant les autres communautés de les avoir soutenus dans la prière qu’elles avaient ressentie ‘’physiquement’’… Cela rejoint tout à fait mon expérience personnelle à Tokombéré. C’est pourquoi je me permets d’insister : la communion des saints est une réalité qui nous dépasse mais qui nous tire au-dessus de nous-mêmes et nous permet d’annoncer l’espérance au cœur de la nuit…

Nous avons pu, à la fin du mois de mai, célébrer une messe pour les victimes de Boko Haram, présidée par l’évêque lui-même à Ldubam-Torou, sur la frontière avec le Nigéria là où vivait Luc Berke, l’administrateur de district dont je vous parlais dans mon courrier d’octobre 2014. Grande émotion quand nous avons lu devant une église pleine à craquer la longue liste des victimes de tous âges. Tout le monde ou presque les connaissait et avait des souvenirs en commun. Monseigneur a rendu grâce pour le témoignage de nos communautés qui sont restées au cœur de la tourmente pour dire qu’il est possible de vivre en frères…

Nous avons d’ailleurs choisi comme thème pour la nouvelle année pastorale au niveau diocésain : « Vous serez mes témoins jusqu’aux extrémités de la terre » (Actes 1,8).

Les extrémités de la terre c’est là où je suis, au moment où j’y suis… Ce thème mobilise donc tous ceux qui se reconnaissent disciples du Christ. Il n’est pas réservé aux missionnaires qui partent au loin… Là aussi, nous sommes ensemble !

Quelques nouvelles de la paroisse de Tokombéré et du Projet de promotion humaine :

Les jeunes agriculteurs de Kotraba (j’hésite à les appeler encore jeunes, depuis le temps !) ont vécu leur assemblée générale annuelle et nous ont fait part de leur souci devant la recrudescence de vols dans leur quartier. Après réflexion, ils ont décidé de demander et ont obtenu du sous-préfet, le droit de se constituer en comité de vigilance officiel ce qui leur donne autorité pour interpeller les malfaiteurs et les déférer chez le chef de village. Il semble que cela porte du fruit et en tout cas leur redonne courage…L’année dernière n’a pas été une bonne année au niveau des récoltes pour eux mais celle qui commence s’annonce apparemment très bien… Croisons les doigts !

La visite de notre évêque au collège Baba Simon a été l’occasion de faire le point avec lui et de lui faire découvrir les nombreux soucis que nous avons pour maintenir une structure éducative de qualité au service des pauvres… Avec lui nous réfléchissons des moyens à mettre en œuvre pour continuer ce qui est la mission première de l’Eglise : Annoncer l’Evangile aux pauvres en prenant avec eux le chemin du développement.

Grand changement annoncé au niveau de l’école primaire. Monsieur Albert Avindangway, directeur de l’école St Joseph et conseiller pédagogique de la zone Mayo-Sava nous quitte à la rentrée pour continuer à servir plus près de chez lui. Nous rendons grâce pour l’énorme travail qu’il a abattu en collaboration avec nous. C’est avec lui qu’Emilie Martin dans un premier temps et Danièle Morice surtout ont beaucoup travaillé pour la mise en place de la nouvelle programmation dans nos écoles. Nous lui souhaitons bonne continuation ainsi qu’à Pauline sa femme et à ses dix enfants… et nous accueillons avec joie notre nouveau directeur, M. Mota Sébastien, qui semble bien décidé à continuer le travail entrepris par son prédécesseur.

En mai, nous avons vécu une belle journée de récollection avec les 50 catéchistes de la paroisse accompagnés de leur épouse. En ce moment nous réfléchissons avec eux comment mieux structurer leur travail et leur engagement au service des communautés. C’est pourquoi l’envoi en mission, qui a traditionnellement lieu le jour de la Pentecôte, a été reporté au début de septembre.

Le 23 mai, les jeunes, sous la houlette du P. Justin, ont lancé la troisième édition des Portes de l’Avenir. Actuellement ils mettent sur pied des activités en tout genre dans les divers secteurs de la paroisse. Nous conclurons le tout par le rassemblement paroissial des jeunes du 12 au 15 août au cours duquel nous célébrerons les quarante ans de la mort de Baba Simon le 13 août 2013.

Cet anniversaire sera aussi l’occasion d’un pèlerinage de prêtres appartenant à la famille Jesus Caritas (famille spirituelle de Charles de Foucauld) que Baba Simon a fondée au Cameroun et en Afrique. Le P. Justin et moi-même sommes membres de cette fraternité. Nous attendons une petite vingtaine de prêtres tchadiens et une dizaine de prêtres camerounais qui veulent enraciner leur engagement dans l’exemple de Baba Simon.

J’ai eu la joie de revoir bon nombre d’entre vous lors de mon récent congé en France même si j’ai regretté de ne pas avoir eu l’occasion de rencontrer tout le monde et notamment la communauté chrétienne de La Flèche. Cela ne m’empêche pas de vous garder tous dans ma prière en espérant qu’il en est de même…

Nous sommes ensemble.

Grégoire

Au cours de mes lectures récentes, je suis tombé sur le « petit traité de la joie » de Martin Steffens (Editions salvator 2011). Je vous en propose un extrait qui invite à l’engagement au cœur de la réalité telle qu’elle est qui est tout autre que la résignation. Pour tous ceux qui ont un combat à mener contre l’adversité, la maladie ou toute autre forme de souffrance, il est tonifiant :

 « Il faut non seulement distinguer mais opposer consentement et résignation. Le oui de l’un diffère du tout au tout du oui de l’autre. La résignation est de ces oui qu’on dit du bout des lèvres. Son intensité est lâche comme le sont ses filets : le résigné dit oui à tout, même au mal par lequel il se laisse abattre. Le consen­tement, au contraire, en clamant haut et fort son adhésion, offre sa voix à ce qu’il y a de puissant dans la vie. Tout oui véritable dit non à la mort. Or la résignation, en baissant les bras, en les privant soudain du tonus qui tient le mal éloigné, les ouvre à tout-va. Elle est un oui qui ne sait pas dire non à ce qui, pourtant, doit mourir. Elle n’a que l’apparence du oui puisqu’elle n’est jamais qu’un renoncement. Son adhésion est une adhérence : la résignation nous plombe un peu plus, comme la mouche collée au fond d’un verre s’arrête enfin de remuer les ailes. Le consentement, de son côté, ouvre énergiquement les bras. Mais par-là, il circonscrit le champ de son adhésion : il embrasse pour étreindre et, dans son étreinte, se ferme à la mort. Quand on dit : « Oui, je veux vivre, malgré tout », quand on affirme : « Si telle est mon épreuve, alors je la vivrai », on ajoute sa puissance à la puissance de vie qui nous anime. Si le consentement a en effet quelque chose du laisser-être (on touche avec les yeux), il n’a rien du laisser-aller : l’homme qui consent reconnaît la limite de son pouvoir sur les choses. Mais cette défaite est sa plus grande victoire : il ne s’agit plus de défaire ce qui fut fait mais de se défaire de son illusoire toute-puissance afin de donner à cette vie-ci, celle que nous avons à vivre, le meilleur de nous-mêmes.

En ne se refusant pas à l’épreuve, en prenant acte de ce qu’il y a à vivre, l’homme qui consent redistribue les armes et affronte le mal.

Consentir, c’est voir ce qui est, pour ne plus pleurnicher sur ce qui aurait dû être. C’est s’offrir au présent, prendre acte des forces en présence et y livrer la sienne – là où la rési­gnation n’est possible que d’avoir usé le présent à coup de « si seulement… ».

Un peu plus loin, Steffens cite Alain Cugno :

« L’acquiescement authentique à la souffrance ne vise pas la souffrance elle-même, mais le refus de l’esquiver, afin de pouvoir la surmonter de l’intérieur. »

Sursum Corda ! Haut les cœurs ! Il y a du pain sur la planche…

Petites Soeurs de Jésus en Ceuta

Ceuta, 7 mai 2015

Bien chères petites sœurs et amis,

Depuis plus d’un an de discernement et préparation, réflexion et prière, le moment est arrivé de nous mettre en route pour venir à Ceuta. Le 9 avril, nous avons débarqué sur cette terre pour commencer une nouvelle fraternité et vivre dans ce lieu de frontière, qui est une porte de l’Afrique pour l’Europe. Une ville de 80.000 habitantes, interculturelle et interreligieuse, où il y a la moitié de musulmans, une communauté chrétienne, une communauté juive et une autre hindou sindhîs. Il y a 40 mosquées, 7 églises, une synagogue et un temple hindou. Au niveau géographique, cette ville se trouve dans le nord du Maroc, et il y a 14 kilomètres par la mer jusqu’à l’Espagne : Algeciras. Ce passage on l’appelle « El Estrecho de Gibraltar ». Nous sommes entourés par la mer Méditerranée et l’Océan Atlantique. C’est une très belle ville et en même temps c’est une ville d’une grande complexité et de mille contrastes en très peu d’espace, 30 kms carrés ! Nous sommes en train de découvrir différentes réalités que nous parlent et touchent beaucoup : 8 kilomètres de grillage que tellement de gens essaient de sauter… la mer qui nous entoure partout où les migrants risquent leur vie pour pouvoir arriver… tout l’échange commercial de la frontière… les femmes mulets… la clandestinité : pas seulement des africains mais aussi des marocains et des algériens qui deviennent tous des personnes « sans papiers »… les conditions de travail sont durs avec des salaires très bas, surtout pour les femmes qui viennent tous les jours du Maroc… les enfants qui arrivent tout seuls et sont placés dans des structures du gouvernement… et le CETI « Centre de séjour temporaire pour les migrants » pour un premier accueil, géré par le gouvernement, avec une capacité de 500 personnes et beaucoup de fois ils sont deux fois plus… etc !

Depuis notre arrivée nous « campons » dans une pièce d’un appartement en attendant que les travaux de l’appartement où nous seront logées soient finis. Nous habitons dans un quartier très populaire : HADU. Les rencontres sont faciles, nous avons déjà fait connaissance avec nos voisins, avec les gens de notre quartier, les personnes qui vont à la paroisse, les migrants… nous sommes très bien accueillies par tous et la vie nous amène continuellement à rendre grâce pour le don de la Fraternité.

Nous avons fait un « pèlerinage » vécu avec beaucoup de respect et silence, illuminé et accompagné par la prière et la Parole de Dieu: « Je suis le Chemin, la Vérité et la Vie » nous dit Jésus et ces jours-ci, Lui nous répète sans arrêt : « … demeurez en moi, aimez-vous… »… pèlerinage pas seulement intérieur mais aussi vers des lieux où la vie et la mort se retrouvent :

  • Benzu, où nous avons prié et découvert la brutalité des grillages infranchissables !
  • el Tarajal, l’unique endroit pour passer la frontière, où nos yeux ne peuvent pas croire ce qu’on y voit !
  • au CETI, où nous avons trouvé une grande humanité de la part de toutes les personnes qui travaillent là-bas. Ils nous ont ouvert les portes pour que nous puissions y aller et accompagner surtout les femmes qui ne sortent pas…
  • le Maroc, que nous apercevons de loin et qu`avec facilité nous pouvons rejoindre. Avec un passeport européen, c’est facile…et à côté, des centaines et centaines des jeunes qui sont cachés dans la forêt en attendant le jour béni de passer chez nous….Combien de visages nous avons déjà rencontrés qui resteront pour toujours gravés dans notre cœur ! Rabat, Castillejos et aussi Tanger où nous avons pu rejoindre l’évêque Santiago qui est un vrai frère !
  • S’arrêter sur la plage pour prier, pour  cueillir les fruits de la journée et contempler la beauté de cette nature nous fait aussi rejoindre la tragédie qui, dans la Méditerranée, se vit et où continuellement meurent des personnes sans nom et que nous, maintenant, nous commençons à pouvoir connaître…presque tous ceux que nous avons connus, ont vécu au cours de leur traversée cette expérience de la mort d’un ami, d’un membre de la famille…c’est trop difficile d’écrire ce que nous avons écouté !

Nous avons fait, en ces jours, l’expérience que la mort n’a pas le dernier mot, la force de vie et de leur foi sont tellement grandes que notre espérance grandit, nous rentrons dans le Mystère Pascal avec chacun d’eux, et cela est une grâce qui nous change au plus profond de nous-mêmes !

Un mot, un regard, une petite salutation…nous a fait faire connaissance avec quelqu’un à la porte d’un magasin ou dans la rue, en nous amenant à pouvoir écouter des histoires inimaginables de tout le chemin qu’ils ont fait pour arriver jusqu’à ici… Combien de souffrances !!!! Doucement nous avons créé des liens… commencé à nous faire des amis… Leur foi nous encourage et c’est leur soutien, quelle beauté ! Ils nous ont demandé d’aller prier avec eux…Ils nous expriment que ce dont ils ont besoin, c’est de pouvoir parler et confier ce qu’ils ont vécu, tout ce qu’ils portent dans leur cœur car ils ont « vu et vécu beaucoup »…Quelques-uns nous ont dit que c’est la première fois qu’ ils sont accueillis, salués… invités à manger…et pour nous, les voir chez nous est une grande joie et surtout les reconnaître !

Notre vie est colorée par des petits gestes très concrets, simples : accueillir les larmes, écouter un mot, risquer la relation, une parole d’affection, des regards qui se croisent et parlent de la détresse qu’ils portent dans leur cœur…des gestes que nous percevons comme des gestes évangéliques porteurs de vie, de force, de lumière, de paix ! En plus, vivre cela ensemble, en communauté est source d’un grand bonheur !

Nous faisons tous les jours l’expérience d’être soutenues par votre prière et affection. Nous vivons un moment où nous pouvons toucher que nous avons besoin des autres, un petit exemple : une femme, Jadija, qui nous accompagne les 3 kilomètres de la frontière jusqu’à Castillejos à pied, simplement pour pas nous laisser seules sur le chemin !!!!

Un cadeau : Alpha, un jeune de Guinée Conakry, que nous avons connu dans la rue, ce matin avec 32 collègues a eu la possibilité de prendre le bateau pour rejoindre la péninsule. Ceuta ne peut pas retenir tout ce monde qui arrive et au fur et à mesure ils sont « expulsés » mais cela leur ouvre aussi la possibilité de rester en Europe et de s’ouvrir un chemin, c’est leur rêve !! Etre témoin de leur joie au port et être avec eux a été pour nous une expérience forte et émouvante… leur traversée n’est pas finie ni les difficultés non plus… ils viennent maintenant à vers l’ Europe où ne sera pas facile pour eux !

Comme Moïse, cette terre qui devient notre « terre » est un lieu sacré que nous ne voulons pas seulement habiter, mais aimer et, en enlevant nos sandales, prier continuellement pour que « le Règne de Dieu vienne, pour que nous devenions des frères et sœurs sans barrière, sans crainte, sans mur ni grillage… »

C’est vrai, commencer une fraternité sans rien d’autre qu’aller à la rencontre, en cherchant un lieu où habiter et du travail pour vivre, en faisant du quotidien l’espace où notre cœur s’unifie pour vivre comme des filles bien-aimées du Père… C’est une grâce qui réveille en nous tous les désirs de suivre JESUS et de fixer notre regard seulement sur LUI…Vous pouvez rendre grâces avec nous de savourer la beauté d’un temps comme notre présent.

« Depuis que vous êtes ici, il y a comme une paix autour de nous.. » nous dit une voisine, cela est une petite perle qui sûrement va nous aider dans les moments peut-être plus difficiles, mais pour l’instant, avec cette Paix que Jésus nous offre, nous vous disons notre amitié et gratitude pour ce que vous nous avez donné en étant sur l’autre rive !!

Gloria, Luigina Maria, Paloma et Rosaura

Aux amis du diocèse de Maroua-Mokolo et de Tokombéré

P. Grégoire CADOR

Tokombéré, le 23 avril 2015

Aux amis
du diocèse de Maroua-Mokolo
et de Tokombéré

Chers amis,

Trois mois déjà depuis ma lettre du 24 janvier…

Entretemps j’ai eu la joie de revoir certains d’entre vous lors de mon passage éclair en Sarthe pour la conférence de sensibilisation que Mgr Le Saux m’a permis de faire au Mans. Grand merci à lui et à tous ceux qui ont ouvert le cœur du diocèse du Mans à nos frères déplacés de Maroua-Mokolo.

Je voulais vous remercier tous très chaleureusement pour votre mobilisation physique, spirituelle et matérielle à cette occasion…

Certains qui ne pouvaient pas être là l’ont été quand-même grâce à d’autres qui ont très largement relayé les infos et le cri d’alarme que je voulais faire entendre. Merci à tous, grands et petits, de ces efforts qui mettent en œuvre la communion des saints de manière visible et palpable.

Merci à tous ceux qui ont « mis la main au portefeuille »… Les dons pour la Caritas diocésaine continuent d’arriver et ont déjà dépassé les 30.000 euros. Cela va vraiment nous « aider à aider »… Merci à tous.

Au-delà de la question matérielle, je suis très touché par les nombreux courriers qui continuent de manifester l’intérêt et le souci de beaucoup à notre cause qui rejoint celle de très nombreuses personnes à travers le monde. Ne relâchez pas vos efforts. Il est plus qu’urgent de faire retentir en nos vies l’écho de l’amour de Dieu pour tous les hommes, bons ou mauvais.

Je le dis et je le répète, chrétiens, nous sommes dépositaires de la Bonne Nouvelle de la fraternité universelle.

Citant le philosophe musulman Abdennour Bidar, le Pasteur Agnès Lefranc, de l’Eglise protestante unie du Mans, sollicitée pour une conférence à la paroisse de la Couture au cours du Carême 2015 ? disait : «la fraternité s’apprend. On ne naît pas fraternel, on le devient.» Je voudrais aller même au-delà en redisant que la fraternité nous précède puisqu’elle nous vient comme un héritage reçu de Dieu. Comme tout héritage, il nous faut l’apprivoiser. Et alors : Oui, la fraternité s’apprend. Car, si nous naissons frères, nous ne sommes pas toujours spontanément, ni forcément fraternels. Mais nous sommes appelés à le devenir…

Le monde d’aujourd’hui est un formidable défi à notre foi.

Les horreurs que nous voyons défiler sur nos écrans de télé actuellement sur ce qui se passe en méditerranée sont les conséquences directes de ce que la Pape dénonce comme la mondialisation de l’indifférence. La coupe est pleine et commence à déborder ! Il va bien falloir un jour que les riches acceptent de partager avec les pauvres, autre chose que les miettes qui tombent de leurs tables… Il va bien falloir trouver d’autres chemins que la violence et l’édification de barrières pour contenir la « montée des frères ». Aucun blockhaus, aucune forteresse ne pourra jamais contenir ni mettre à l’abri du frère qui a faim !

La seule solution c’est le partage ! Et donc la « déprise » de soi et la remise en question des avantages acquis.

Dans le véritable microcosme ou monde en miniature qu’est Tokombéré, nous avons vécu, il y a peu, les habituelles « Journées de Promotion Humaine ». Elles ont rassemblé pendant deux jours, un millier de responsables villageois venus de tous les secteurs de la paroisse. Chrétiens, musulmans, pratiquants de la religion traditionnelle, originaires d’une dizaine ethnies différentes. Je ne résiste pas, pour commencer, à vous donner l’intitulé de l’invitation qui a été mis au point par les organisateurs :

Thème retenu: « Etre Homme (homme et femme) aujourd’hui à Tokombéré ».

En 2015, nous constatons que nous sommes brassés les uns avec les autres (ethnies, religions…). Nos racines s’entremêlent et parfois se mélangent. Cela nous fragilise car nous ne savons plus exactement qui nous sommes et ce que veut dire être un homme aujourd’hui. Il n’est plus possible, comme autrefois, de nous construire en opposition les uns contre les autres. C’est ensemble, les uns avec les autres, que nous pouvons définir vers quoi nous voulons marcher. C’est le rôle de notre Projet de Promotion Humaine. Nous aurons à nous poser les questions suivantes :

1. Qui suis-je aujourd’hui comme être humain ?

a. en tenant compte de mes racines
b. en tenant compte des questions nouvelles qui se posent
c. en tenant compte des blocages que je rencontre partout

2. Que puis-je espérer ?

a. Quels sont mes objectifs et mes désirs ?
b. Comment m’ouvrir à ceux des autres ?

3. Que pouvons-nous faire pour atteindre ensemble ces objectifs ?

a. Le Projet de Promotion Humaine (PPHT) peut-il nous aider dans ce sens ?
Comment ?
b. Et moi, que puis-je faire là où je suis ?

Et pour vous donner un aperçu de la qualité du travail abattu, je vous livre un extrait de l’introduction du P. Justin : «Nos journées doivent nous obliger à changer, à reconnaitre notre identité, permettre de discuter ensemble pour voir ce qui est bon et ce qui est mauvais. On ne peut pas être un individu aujourd’hui sans être solidaire, on ne peut plus vivre aujourd’hui comme ont vécu nos ancêtres autrefois. Seul, je ne peux rien, il faut coopérer pour qu’on se développe. Il faut dépasser nos différences pour s’identifier, construire l’Homme nouveau.»

Continuons avec les nouvelles :

Le 19 mars, jour de la St Joseph nous avons vécu la passation de service entre l’ancien et le nouveau médecin-chef ! Après quarante ans, Christian passait la main à Jean-Pierre au cours d’une célébration pleine d’émotion et de simple dignité. La vie continue et Christian garde la lourde responsabilité de l’ensemble du Projet de Promotion Humaine et de curé de la paroisse !

Mgr Bruno Ateba, notre nouvel évêque, a effectué sa première visite au collège Baba Simon. Il a visiblement été impressionné par tout ce qui s’y fait. Il semble décidé à nous aider à continuer les efforts malgré les nombreuses difficultés que nous rencontrons devant la concurrence des très nombreux établissements publics qui se multiplient de façon anarchique autour de nous.

Monseigneur reviendra bientôt pour ouvrir le temps des « Portes de l’Avenir » avec le Projet-Jeunes et célébrer une cinquantaine de confirmations.

Nous avons vécu un très belle et fervente Semaine Sainte enracinée dans la foi et l’espérance avec en point d’orgue 55 baptêmes le jour de Pâques (une vingtaine d’autres étant répartis dans les semaines suivantes et les différents secteurs de la paroisse). Dans le contexte que nous vivons les mots et gestes de la liturgie pascale sont plus qu’évocateurs et se passent aisément de commentaires. En communion avec nos frères persécutés des églises d’Orient, je reprends juste ces mots tiré de leur liturgie : « C’est aujourd’hui le jour de la résurrection ! Soyons rayonnants pour la fête et embrassons-nous les uns les autres. Disons, ’O frères’, même à ceux qui nous haïssent ! Et crions: le Christ est ressuscité d’entre les morts ; à ceux qui sont dans les tombeaux, il a donné la vie ! »

L’assemblée des « jeunes agriculteurs de Kotraba » a permis de faire le point avec eux sur les grandes difficultés qu’ils ont rencontrés cette année avec une récolte très moyenne et la situation d’insécurité qui les a particulièrement menacés. Cette année il n’a pas été possible d’envisager de nouvelles recrues mais nous comptons bien reprendre l’an prochain.

Concernant Boko-Haram nous étions dans une relative tranquillité depuis quelques semaines mais la semaine dernière le village musulman de BIA, situé à une cinquantaine de kms de chez nous (à environ 10kms de la frontière), a été entièrement détruit par le feu, une vingtaine de personnes tuées et une grande quantité de bœufs emportés… Nous devons rester très vigilants dans tous les sens du mot.

Le résultat des récentes élections présidentielles et régionales au Nigéria laissent entrevoir une lueur d’espoir. Le nouveau président semble décidé à prendre le problème Boko-Haram à bras le corps ainsi que les causes de son émergence dans la région.

Le 09 mai, nous allons conclure le cycle de formation interreligieuse dont je vous ai souvent parlé. Nous invitons tous les participants et intervenants des premiers week-ends (environ 140 personnes) pour une journée de synthèse et de réflexion sur le thème de «l’engagement du croyant dans la société.» Merci à ceux qui prient de penser à nous ce jour-là !

Début mai nous aurons aussi l’Assemblée générale des jeunes menuisiers qui se fait normalement en mars mais cette année le calendrier a perdu ses repères !

Avec les parents qui acceptent de prendre bénévolement du temps pour cela, nous sommes en train de mettre sur pied les chantiers de vacances 2015 qui permettent aux élèves de familles pauvres de s’inscrire au collège Baba Simon.

Voilà en gros les nouvelles qui vous montrent que nous ne nous ennuyons pas et que nous savons que la violence n’est pas le dernier mot !

Merci d’être avec nous.

Nous sommes ensemble.

A bientôt.

Grégoire

Je propose à votre médiation un texte de Paul Bhatti, chrétien pakistanais dont le frère Shahbaz ministre pakistanais des minorités religieuses, assassiné en 2011, disait dans son testament : «Je me considérerai comme un privilégié si – dans mon effort et dans cette bataille qui est la mienne pour aider les nécessiteux, les pauvres, les chrétiens persécutés du Pakistan – Jésus voulait accepter le sacrifice de ma vie. Je veux vivre pour le Christ et pour lui je veux mourir.»

La violence fondamentaliste a-t-elle encore un lien avec la religion ?

« Les attaques récurrentes contre les chrétiens en Irak, au Pakistan, en Syrie ou encore au Nigeria ont une racine commune : l’idéologie de groupes terroristes qui utilisent la religion pour imposer leurs vues et s’en prendre aux plus fragiles. C’est le cas en Irak avec l’État islamique (EI), mais aussi au Pakistan où les violences faites aux chrétiens sont directement proportionnelles à l’instabilité politique, économique et religieuse du pays. Aussi la tentation est grande d’établir un amalgame entre la religion apparemment en cause, à savoir l’islam, et ce qu’en font ces groupes terroristes qui bénéficient de nombreux soutiens financiers à travers le monde.

Aucune religion ne permet de tuer ou de mourir au nom de Dieu. Dans les textes bibliques ou coraniques, seul Dieu a le pouvoir de donner ou de retirer la vie. Ceux qui, au nom de l’islam, tuent des innocents, font l’apologie du suicide ou considèrent les autres religions comme ennemies n’ont rien à voir avec la religion dont ils se réclament. Tout discours religieux part du respect de l’humanité et ne vise qu’une victoire, celle de l’amour. Qui s’impose par la force dévoie la religion, chrétienne ou musulmane.

« La grande pauvreté et l’absence d’éducation constituent le terreau privilégié du terrorisme » 

En tant que chrétien engagé dans la défense des minorités au Pakistan, je connais l’islam de l’intérieur. J’ai suffisamment étudié ses textes pour savoir que leur interprétation varie d’un pays à l’autre et que l’histoire des premiers siècles de l’islam – en particulier la décision de faire la guerre ou non – ne doit jamais être séparée de son contexte et ne peut servir de règle à toutes les époques. Au Pakistan, je côtoie aussi beaucoup de musulmans de bonne foi qui aspirent au dialogue et à la paix. Certains l’ont payé de leur vie, comme Salman Taseer, gouverneur musulman du Pendjab, assassiné en janvier 2011 parce qu’il prenait avec mon frère, le ministre Shahbaz Bhatti, la défense des chrétiens emprisonnés à cause de la loi sur le blasphème. Aujourd’hui encore, des avocats et activistes musulmans des droits de l’homme défendent les chrétiens au Pakistan, bravant tous les jours la peur et les menaces. Ils sont à mes yeux la plus belle expression de l’islam.

Parce que la violence qui se déchaîne sous nos yeux n’est pas de nature religieuse, les leviers sur lesquels nous pouvons agir sont avant tout politiques et sociaux. La grande pauvreté et l’absence d’éducation constituent le terreau privilégié du terrorisme. C’est pourquoi il revient aux leaders politiques et religieux de s’asseoir autour d’une même table afin d’examiner les vrais problèmes de leur pays et de prendre des mesures concrètes, à commencer par la fermeture des écoles religieuses où les enfants sont endoctrinés dès leur plus jeune âge. La Turquie, l’Indonésie ou les Émirats arabes unis ont accompli de réels progrès dans ce sens et sont parvenus à diminuer leur niveau de violence. »

Propos recueilli par Samuel Lieven
La Croix du 05 septembre 2014

Lettre de Pâque 2015, frère responsable

carlos-1916-2016Chers frères,

au milieu de ce temps pascal, avec la joie de Jésus ressuscité et sans laisser de côté la préoccupation pour l’être humain qui souffre en tant de lieux de notre monde, proche ou carta-pascua-2015-1loin de nous, peut-être à côté de nous -les émigrés, les chrétiens persécutés, les réfugiés à cause des guerres, les personnes traitées comme des animaux, les enfants soldats-, des personnes comme nous qui vivent dans un pays différent ou dans une situation sociale, familiale ou professionnelle avec des droits humains complétement inexistants pour des causes que tous nous connaissons, le message de Pâque nous met à notre place et nous ouvre les yeux. Ce jeune vêtu de blanc qui, au sépulcre préparé pour Jésus, dit aux femmes que Jésus est ressuscité, qu’elles ne viennent pas pour l’embaumer, qu’elles partent et annoncent qu’Il est vivant, ce jeune c’est chacun de nous et c’est notre responsabilité de dire par nos vies de frère, que Jésus vit, qu’il n’y a pas de cause perdue -l’envie, la haine, les fondamentalismes- et qu’il n’est pas nécessaire d’enfermer Jésus dans des formes religieuses qui ont peu à voir avec l’Évangile, le réduisant à une icône qu’on adore mais que l’on n’aime pas. Jésus-Christ, Fils du Père, notre frère, Dieu sur terre, carta-pascua-2015-2nous rend fort par sa lumière et nous demande d’être des prêtres serviteurs des gens des plus petits, des humbles, et cela pas comme des professionnels d’une religion -les seigneurs du temple, les propriétaires de l’enceinte religieuse, les maîtres des processions, (dans chaque pays cela a une forme particulière)- et qui s’installent confortablement dans des structures et des formes de pouvoirs. Notre pape François commence son texte Misericordia Vultus en disant que Jésus est le visage de la miséricorde du Père, et plus loin que nous sommes appelés à vivre de la miséricorde parce que en premier lieu elle s’applique à nous. Cette année jubilaire annoncée par le pape est une grande nouvelle et un appel à être miséricordieux. Mais, que c’est difficile et compliqué de pratiquer la miséricorde avec ceux qui ne la pratiquent pas. Et là nous avons un défi pour nos vies.

carta-pascua-2015-3Il serait bon de commencer cette Année Jubilaire de la Miséricorde en faisant dans nos fraternités une révision de vie, fondée sur les réalités de chaque pays et du contexte global de notre monde. Plus tard nous vous offrirons quelques pistes.

Après Pâque nous avons vécu l’Assemblée de la Famille Charles de FOUCAULD à Castelfranco (Italie), en travaillant dans une ambiance fraternelle que nous ont donné nos sœurs ( disciples de l’Évangile ) dans leur maison centrale, par leur accueil chaleureux, nous accompagnant de leurs joies et de leurs rires. Grâce à elles et à l’équipe formée par Marianne, Anne-Marie, Antonnella et Josep, nous avons travaillé le thème de Charles de FOUCAULD, l’homme de prière, le travailleur, et aussi les appels pour nos fraternités en partageant notre vécu. Nous avons suivi les questionnaire préparatoire. Vous pourrez voir le résumé de carta-pascua-2015-4notre fraternité sacerdotale sur le site www.iesuscaritas.org. C’est important de souligner tout le travail autour du centenaire du frère Charles, rassemblant les initiatives des fraternités et des pays. C’est très clair que nous voulons fêter l’événement avec la simplicité évangélique et dans le style de Nazareth, sans triomphalisme.

Notre prochaine rencontre aura lieu à Aix la Chapelle, en Allemagne, dans la première semaine de Pâque 2017. La nouvelle équipe de préparation est formée de Marianne, secrétaire, Armelle (petite sœur de l’Évangile), Antonnella (disciple de l’Évangile) et Claudio (fraternité séculière)

carta-pascua-2015-5Pour moi ce fut une grande joie de rencontrer de nouveau à Castelfranco Secondo MARTIN, responsable de l’Italie, et Gianantonnio ALLEGRI que j’ai retrouvé pour la première fois. Son témoignage et son attitude pacifiée m’ont aidés à me sentir moi aussi libéré d’enfermements, de désirs possessifs et de dépendances, et appelé à pardonner à ceux qui peut-être m’ont fait du mal. Ce frère nous a partagé sa vie de Nazareth et ses mains ouvertes pour montrer la miséricorde de Dieu dans des situations difficiles à imaginer. Dans son cœur vivent ensemble ces geôliers et sa liberté.

carta-pascua-2015-6Autre bonne nouvelle dans cette Pâque : la prochaine béatification de Monseigneur Oscar Arnulfo ROMERO – St Romero des Amériques-. Son sang répandu pour la cause de Jésus est un autre appel pour l’Église universelle, à valoriser le don généreux d’hommes et de femmes qui comme lui ont tout donné pour leur peuple. Ce pasteur nous apprend à être pasteur dans le style de Jésus, sans fuir le danger qui vient de l’engagement avec les plus pauvres. Lui n’a pas eu peur du danger et comme Jésus il l’a affronté pour le bien des autres, sans évaluer les conséquences. Félicitations tout spécialement pour nos fraternités d’Amérique Latine.

Notre frère Charles, à nous qui sommes témoins de changement dans le monde, de conflits permanents, de nouvelles formes d’esclavage, nous donne la possibilité depuis Nazareth de mieux comprendre les personnes dont la vie devient problématique quand elles perdent tout, par accident, attentat, catastrophes naturelles, guerre, pauvreté extrême, maladie…. Comment comprendre ceux qui souffrent? Comment comprendre Dieu ? Est ce une question pour la raison ou pour le cœur? Comment je comprend tout ce que frère Charles a vécu et comment avec l’Évangile en main, je suis appelé à partager et à aider ? Pour beaucoup la vie a perdu son sens ; L’espérance et la miséricorde sont le pain que, jour après jour, nous devons répartir et ceci est un exercice de conversion de notre cœur, de notre foi et un lieu contemplatif qui nous met à côté de la croix de Jésus et aussi du sépulcre, pour annoncer qu’il est vivant et le faire sans crainte et avec joie, avec la pierre tombale d’un côté et la porte bien ouverte. Partager la douleur et la joie est signe de l’Incarnation.

carta-pascua-2015-7En juillet, nous aurons le Mois de Nazareth en Asie à Myanmar, et en Novembre à Marsanne en France, également en Juillet la rencontre à Viviers, de prêtres en lien avec l’Islam. Ces événements sont annoncés sur notre site www.iesuscaritas.org. Et nous, comme équipe internationale, nous vous invitons à y participer et à prier pour les frères, confiant au Seigneur ces diverses rencontres. Nous ne devons pas rester seuls dans nos petits groupes locaux ou nationaux. Il y a beaucoup d’autres frères d’autres langues et ethnies qui vivent le charisme de Frère Charles comme prêtres diocésains. Quand nous partageons tout cela, non pas comme une étiquette de marque ou de groupe spirituel, nous vivons la fraternité universelle, et nous nous rapprochons d’une Église samaritaine, qui descend de son cheval et aide le blessé sans chercher à l’éviter ou regarder ailleurs.

Pour terminer, merci de me faire connaître les événements dans vos fraternités (mois de Nazareth, retraites, assemblées) pour les annoncer dans l’AGENDA de notre site. Merci à tous et à chacun.

Que la joie de Pâque se répande sur vous comme l’eau de l’aspersion liturgique. Je vous adresse une accolade sincère et fraternelle, union dans le Christ ressuscité.

carta-pascua-2015-8Aurelio SANZ BAEZA, frère responsable

Perín, Carthagène, Murcie, Espagne, 23 Avril 2015

(Merci bien, Jean-Louis par la traduction au français)

PDF: lettre-de-paque-2015-frere-responsable

Lettre de Jean-François et Aurelio, 27 Mars 2015

Chers frères,

du 21 au 27 Mars, nous nous sommes réunis à Perín, dans la maison d’Aurelio pour réfléchir et travailler sur la vie des Fraternités.

20150327-01Nous voulons par cette lettre vous rejoindre, vous tous, nos frères qui êtes répartis dans toutes les parties du monde, en Afrique, en Amérique du Nord ou du Sud, le Centre et le Caribe, en Asie, l’Australie et en Europe.

Il nous apparaît comme un fait majeur que la vie des communautés chrétiennes que nous accompagnons comme prêtres sont marquées aujourd’hui par la parole du Pape François et ces perspectives de renouvellement pour la vie de l’Eglise qu’il a tracées par son exhortation apostolique « Evangelii Gaudium ».

Nous nous réjouissons de la convergence qui se dessine entre les grands thèmes développés par le Pape François et certains aspects majeurs du message spirituel du Frère Charles :

  • Joie qui jaillit de la rencontre avec Jésus
  • Élan de la mission qui passe par l’amitié et la familiarité avec le peuple qui nous est confié (référence à «l’odeur des brebis »)
  • Désir d’une Église capable de « sortir vers les périphéries existentielles »
  • Proposition « d’une Église pauvre pour et avec les pauvres »
  • Importance de la miséricorde pour tous les blessés de la vie…

Merci à tous nos frères qui soulignent cette convergence dans leurs écrits et leurs réflexions à l’occasion de récollections ou de retraites.

Cela relance notre élan et redit l’actualité de notre fraternité sacerdotale au cœur de la vie et de la mission de l’Église.

Au cours de cette semaine vécue ensemble dans l’amitié et le partage de la prière, plusieurs thèmes nous ont occupés qui ont trait d’une manière ou d’une autre à la « fraternité universelle » chère à au Frère Charles :

1) La reconnaissance de la Fraternité Sacerdotale Jesus Caritas par la Congrégation Pontificale du Clergé.

Il ne s’agit pas seulement pour nous d’une démarche formelle pour « nous mettre en règle » avec l’Institution.

Il s’agit surtout pour nous d’inscrire notre ministère presbytéral avec la note particulière qui marque la spiritualité du Frère Charles (spiritualité de Nazareth, dimension missionnaire caractérisée par l’apostolat de la bonté, option préférentielle pour les pauvres, volonté de partager les responsabilités avec les laïcs..) dans le dynamisme de l’Église universelle.

20150327-02Après la brève entrevue qu’Aurelio, au coté Secondo (Italie) et Honoré (Burkina Faso), avait eue en décembre passé avec le Cardinal STELLA, nouveau Préfet de la « Congrégation pro Clericis » à Rome, nous avons ce matin procédé à l’envoi du dossier complet qui nous était demandé et qui accompagne notre demande.

Nous n’avons plus qu’à attendre notre reconnaissance.

2) Nous avons évoqué aussi le projet d’une rencontre intercontinentale entre les fraternités des Amériques ( Nord, Centre, Caribe et Sud ) en février 2016 au Mexique.

Merci aux fraternités du Mexique qui vont accueillir cette rencontre importante et lui donner le pain et le toit.

Merci aussi à Mauricio da SILVA JARDIM de Porto Alegre et à Mark MERTES de Kansas City pour leur engagement actif dans cette préparation.

3) Dans le cadre d’une actualité marquée par les tensions qui se vivent entre une partie des populations musulmanes dans le monde et les pays occidentaux, nous avons souligné l’importance de la rencontre de Viviers du 13 au 19 Juillet prochain sur le thème : « Prêtres diocésains, serviteurs de la rencontre entre chrétiens et musulmans à la lumière du message de Charles de FOUCAULD.

Cette session nous permettra de mieux situer le ministère presbytéral dans sa responsabilité de promouvoir et développer au sein des communautés chrétiennes un mouvement de rencontre et de dialogue avec les musulmans.

Des prêtres des fraternités d’Europe se rencontreront avec des prêtres exerçant leur ministère au Maghreb ou au Sahel. Et cet échange d’expériences s’annonce enrichissant pour nous ajuster les uns aux autres dans ce souci du service de la « fraternité universelle ».

(Voir la relance de l’invitation à cette session sur le site international de la Fraternité: www.iesuscaritas.org)

4) La fraternité universelle passe aussi par la solidarité économique entre toutes les fraternités.

Pour permettre l’organisation de mois de Nazareth ou de session et les déplacements que cela entraîne, la Caisse internationale a besoin de ressources régulières.

C’est pourquoi, il nous apparaît qu’en chaque pays, pour toute cotisation versée un pourcentage qui pourrait s’élever à 10% puisse être prélevé pour contribuer à la Caisse internationale.

Mark MERTES, trésorier de l’équipe internationale prendra contact avec chaque trésorier national pour voir comment mettre en œuvre cette disposition.

20150327-035) Merci à tous ceux qui ont répondu au questionnaire lancé à l’occasion de la rencontre de la Famille Spirituelle de Charles de FOUCAULD qui aura lieu à Castelfranco, en Italie, la semaine après Pâques. Aurelio y participera et nous fera part de ce qui se prépare pour la célébration du centenaire de la mort du Bienheureux Charles de FOUCAULD.

6) La prochaine rencontre de l’équipe internationale se tiendra chez Aurelio en Espagne du 20 au 29 octobre 2015.

Ce sera un temps pour nous mettre ensemble à l’écoute de tout ce qui se vit dans les fraternités de par le monde.

Il s’agit aussi pour l’équipe de discerner ce que le Seigneur attend de nous pour qu’ensemble, en fraternités répandues dans le monde entier, nous soyons au service de l’unité de la famille humaine comme nous y appelle le Concile Vatican II et le Frère Charles qui s’est présenté comme « le frère universel »

Nous n’oublions pas que dans ces rencontres de l’équipe internationale, c’est aussi l’esprit de Nazareth qui nous guide et nous appelle à vivre concrètement la rencontre avec le peule et les communautés chrétiennes qui nous accueillent.

C’est dans cet esprit que nous avons rencontré au cours de cette semaine l’évêque de Carthagène, José Manuel LORCA, les petites sœurs de Jésus et des frères prêtres de la fraternité de Murcia , ainsi que toutes les personnes accueillies et celles qui accueillent dans la communauté de Torre Nazaret et les voisins de la paroisse.

20150327-04Nous vous souhaitons une belle montée vers Pâques et nous vous embrassons de tout notre cœur.

Jean François et Aurelio

Perín, Carthagène, Murcia, Espagne, 27 mars 2015

PDF: Lettre de Jean François et Aurelio, Perín, 27 mars 2015, français