Lettre de Grégoire CADOR, Cameroun, Avril 2016

P. Grégoire CADOR

Tokombéré, le 02 Avril 2016

Aux amis
du diocèse de Maroua-Mokolo
et de Tokombéré

Chers amis,

C’est en communion avec vous tous que je rédige cette lettre alors qu’aujourd’hui même, à Paris, les associations partenaires et de nombreux amis sont réunies autour de Christian, de Jacques Birguel et de Timakoche actuellement en stage à l’hôpital Robert Debré.

C’est une bonne chose que cette rencontre ait pu finalement se mettre en place après l’épreuve du 13 novembre dernier. La vie continue, ici et là-bas, et c’est bien ainsi.

Par où reprendre les nouvelles depuis plus de trois mois ?

Parlons sécurité puisque cette problématique et dans toute les têtes. Nous avons bien sûr été touchés par les évènements de Bruxelles mais aussi ceux de Lahore au Pakistan…

La folie terroriste se répand comme une tâche poisseuse à travers le monde… Nous aussi avons continué à essuyer de nombreuses attaques depuis ma dernière lettre du 22 décembre… J’ai recensé dans notre région (c’est un chiffre minimum puisque beaucoup de choses se passent sans que nous ne soyons informés) plus de 17 opérations kamikaze dont deux ont fait chacune une trentaine de morts et plus d’une centaine de blessés, 6 explosions de mines sur des routes proches de la frontière (l’une d’entre elle a coûté la vie à un colonel ami) au moins 6 repérages d’infiltrations de BH dans les camps de réfugiés, un grosse vingtaine d’incursions de bandes armées pour des opérations de pillage se soldant par la mort violente de nombreux civils et la perte de troupeaux et de biens de première nécessité… Certains disent que les Boko Haram sont affaiblis. C’est peut-être vrai militairement mais leur volonté de nuire reste intacte ainsi que leur détermination.

Ce qui m’inquiète le plus c’est que cette gangrène qui se répand fait le lit, à travers le monde, de tous ceux qui ne savent lire les signes des temps que de manière binaire et placent le camp des bons d’un côté et celui des méchants de l’autre… On commence même à voir (ou revoir) sur Internet de faux reportages avec des photos truquées ou prises ailleurs, pour montrer la férocité des BH contre les chrétiens… Les gens qui alimentent ce genre de rumeurs sont des assassins au même titre que les BH et, sans le vouloir (ce qui reste à prouver), ils font leur jeu en entretenant la haine et la division…

La réponse chrétienne à la haine, nous venons encore d’en célébrer la source au cours du Triduum pascal, c’est l’amour sans réserve, sans retenue, sans arrière-pensée. Nous devons, à temps et à contretemps, semer l’amour au milieu de la haine… Le bon grain et l’ivraie poussent ensemble et le Christ affirme, ô combien cette phrase est difficile à entendre : « laissez-les pousser ensemble jusqu’à la moisson ! » (Mt 13,30).

Tous les Etats et toutes les Puissances (grandes ou petites) qui, tout au long de l’histoire, se sont érigés en moissonneur ou en donneur de leçons universels, se sont pris les pieds, à plus ou moins brève échéance, dans leur propre logique, bien souvent au prix de complicité avec le mensonge…

Chrétiens, nous sommes les témoins d’un amour absolu. Il nous faut pour cela accepter de prendre en pleine face les outrages et les crachats et n’y opposer que la miséricorde qui seule fait renaître à la vie…

Même les grands prêtres n’y comprennent rien et impatients de résultats à leur mesure, ils se vautrent dans les sarcasmes démagogiques : « Il en a sauvé d’autres, et il ne peut pas se sauver lui-même ! Il est roi d’Israël : qu’il descende maintenant de la croix, et nous croirons en lui ! Il a mis sa confiance en Dieu. Que Dieu le délivre maintenant, s’il l’aime ! » (Mt 27, 42-43). Bienheureux grands-prêtres pour lesquels le Christ a prié : « pardonne-leur, ils ne savent pas ce qu’ils font. » (Lc 23,34).

J’ai trouvé récemment sous la plume de Rémi Brague cette très belle affirmation : « Il ne s’agit pas de mourir pour Dieu, mais de mourir avec lui. » Et je voudrais la dédier à tous les impatients qui sont prêts à mettre la main à l’épée comme le pauvre Pierre qui n’a, encore une fois, rien compris et qui s’est réveillé un peu brutalement ! Cette impuissance apparente de l’amour crucifié est la source d’où coule la vie nouvelle.

Je n’y peux rien. St Paul lui-même le dit : « Alors que les Juifs réclament des signes miraculeux, et que les Grecs recherchent une sagesse, nous, nous proclamons un Messie crucifié, scandale pour les Juifs, folie pour les nations païennes. Mais pour ceux que Dieu appelle, qu’ils soient Juifs ou Grecs, ce Messie, ce Christ, est puissance de Dieu et sagesse de Dieu. » (1 Cor 1, 22-24). C’est la mission des chrétiens dans le monde. Personne n’est obligé de se dire chrétien, mais celui qui le fait ne peut pas réduire à néant ou contourner cette pierre angulaire de notre foi.

Devant cette profusion de violence perpétrée au nom de Dieu, certains se demandent comme ils le font devant le Christ au jardin des oliviers « et Dieu, où est-il ?». Là aussi Rémi Brague m’aide à comprendre : « Devant le silence de Dieu au jardin de Gethsémani Jésus n’a pas obtenu de réponse parce qu’il est lui-même la réponse.»

Baptisés, nous sommes devenus « corps du Christ », c’est donc qu’à notre tour nous sommes la réponse de Dieu pour la violence d’aujourd’hui. Alors je redonne encore une fois la parole à Fabrice Hadjadj : « La foi en Dieu implique la foi en l’aubaine d’être né dans un tel siècle et au milieu d’une telle perdition. Elle commande une espérance qui dépasse toute nostalgie et toute utopie. Nous sommes là, c’est donc que le Créateur nous veut là. Nous sommes en un temps de misère, c’est donc le temps béni pour la miséricorde. Il faut tenir notre poste et être certains que nous ne pouvions pas mieux tomber.« 

J’ai la chance de constater que beaucoup de gens ici au Nord-Cameroun, ont compris au moins implicitement cette noble vocation et la vivent sans faire de bruit… Ils sont cette moisson qui lèvent dont parlait le cardinal Marty et qui fait moins de bruit que tous les murs qui s’écroulent…

Après avoir vécu de très belles fêtes de Noël et une magnifique fête de l’Epiphanie à Kayamgali toute petite communauté de la périphérie de Tokombéré qui accueillait l’ensemble des chrétiens de la paroisse pour fêter le Noël des Nations, nous avons eu un premier trimestre très chargé en activités diverses…

Il faudrait parler des sessions de formation d’une semaine qui ont rassemblé une quarantaine de nos catéchistes avec ceux des autres paroisses de la zone, des sessions de trois jours pour la promotion féminine dans les secteurs Plateau et Mouyang en attendant celle du secteur Mada dans 10 jours ; il faudrait évoquer aussi la relance du Conseil de Gestion Paroissial et la belle assemblée du Gamtok (Groupement des agriculteurs modernes de Tokombéré) qui a réuni plus de 250 paysans, des rencontres du Secrétariat Général du Projet de Promotion Humaine, des journées sanitaires qui ont réuni 800 personnes engagées d’une manière ou d’une autre dans les questions de santé, sans oublier la belle rencontre avec une centaine de jeunes de la zone au cours des congés de Pâques, la célébration des 50 ans de présence de notre évêque émérite arrivé de Belgique en 1965, et la visite de notre évêque Bruno au Collège et auprès des jeunes de Tokombéré…

On peut résumer l’importance de telles rencontres en tout genre, en rappelant avec Paul VI « qu’une paix qui n’est pas le fruit du développement intégral de tous n’aura pas d’avenir et sera toujours semence de nouveaux conflits et de diverses formes de violence. » (Evangelii Gaudium, n° 219) C’est dans ces domaines que nous devons travailler à semer l’amour, sans nous décourager…

Je voudrais toutefois retenir un « évènement » plus marquant au niveau local et deux au niveau plus large de la zone ou du diocèse.

Au niveau paroissial je voudrais évoquer le temps du Carême et la Semaine Sainte qui ont été très « fréquentés » si je peux me permettre l’expression. Le dimanche des Rameaux c’est une foule intense et recueillie qui a suivi la procession et la lecture de la passion. Cà a été aussi l’occasion pour nous d’accueillir et de présenter à la communauté les enfants nés dans l’année qui ne sont pas baptisés parce que leurs parents ne sont pas encore engagés dans le mariage… Jeudi soir beaucoup de gens sont venus vivre la dernière cène de Jésus avec le « sacrement du service » et l’institution de l’eucharistie. Une dizaine de premières communions ont émaillé cette belle célébration (c’est toujours émouvant de voir les yeux des enfants « se mettre en plein phares » quand on leur présente le corps du Christ !) Vendredi matin à la colline Baba Simon, nous étions plus de 500 personnes à monter en méditant derrière la Croix (une lourde croix de bois portée à tour de rôle par des volontaires.) Six étapes ponctuaient cette marche au cours desquelles chacun des six secteurs a pu nous aider à méditer en partant de l’Evangile et de paroles du Pape François sur la miséricorde. Puis ce fut la magnifique célébration de vendredi après-midi : Passion mise en scène par les jeunes de manière très vivante, suivie du « deuil de Jésus » (des chrétiens chevronnés disant devant la communauté, comme on le fait dans les deuils traditionnels, ce qu’ils veulent retenir de la vie de Jésus) ; puis le long cortège d’adoration de la Croix deux par deux sur fond de guitare traditionnelle et de chants de deuil pour finir par la communion en silence. Nous étions là aussi plus de 500 réunis de 14H30 à 17H30… Très intense et édifiant.

Très belle veillée pascale aussi. Nous avons plus de monde chaque année, notamment des adultes qui avaient un peu perdu l’habitude d’y participer. C’est un bon signe. Dimanche de Pâques nous avons célébré dans une grande liesse 65 baptêmes de jeunes et d’adultes. Ils seront suivis de 25 autres les dimanches suivants à l’occasion de 8 mariages de chrétiens qui veulent régulariser leur situation et mettre vraiment le Christ au cœur de leur foyer… Peu à peu la communauté se fortifie dans la foi… Elle en a grand besoin.

Pour sortir peu à peu d’une habitude d’assistanat, nous avions proposé avec l’équipe d’Animation Pastorale d’insister au cours de ce Carême sur la mise en place de la Caritas (Caisse d’entraide pour les plus pauvres, alimentée par les chrétiens). Il s’agissait au cours des quarante jours qui nous préparent à Pâques d’inviter les chrétiens à savoir se priver de tel ou tel plaisir ou besoin (alcool, nourriture, vêtements,…) en pensant aux plus démunis, de mettre réellement de côté l’argent qui aurait été dépensé pour cela, d’en faire l’offrande à la caisse Caritas, gérée par un groupe de chrétiens, qui cherche à répondre aux multiples besoins des pauvres. Les chrétiens ont répondu généreusement et cela est encourageant pour l’avenir.

Au niveau de la zone nous avons vécu une magnifique rencontre interreligieuse avec les musulmans de Mora. Nous avions mis sur pied cette rencontre de concert avec le Sultan de Mora qui est la plus haute autorité musulmane de la région. Je vous mets en pièce jointe l’article paru dans le journal diocésain.

Au niveau diocésain nous avons vécu un magnifique pèlerinage de la miséricorde qui a rassemblé 3.000 pèlerins (sous haute surveillance militaire !) 350 venaient de notre zone dont 128 de Tokombéré. Nous venions de tout le diocèse pour nous retrouver à Maroua où l’évêque a ouvert une porte de la miséricorde dans la première église construite dans le diocèse en 1947. Le calme et le recueillement inhabituel dans ce genre de rassemblement ont impressionné tout le monde.

L’évêque, touché par l’évènement et conscient de l’importance pour nos chrétiens confrontés à tant de souffrance, a décidé dans la foulée l’ouverture de deux autres portes de la miséricorde. L’une à la co-cathédrale de Mokolo et l’autre à l’Eglise de… Tokombéré ! Pour tous les gens du Mayo-Sava.

Nos communautés ont accueilli cette nouvelle comme un appel de Dieu à vivre plus en profondeur la dimension de la miséricorde au cœur de notre vie. C’est pourquoi notre vicaire général viendra inaugurer cette porte samedi prochain 09 avril à l’occasion d’un pèlerinage paroissial cette fois-ci. Au cours de l’année nous aurons aussi d’autres démarches, en communion avec les autres paroisses de la zone, en direction du monde enseignant, du monde de la santé, des catéchistes, des femmes catholiques ou de charité, etc…

Ceux qui connaissent bien Tokombéré se rappelleront que cette porte de l’Eglise de Baba Simon à une histoire. Il suffit de lire cet extrait d’un article paru dans la revue missionnaire Pôle et Tropiques en 1977 :

« Personne n’a oublié, dans le nord, le terrible malheur du 11 Mars 1973 : ces 11 enfants morts brûlés dans l’accident du car qui les ramenait chez eux en vacan­ces. Parmi eux, un collégien de Baba Simon, de la race des Mouyangs. Les parents, les gens du village descendent de la mon­tagne. Ils accusent le prêtre de cette mort. N’est‑ce pas lui qui a envoyé cet enfant si loin à N’Gaoundéré, pour étudier ? La mission est cernée une porte et deux fenêtres sont brisées. Et, dans l’église, pour défier le Dieu des chrétiens, un guerrier lance sa sagaie vers le ciel. Elle reste fichée dans le plafond. Quelques jours après, les anciens, calmés, reviennent pour faire la paix. Le Père les accueille. Les dégâts matériels, ce n’est rien: les por­tes, les fenêtres, on les refera. Mais… Et il les amène à l’église pour leur montrer la sagaie plan­tée dans le plafond. «Dites donc, l’offense faite à Dieu ? Comment réparer ça ? Moi, je ne sais pas. Vos anciens, vos sages, ils sa­vent, eux. Remontez au village et voyez entre vous. » Quelques jours plus tard, les anciens et les familles reviennent. Ils ont amené un mouton et ils l’immolent devant l’église : sacrifice de réparation.

Et, à la catéchèse suivante, Baba Simon eut la surprise de voir tout un groupe d’hommes, descendus pour la première fois écouter la Parole de Dieu. Le respect pour leurs traditions et leur vie religieuse avait plus fait pour les rapprocher de la mis­sion que tous les efforts précé­dents. »

Je vois d’ici le sourire de Baba Simon qui voit la porte de son église devenir « Porte de la Miséricorde » à l’occasion du jubilé 2016…

Nous sommes ensemble !

Au hasard de mes lectures : « Dieu nous fait confiance et nous montre ainsi sa patience. Peut-être que ce sont justement ces deux qualités divines qui sont nécessaires à ce que nous devenions humainement miséricordieux vis-à-vis de nos prochains, c’est-à-dire de celles et de ceux de qui nous nous faisons proches. Confiance et patience sont les qualités premières requises de tout être miséricordieux. Dans les premières années de notre vie, nous avions confiance, puis, au fil du temps, celle-ci a parfois été trahie, abîmée, bousculée. Nous avons appris à nous méfier les uns des autres. Arrivés à l’âge adulte, nous pouvons à nouveau choisir de faire confiance ; cette dernière est devenue le fruit de notre volonté. Nous la décidons. Nous la risquons. Oser à nouveau cette confiance en l’être humain, voilà ce à quoi la miséricorde nous convie. En effet, si Dieu nous a fait confiance, n’est-ce pas la moindre des choses de faire de même ? » (Philippe Cochinaux, Que penser de la miséricorde, Fidélité, Namur-aris, 2015, p. 6)

PDF: Lettre de Grégoire CADOR, Cameroun, Avril 2016

Lettre de Pâque 2016, frère responsable

Chers frères,

pascua-2016-01notre Pâque, marquée par les événements terroristes à Bruxelles, au Yémen, en Irak et dernièrement à Lahore, ne doit pas se réduire à un ensemble de tristes nouvelles, de sentiment d’impuissance ou de peurs accumulées. C’est la Pâque que Jésus nous offre en triomphant de la mort, et ainsi c’est un appel à vaincre toutes les morts tant personnelles que sociales. Mais, sans fermer les yeux sur la réalité, enlevons les chapes de plomb de la peur, le manque de foi, l’auto compassion, les préjugés face à l’Islam ou aux musulmans de bonne foi que tous nous connaissons.

Quittons toutes ces lourdeurs qui nous retiennent, nous ou les autres. Regardons Jésus ressuscité d’un regard qui n’est pas sans peurs comme celui des femmes qui vont au tombeau et comme celui des disciples eux-mêmes ; peur humaine et très compréhensible. Ils ont du mal à accepter que la situation a changé, mais l’Esprit les pousse à regarder Jésus avec la joie d’un ami qui en rencontre un autre. Heureuses Pâques à tous, à tous les gens qui vous entourent, à tous les amis qui ont des difficultés, à toutes les familles et fraternités. Le frère Charles a écrit le jour même de sa Pâque : « Il faut mourir pour donner la vie ».

Son centenaire est un appel permanent à relever ceux qui pensent que leur vie n’a pas de sens, ou qui vivent simplement pour l’argent ou la sécurité, qui restent bien tranquilles pascua-2016-02parce qu’ils ne sont pas touchés par la douleur des autres. Que Jésus ressuscité nous aide à changer l’eau amère en un bon vin qui réjouit nos fêtes et la vie quotidienne, une vie de Nazareth.

Notre frère Giuseppe COLAVERO a vécu hier dans la soirée sa Pâque et sa rencontre avec le Père. Nous sommes tristes pour la perte de ce frère aimé, combattant pour les pauvres, le fondateur et la cheville ouvrière de AGIMI, le bon pasteur de son peuple. Nous nous unissons à ses amis et à la fraternité italienne. Depuis pascua-2016-03plusieurs mois nous avons suivi l’évolution de sa maladie cérébrale qui a terrassée son corps mais pas son esprit généreux et actif en faveur de tant de gens qu’il a aidé. Également, il y a quelques semaines, nous a quitté notre frère Hermann STEINERT, d’Allemagne. Les deux sont maintenant auprès du Seigneur, contemplant son visage et son cœur de Père. Hermann et Giuseppe nous protègent et nous aident. Leur fraternité avec nous n’est pas terminée.

Je vous invite à vivre cette Pâque avec la joie de ceux qui sont pardonnés, celle des enfants aimés du Père, de celui qui apprend du grand frère, le Seigneur Jésus. avec la joie à laquelle nous invite le Pape François. En Europe nous nous pascua-2016-04sentons blessés mais non pas vaincus ; honteux pour le drame des réfugiés syriens qui ne trouvent pas une porte ouverte, comme être humain avec tous leurs droits. Comment intégrer ces réalités douloureuses dans notre annonce et notre mission ? Les gouvernements européens donnent des millions d’euros pour laisser à d’autres le soin de ces gens là : Les pauvres sont agressifs, remplissent les rues,les salissent, plantent leur tente au milieu de nous, se bagarrent entre eux, et tombent aux mains des mafias qui contrôlent leur futur ….

pascua-2016-05Que disons-nous comme chrétiens, comme pasteurs dans nos paroisses ? Qui a vraiment la parole juste pour créer de l’espérance sans tomber dans l’utopie, sans trahir l’ évangile ? Je vous invite à contempler tout cela dans l’adoration face à Jésus qui fut un émigré, qui dût fuir avec sa famille, qui fût aussi un réfugié, et avant sa mort un prisonnier. Contemplons comment dans cette Pâque nous pouvons rester indifférent : notre silence serait une complicité avec l’injustice. Charles de FOUCAULD à partir de son amitié avec Jésus (l’Abandonné sur la croix, celui qui nous recherche au bord du lac, celui qui vit dans la baraque du plus pauvre, dans le campement des réfugiés, ou derrière les barbelés des frontières ou devant le panneau « interdit de passer ou  réservé aux adhérents ») nous met face à Jésus le Ressuscité, grain qui tombe en terre et porte beaucoup de fruits.

pascua-2016-06Je vous écris cette lettre alors que j’accompagne une malade dans un hôpital. Tout me parle d’humanité et de Jésus ; dans le sourire et le regard de tant de gens, dans le visage préoccupé d’autres personnes, dans le silence de celui qui cache sa douleur ou de celui qui dort. Je vous partage ce moment contemplatif comme une Pâque joyeuse plus forte que les pleurs, une Pâque de valeurs humaines et chrétiennes, une Pâque festive qui éveille les sourires et l’idée qu’un autre monde est possible, que chacun est mon frère ou ma sœur et que rien ne fera taire les amis de Jésus qui l’acclament comme Seigneur et Compagnon de marche .

Un grand «abrazo» de Pâque dans la joie d’être votre petit frère,

pascua-2016-07Aurelio SANZ BAEZA, frère responsable

Hôpital Rafael Méndez, Lorca, Murcia, Espagne,
29 Mars 2016, Mardi de Pâque
(Merci, cher Jean-Louis, par la traduction française)

 

 

 

 

PDF: Lettre de Pâque 2016, frère responsable

Lettre de Jean-François et Aurelio, Vernon, Mars 2016

Chers Frères,

vernon-201603-01pendant cette semaine, nous avons travaillé chez François MARIN qui nous a pris en charge comme « un vieux frère ». Son style d’accueil fraternel nous a donné un immense courage pour travailler tranquillement, en paix.

Nous avons fait mémoire de toutes les fraternités, des frères qui rencontrent des problèmes et de l’Église dont nous faisons partie.

vernon-201603-02Nous avons prié pour tous les êtres humains qui souffrent et nous nous sommes réjouis de la réalité de toutes ces fraternités qui sont chaque jour plus vivantes et fidèles à l’Évangile.

Le matin de la première journée, nous l’avons partagé avec la fraternité de Jean-François . Nous avons prié ensemble et partagé notre révision de vie et le repas fraternel.

Ce fut une joie de tenir dans nos bras Michel PINCHON et les autres frères.

NOS FRATERNITÉS

vernon-201603-03L’expérience de l’Assemblée Panaméricaine de Cuernavaca nous a donné beaucoup de lumière dans notre travail. Les conclusions qui sont publiées dans notre site  « iesuscaritas.org » – Lettre de Cuernavaca, chroniques et propositions – parlent de la vie, d’un présent avec des appels, des propositions non seulement pour les fraternités de l’Amérique mais aussi pour celles du monde entier. Au cours de cette assemblée, Fernando TAPIA, du Chili, a été élu responsable continental pour toute l’Amérique. Nous lui présentons nos meilleurs vœux pour ce service de la fraternité qu’il a accepté avec joie.

Nous sommes remplis de joie pour toutes les fraternités en formation : Haïti, la Bolivie, la Colombie, et des possibilités de nouvelles fraternités au Sénégal et au Zimbabwe. Nous avons étudié la manière de les aider pour appuyer ces initiatives.

La mort de Hermann en Allemagne nous a inspiré beaucoup de tristesse et en même temps de l’espérance parce qu’il était pour nous un frère estimé et admiré. Nous portons le souci pour la santé de Giuseppe, en Italie, et nous avons prié pour lui et nous nous sentons très proches de la fraternité italienne.

Nous ressentons de plus en plus l’urgence de mettre le charisme de Charles de FOUCAULD, avec son souci de vivre Nazareth et la fraternité universelle au cœur de notre ministère pastoral  : que ce soit comme prêtres en paroisse, au service des séminaristes, comme aumôniers d’hôpitaux, de prison et dans les divers centres d’accueil pour les personnes en précarité. Nous ressentons l’appel à rédiger un document sur le thème :Être prêtre de la fraternité avec le style de Nazareth au cœur de notre travail et de nos relations quotidiennes

LES APPELS

Comme membres de l’équipe internationale, nous recevons les propositions de l’Assemblée panaméricaine et nous nous engageons pour les mettre en œuvre. On nous demande un Directoire pour le mois de Nazareth qui puisse être utile pour les fraternités de tous les pays en prenant en compte les particularités sociales te culturelles locales. Nous prenons contact avec Manuel POZO de la fraternité espagnole : Il va réaliser ce document que nous publierons le plus tôt possible.

vernon-201603-04Un appel à vivre cet anniversaire du centenaire de la Pâque de Charles de FOUCAULD comme expression de la vie d’un homme saint qui nous aide ainsi que toute l’Église à vivre la fraternité universelle. Malgré les nombreux signes de haine entre les hommes, les souffrances créées par les guerres, l’exil de toutes les personnes déplacées dans le monde, nous écoutons l’appel du Pape François à vivre la miséricorde avec le cœur et les mains : c’est-à-dire non avec des rites cléricaux qui enferment les gens dans une conscience tranquille mais par notre engagement pour une réconciliation active entre les hommes.

Nous avons été intéressés par le travail de Javier PINTO, théologien chilien, laïc de la fraternité : « Passionnés par Dieu et par l’humanité : le vernon-201603-05Pape François et les grandes intuitions de Charles de Foucauld ». Ce document a été publié ans notre site en espagnol, français et anglais. Il a servi de base pour une grande partie de notre réflexion au cours de l’Assemblée Panaméricaine. Il nous a encourage à regarder la réalité du charisme du Frère Charles en nous et dans l’Église et son incontestable actualité spécialement dans cette année de la miséricorde.

vernon-201603-06Le jeudi 17 mars, Aurelio a été à Paris pour une entrevue avec Jacques GAILLOT. Ce fut pour lui un cadeau de Dieu de faire personnellement sa connaissance. Son style proche et simple, prophétique et évangélique est un bien pour l’Église et pour notre fraternité. Des personnes comme lui, qui, sans faire de bruit, travaillent au service du Royaume de Dieu avec les plus pauvres, dans un engagement en faveur des exclus, développant un travail de présence et d’action collective avec les personnes marginalisées qui demandent à être écoutées, sont ces personnes dont nous avons besoin. Sa rencontre avec le Pape François a constitué comme une reconnaissance de son travail intense dans les périphéries tant géographiques qu’existentielles. Il va nous aider dans la fraternité internationale par ses communications et par son témoignage. Merci, Jacques, pour ta disponibilité et pour ce service apporté à nos fraternités !

POUR UN FUTUR IMMEDIAT

En Juillet de cette année, se tiendra l’Assemblée de l’Asie aux Philippines. Nous encourageons nos frères des pays asiatiques à y participer. Nous souhaitons un bon succès pour le travail de notre frère Arthur, responsable continental et l’équipe de préparation.

Aussi le mois de Nazareth se tiendra aux États-Unis en Juillet de cette année. Il sera animé par Mark.

Un mois de Nazareth se tiendra également au mois d’Août en Angleterre organisé par Donald. Nous portons dans la prière tous les frères qui y participeront et auront l’occasion de vivre en fraternité la prière, le désert, la révision de vie, le travail manuel et le partage de tout qui les anime dans leur ministère pastoral et leur vie personnelle.

vernon-201603-07Dans la ligne de la rencontre qui a eu lieu à Viviers l’an dernier sur le thème : « Prêtres diocésains serviteurs de la rencontre entre musulmans et chrétiens », nous désirons poursuivre ces échanges entre fraternités d’Europe et fraternités présentes dans les pays du Maghreb et du Sahel. En cette période tendue et propice à tous les extrémismes, la rencontre entre musulmans et chrétiens s’avère urgente et indispensable. Nous devons poursuivre ce chemin du dialogue de la vie tel que le frère Charles l’a ouvert à Beni Abbès et Tamanrasset .

Pour toutes ces activités internationales (assemblées continentales et mondiale, mois de Nazareth, déplacement de l’équipe internationale) la Caisse internationale a besoin de ressources. De nouveau, nous relançons notre appel à une réelle solidarité entre fraternités des différentes régions.

Nous préparons un rapport annuel sur toutes les activités de la fraternité sacerdotale Jesus Caritas pour la Congrégation du Clergé conformément à notre engagement après l’approbation reçue en Avril de l’année passée.

Nous avons fait une approche des thèmes à traiter lors de notre prochaine rencontre de l’équipe internationale en Octobre au Kansas aux États Unis. Nous serons accueillis par Mark. Nous nous réjouissons de nous retrouver dans cette ambiance de fraternité, dans le partage de notre vie et au service de toutes les fraternités.

Nous nous confions à votre prière. Présentons à Jésus la vie de nos fraternités, même si nous ne nous connaissons pas tous : La vie des frères, leurs projets, leur santé, leurs inquiétudes, leurs joies .

Un grand « abrazo » fraternel en ces jours qui nous rapprochent de Pâques.

vernon-201603-08Jean-François et Aurelio

Vernon, Normandie, France,
le 18 Mars 2016

PDF: Lettre de Jean-François et Aurelio, Vernon, Mars 2916

Aux amis du diocèse 16

P. Grégoire CADOR
Tokombéré, le 22 décembre 2015

Aux amis
du diocèse de Maroua-Mokolo
et de Tokombéré

Chers amis,

La fête de Noël qui est là et la richesse de l’actualité des deux derniers mois m’invite à ne pas attendre début janvier pour vous écrire en espérant que mon courrier vous trouvera si ce n’est en bonne santé, du moins en de bonnes dispositions pour vivre ce qu’il vous est donné de vivre en ces jours bénis.

C’est encore le P. Christian qui fait la « une » aujourd’hui, mais cette fois c’est pour vous demander de penser à lui en cette fin d’année où il a dû, à nouveau, être évacué vers Paris pour se soigner et prendre un bon temps de repos. Il rejoint ceux et celles d’entre vous qui portez de gros soucis de santé actuellement et dont je sais que vous les unissez aux prières de tous à nos intentions… Que la fête de Noël soit une source de réconfort pour chacun et chacune d’entre vous.

Bien évidemment cela me renvoie aux belles rencontres que nous avons vécues à Paris mi-novembre. Bien qu’entachées par les ignobles « attentats de Paris » elles ont été l’occasion d’un échange très émouvant (pour moi en tout cas). Le témoignage des anciens qui ont passé quelques semaines ou plusieurs mois à Tokombéré et même celui d’une amie de longue date qui n’a pas encore eu la chance d’y venir, ont été l’illustration la plus probante de la nécessité et de la fécondité de la rencontre. La discussion à bâtons rompus du samedi matin a été aussi un moment très utile venant renforcer cette idée.

C’est, d’abord et avant tout, à cela que doivent travailler les associations membres d’Intertok et ceux qui les animent. Les finances sont très importantes, qu’il me soit d’ailleurs permis ici de remercier, du fond du cœur, tous ceux et celles qui nous soutiennent, certains depuis fort longtemps. Mais je dis et je répète à l’envie que le seul ciment de ce que nous voulons entreprendre de durable doit être l’Amour.

Je vous invite, si vous avez un peu de temps en cette période de fête à travailler ou à prier l’hymne à l’amour de St Paul en 1 Corinthiens 13, 1-8 (Cf. ci-dessous) Lisez le à voix haute et, à partir du verset 4, à la place du mot ‘amour’ mettez votre propre nom sans avoir peur d’aller jusqu’au verset 8… Alors vous comprendrez peut-être de quoi il s’agit quand nous parlons de vocation à l’éternité… Tout le reste n’est que paille emportée par le vent et n’a pas d’avenir !

Beaucoup parmi vous ont été touchés, voire même de près, par l’horreur et la brutalité froide qui ont endeuillé Paris et la France entière le 13 novembre dernier. Le « nous sommes ensemble », par lequel je termine habituellement mes lettres, prend tout à coup la couleur et le goût du sang… Comment ne pas évoquer au-delà de ce sang innocent versé par la méchanceté aveugle de certains, celui des enfants de Bethléem dont le cri des mères monte vers le ciel en une question hébétée et sans réponse ? C’est aussi le cri de nos communautés humaines du Nigéria, du Nord-Cameroun, du Niger et du Tchad qui, jusqu’à aujourd’hui et presque chaque jour, sont frappées par cette brutalité sans limites… (17.000 morts depuis 2009… 2.000 de plus que lors de ma conférence au Mans en mars dernier… Une moyenne de plus de 7 par jour de façon ininterrompue depuis 6 ans !).

On lit dans certains journaux que le problème est en voie d’être résolu… Quelle illusion ! Je crois qu’il n’en est rien quelle que soit la brutalité (ou, pour garder un langage plus diplomatique, la force de frappe) de la réponse apportée. On ne résoudra pas le problème de fond par la violence. Boko Haram (qui se fait désormais appeler « Etat islamique en Afrique de l’Ouest ») sort les crocs devant le déploiement de la force multinationale et l’arrivée des américains dans la région… Il est clair qu’ils veulent se faire une réputation d’invincibles dans le monde djihadiste et probablement essayer de devenir une référence incontournable dans la région… Ils sont prêts au sacrifice et ne s’arrêteront pas de sitôt.

La seule porte de sortie ou voie de salut, c’est l’exercice de la volonté libre et consentie d’aimer ses frères et de reconnaître sous ce vocable l’ensemble de l’humanité (Daech, Boko-Haram, Shebab, Seleka et autres compris…). Si, les chrétiens ne sont pas capables de donner leur vie pour cette cause je ne sais pas à quoi ils servent…

A une récente rencontre de prière pour la paix chaque vendredi, un jeune enseignant père de famille disait : « La paix de Jésus ce n’est pas l’absence de guerre, de violence, de soucis ou de tensions, mais la capacité de rester entre les mains de Dieu au cœur de toutes les situations que nous traversons.» Je trouve cela très beau et très vrai. Récemment St Paul nous disait quant à lui : « Ne soyez inquiets de rien, mais, en toute circonstance, priez et suppliez, tout en rendant grâce, pour faire connaître à Dieu vos demandes. Et la paix de Dieu, qui dépasse tout ce qu’on peut concevoir, gardera vos cœurs et vos pensées dans le Christ Jésus. » Ce sont de telles affirmations qui nous nourrissent notre détermination et nous permettent de garder le cap !

Attention à l’usure du temps qui fait que certains semblent peu à peu s’installer dans cette situation comme si elle devenait quasi normale… Résistons à la « mondialisation de l’indifférence » dont nous parle François. Il est urgent de réagir, parce qu’au-delà de l’horreur des situations vécues par les populations frontalières, chez qui la peur s’est installée comme une compagne de chaque jour, nous voyons petit à petit se mettre en place tout autour le « business » de l’aide aux réfugiés… Certains profitent abondamment de la situation et se font des fortunes en gérant l’argent qui tourne autour de la misère… Cela donne la nausée !

Pour « résister », il nous faut d’abord et avant tout « consister » comme le rappelle Fabrice Hadjadj. Il nous faut, à temps et à contretemps semer « autre chose »… une autre chose enracinée dans le regard de l’Homme Nouveau… Plus que jamais retentit ici la Parole de Baba Simon : « Je voudrais que tous voient Dieu et les hommes comme Jésus les voit ».

Je ne sais pas si vous avez eu l’occasion de lire la bulle d’indiction du jubilé de la miséricorde intitulée « Visage de la miséricorde du Père » du Pape François. Si ce n’est pas le cas je vous invite à le faire… Il y a là-dedans une foule de pistes concrètes pour bâtir cette « autre chose » en question…

Le Pape François a su toucher et interpeller très fort notre cœur d’africains en ouvrant la porte sainte de la cathédrale de Bangui avant même celle de St Pierre ! Nous prenons cela comme un signe très fort et un appel à témoigner de la miséricorde en nous laissant aimer et en essayant d’irradier cet amour au cœur des épreuves qui sont les nôtres et que nous partageons avec de plus en plus de gens à travers le monde… En passant, nous partageons aussi leurs joies comme ce fût le cas lors de la libération du P. Mourad en Syrie et ensuite des chrétiens de sa communauté jumelée avec la paroisse de la Couture au Mans…A Tokombéré nous avons célébré une messe d’action de grâce.

Mais attention toutefois quand on parle de miséricorde. Il y a de quoi s’inquiéter devant la récupération un peu rapide que certains font de cette notion si contraignante. Il est très facile de la transformer en un genre d’airbag évitant de se confronter au réel et permettant de se haïr gentiment en se faisant des sourires ! « Amour et Vérité se rencontrent, Justice et Paix s’embrassent. » Dans son discours à la Curie, il y a deux jours, le Pape François (encore lui !) rappelait au numéro 7 : « Charité et vérité. Deux vertus indissolubles de l’existence chrétienne: «Faire la vérité dans la charité et vivre la charité dans la vérité» (cf. Ep 4, 15); au point que la charité sans vérité devient idéologie d’un “bonnisme” destructeur et la vérité sans charité devient justice aveugle.» Il y a de quoi méditer et s’engager dans de vraies démarches de conversion !

De nos jours, beaucoup de choses semblent se vivre à fleur de peau, au niveau de l’émotionnel. Il est absolument nécessaire d’entrer en profondeur dans l’engagement pour ouvrir des issues (des portes !) dans un monde où la tentation de se refermer sur soi-même pend au nez de tout le monde… « Ouvrez-vous portes de justice… qu’il entre le Roi de gloire ! »

A Tokombéré nous continuons notre chemin au jour le jour en essayant de rester fidèles à nos convictions :

Ces derniers temps nous avons vécu la rentrée de la Promotion Féminine avec une belle assemblée rassemblant plus d’une centaine de femmes venues de divers secteurs de la paroisse. Catholiques, protestantes, adventistes et même un groupe de femmes musulmanes. Ces dernières ont été très touchées du discours des intervenantes qui ont insisté dans les conseils donnés sur le refus d’amalgame entre Boko-Haram et musulmans. Ce sont au total près de 300 femmes qui se rencontrent désormais deux fois par mois en moyenne dans 25 groupes disséminés sur le territoire de la paroisse.

Nous avons lancé le nouveau thème d’année dont je vous parlais la dernière fois, « vous êtes mes témoins », au cours d’une très belle assemblée paroissiale. Le P. Justin et M. Birguel du laboratoire de l’hôpital et membre de l’équipe d’Animation Pastorale ont fait remonter la réflexion vécue dans une petite centaine de groupes informels tout au long du trimestre en une très belle synthèse. Une des étapes de la réflexion consistait à évoquer les figures locales de témoins de Jésus déjà passé sur l’autre rive… Ce fut un beau florilège de gens parfois très simples dont le témoignage a marqué la vie de nos communautés… Cette relecture de la vie chrétienne locale est une expérience intéressante à faire qui permet de vérifier que la sainteté n’est pas un programme pour des gens extraordinaires mais qu’elle est à portée de tous…

La « rentrée » du catéchuménat a vu le nombre de catéchumènes de la paroisse passer de 390 à 420 et ce malgré les 80 baptêmes de l’an passé. Nous sentons aussi une plus grande attention des catéchistes à cet aspect de leur travail et un meilleur suivi de leurs groupes respectifs.

La traditionnelle fête des récoltes que nous célébrons toujours le premier dimanche de l’Avent a été l’occasion de rendre grâce à Dieu pour les fruits de la rencontre de son amour et de nos travaux. Nous avions retenu ce jour pour présenter en action de grâce, au milieu des milliers d’épis de mil, la médaille que le Pape a décernée au P. Christian (j’en ai parlée dans mon dernier courrier). Nous n’avions pas eu encore l’occasion de le faire avec l’ensemble de la paroisse. Ce fut très émouvant de pouvoir exprimer ainsi notre immense reconnaissance à Dieu et à la famille Aurenche pour le grain semé chez nous et qui, contre vents et marées, a porté tant de fruits…

Il aurait fallu prendre du temps pour parler de la belle rencontre dialogue au collège Baba Simon, des rencontres du « Secrétariat Général nouvelle formule », de la nomination du P. Justin comme nouveau responsable du comité diocésain de la liturgie, des rencontres de formation des « gardes suisses » chargés d’aider les militaires pour la sécurisation de nos célébrations, de la relance du mouvement Cop-Monde (ACE) et des activités des jeunes dans les secteurs et au Foyer central de Tokombéré, des trois mariages célébrés en cette période de Noël, de la récollection des ouvriers apostoliques de la zone Mayo-Sava si bien animée par notre nouveau vicaire général, de ma rencontre avec le Sultan de Mora pour lui apporter le message du Pape François à l’occasion des 50 ans du texte du Concile Vatican II sur le dialogue interreligieux et pour poser avec lui les bases d’une rencontre interreligieuse qui aura lieu courant janvier, de l’augmentation des effectifs dans les écoles du diocèse alors que l’Unicef vient de publier un rapport très alarmant : « Plus de 2.000 écoles ont été fermées au Nigeria, au Cameroun, au Tchad et au Niger, – L’insurrection menée par le groupe islamiste Boko Haram empêche plus d’un million d’enfants d’aller à l’école » Mais je préfère m’arrêter là pour ne pas vous saturer quitte à revenir sur l’un ou l’autre de ces sujets la prochaine fois !

Des amis très chers m’ont envoyé récemment un très beau texte de Mgr Claverie sur la rencontre. Je ne résiste pas à l’envie de vous le partager. Vous le trouverez ci-dessous.

Je termine en formulant, pour vous, vos familles et ceux avec qui vous partagez la vie au quotidien, ces vœux que j’emprunte à St Bernard : « Faites ce que vous pouvez avec la grâce de Dieu et, par l’humilité, suppléez aux manques de votre charité. »

Bon Noël et Bonne année 2016

Plus que jamais… «Nous sommes ensemble» !

Grégoire

Texte de Mgr Claverie sur la visitation : (Référence inconnue)

La Visitation est un lieu important pour avoir une attitude juste vis-à-vis de l’autre, qui consiste à porter ce que l’on porte comme Marie portait son enfant donc être soi-même, se laisser habiter par son enfant par Jésus, par l’homme nouveau. Mais aussi aller vers l’autre en lui révélant par la confiance, par l’amitié ce qu’il porte de beau. Cette parole prophétique qu’Éli­sabeth portait, c’était Jean Baptiste. Marie porte en elle l’enfant de la promesse, Dieu est à l’œuvre en elle, l’Es­prit l’habite et la pousse à la rencontre d’Élisabeth qui porte aussi un enfant promis et donné par Dieu dans sa vieillesse. Dans la salutation, ce que les femmes por­tent tressaille en elles. Plus tard, Jésus sera l’homme de ces rencontres où chacun révèle le meilleur de lui-même. Il n’impose pas sa vérité mais l’autre finit par découvrir qu’il répond à son attente la plus profonde. C’est ainsi que nous sommes appelés à rencontrer les autres, non-chrétiens, musulmans ou autres, d’abord en portant en nous le Christ vivant et non quelque vérité extérieure ou quelque idéologie, en allant vers l’autre avec respect car nous croyons qu’il porte aussi en lui une part de la vérité que nous cherchons. Dieu a déposé en lui des richesses qui nous manquent pour que Jésus même nous révèle la plénitude de sa richesse. En nous mettant à son service, et non en lui imposant notre présence et notre volonté – comme Marie auprès de sa parente plus âgée – en cherchant à valoriser ce qu’il porte de bon à nos yeux comme nous le demande le Concile – « promouvoir les valeurs des autres » en demeurant l’un chez l’autre assez longtemps pour que naissent la confiance et les mots pour dire ce qui nous tient le plus à cœur. Ce faisant, et dans l’humilité, nous donnons ainsi à l’autre la possibilité d’accueillir Jésus même.

1 Corinthiens 13 1-8

01 J’aurais beau parler toutes les langues des hommes et des anges, si je n’ai pas la charité, s’il me manque l’amour, je ne suis qu’un cuivre qui résonne, une cymbale retentissante. 02 J’aurais beau être prophète, avoir toute la science des mystères et toute la connaissance de Dieu, j’aurais beau avoir toute la foi jusqu’à transporter les montagnes, s’il me manque l’amour, je ne suis rien. 03 J’aurais beau distribuer toute ma fortune aux affamés, j’aurais beau me faire brûler vif, s’il me manque l’amour, cela ne me sert à rien. 04 L’amour prend patience ; l’amour rend service ; l’amour ne jalouse pas ; il ne se vante pas, ne se gonfle pas d’orgueil ; 05 il ne fait rien d’inconvenant ; il ne cherche pas son intérêt ; il ne s’emporte pas ; il n’entretient pas de rancune ; 06 il ne se réjouit pas de ce qui est injuste, mais il trouve sa joie dans ce qui est vrai ; 07 il supporte tout, il fait confiance en tout, il espère tout, il endure tout. 08 L’amour ne passera jamais.

Lettre d’Advent 2015, frère responsable

Chers frères,

adviento2015-01en Advent nous avons un espace important pour notre renouvellement personnel et communautaire des valeurs de l’Évangile que nous devons intégrer dans notre vie: attendre le Messie en préparant la maison intérieure; attendre avec les frères et les soeurs de nos communautés en préparant un endroit ouvert pour l’accueil, sans nous fermer par les peurs, les préjugés ou la sensation d’être uniques pour faire bien les choses; attendre avec joie parce que l’Enfant devient à nouveau un enfant et non adulte; attendre dans cette Année de la Miséricorde, dans cette adviento2015-02année aussi du Centenaire de la Pâque du frère Charles, que les hommes sont miséricordieux et qu’un dommage cesse d’être fait, la mort, la souffrance, soyez par les fundamentalismes religieux ou par mépris à la vie de les autres et de ses droits. Les valeurs de la paix, du dialogue, du pardon, de la tolérance, la miséricorde, ne sont pas les plus cultivés dans notre monde. Nous tenons seulement d’eux en compte quand nous avons le danger près ou nos privilèges se découpent. Il nous donne parfois la sensation de ce que rien ne peut changer, ou que tout va à pis. Le pape François nous invite à sortir de nos pessimismes, des échecs, des méfiences… Que le Messie nous apporte cette paix, la fin de la douleur des réfugiés de guerre, la fin du trafic d’armes, d’êtres humains, de drogue et de richesses qui font les plus pauvres aux pauvres. Que le Messie de Dieu naisse chez la Marie des plus petits et humbles encore une fois, et qui se remet la joie, les Droits de l’homme, le pain et le sourire. C’est triste voir ces jours des familles qui font des photos avec des armes à la main, inclus des enfants, pour féliciter le Noël à ses amis ou des parents. Triste et pathétique, mais réel.

adviento2015-03L’Advent est le temps propice pour mettre la journée de désert à profit pour nous permettre de porter par le Seigneur; le temps d’espérance et de renouvellement intérieur. Le désert nous met à notre place à chacun, en comprenant nos limites et misères. Le désert dans l’Advent a un goût à une attente de l’ami ou du parent dans la station du train, ou des autobus, ou dans un aéroport; voyons nous à Jesús baisser par le petit escalier, ou apparaître avec beaucoup de gens avec ses légers bagages et en levant la main pour dire « ici je suis, merci pour m’attendre, pour venir à me recueillir ». “Il n’y a pas de meilleur lieu que le désert pour écouter l’appel de Dieu à changer le monde. Le désert est le territoire de la vérité. Le lieu où on peut vivre l’essentiel. Il n’y a pas d’endroit pour le superflu. On ne peut pas vivre en accumulant des choses sans nécessité. Le luxe et l’ostentation n’est pas possible. Le décisif est de chercher le chemin atteint d’orienter la vie ». (Commentaire de J.A. PAGOLA á Lc 3,1-6) Jésus est près.

Toutes les nouvelles qui arrivent à propos du commencement du Centenaire de la rencontre définitive avec le Père du frère Charles, dans tant de parties du monde, entre les gens simples et dans les fraternités de toute la Famille de Charles de FOUCAULD, me remplissent de joie et d’espérance; tous nous sommes profondément appelés de vivre ce qui est l’Abandon; pouvoir dire avec le coeur à la main « fais de moi ce que tu veux ». Mettons-nous dehors la peur de l’inespéré. Ouvrons la porte à ce qu’il arrive. Vivre le Centenaire depuis le charisme qui nous unit comme Famille est cultiver l’amitié avec les gens, il est être avec ce qui a besoin de nous, c’est vivre selon l’Évangile. Comme nous disions dans la Lettre de Perín l’équipe internationale, c’est approfondir dans ce message de fraternité universelle de Charles de FOUCAULD, si nécessaire pour notre monde et notre Église, en évaluant ce que nous recevons des plus simples et dont ils souffrent soyez où il est.

adviento2015-04Nous devons dire dans nos paroisses que, comme le frère Charles, les hommes de Dieu ont beaucoup de choses que nous dire, au-dessus des tristes messages, des messages superficiels ou frivoles, les appels à la sécurité personnelle ou à la consommation et ostentation . Charles de FOUCAULD commente de cette manière Mt 5,3 (“Bienheureux les pauvres d’esprit parce que c’est de ceux-ci le Royaume des Cieux”): “Attendons! Le salut est près; le ciel est près … Une seule une chose est nécessaire: être pauvre d’esprit … Un pauvre d’esprit est d’être vraiment pauvre au fond de notre âme; vraiment détaché de tout, non seulement des biens matériels, du désir des mêmes, mais s’oublier de lui même, avoir l’âme vide de tous les désirs de ce monde… Vide de tout et plaine de Dieu … Au Dieu nous aurons ces désirs pour les autres … Mais tout à Dieu: seulement Il nous remplira« .

adviento2015-05Nous avons vécu avec préoccupation la visite du pape François à l’Afrique, comme messager de paix et de miséricorde. Nous avons partagé sa rencontre avec d’autres cultures et avec l’Islam; cet homme vaillant qui porte Jesús où il va, bien qu’il soit comme un chef d’État parfois et entouré d’une sécurité, nous donne une espérance et nous rend la joie d’être dans le travail par le Royaume comme prêtres diocésains. La miséricorde qu’il montre avec sa vie, dans les pas qu’ils font renouveler à l’Église pour ce qu’elle soit réellement l’Église de Jesús, les difficultés qu’il trouve à l’intérieur de la même Église, sans doute tout cela est une action de l’Esprit. Unissons notre prière par lui et par tout celui que nous allons recevoir de lui avec son mot et témoignage dans cette Année de la Miséricorde.

adviento2015-06Unissons aussi notre prière pour que les conclusions du Synode de la Famille s’ouvrent à l’Église à avancer dans la lutte par la vie, la vie des personnes, celles qui se sont trompées dans ses mariages, celles qui sont regardées mal par sa condition sexuelle, les personnes qui se sentent et sont chrétiennes, mais qui ne s’adaptent pas au modèle établi. Tous nous connaissons des divorcés, séparés, des gens de foi, et que jusqu’à présent s’ont senti marginaux par l’Église. Nous pourrions penser: de combien de frères prêtres ou des amis ou des amies sommes-nous divorcés? Pourquoi parfois avons-nous comme les ennemis à qui ils partagent notre ministère? Qu’est-ce qui casse la communion ecclesielle, les idées ou les personnes qui ne nous plaisent pas qu’ils ont ces idées ou attitudes?

Dans le Synode de la Famille il a été présent et non seulement avec sa voix, mais aussi avec son vote, Hervé JANSON, le prieur général des Frères de Jesús: nous avons à remercier son témoignage de famille de Nazareth et son courage pour casser des schémas « d’une bonne conduite ».

adviento2015-07Merci, Hervé, par la simplicité avec laquelle tu exprimais cette fraternité universelle d’être avec les plus petits, dans la fidélité au charisme de Charles de FOUCAULD et comme la personne qui vit l’Évangile dans les derniers lieux. Nazareth n’est pas seulement le référant pour nous; il est aussi le modèle de communauté domestique et paroissiale, de fraternité.

En s’éveillant à nos frères malades, en s’éveillant aux frères dans des pays dans une guerre, ou dans une situation de pauvreté extrême, en s’éveillant à tous, je vous désire depuis mon coeur un Advent de renouvellement et d’un Noël où nous permettions que Jesús devienne présent dans notre vie, dans les décisions, dans nos relations, à notre travail.

adviento2015-08Une embrassade d’espérance, et pardon par mon Français si déficient.

Votre frère

Aurelio SANZ BAEZA, frère responsable

Perín, Carthagène, Murcie, Espagne, 8 de décembre de 2015,
solemnité de l’Inmaculée Conception de Marie et commencement de l’Année de la Miséricorde

PDF: Lettre d’Advent 2015, frère responsable, FRANÇAIS

Lettre de Perín, Octobre 2015

LETTRE DE PERIN
EQUIPE INTERNATIONALE
FRATERNITE SACERDOTALE JESUS CARITAS

Perín, Espagne Octobre 2015

Chers frères,

perin2015-01Emmanuel, Jean-François, Félix, Mark, Mauricio et Aurelio, nous avons vécu notre encontre annuelle à Perín, près de Carthagène, en Espagne, dans la maison d’Aurelio, célébrant son 60ème anniversaire, avec notre regard fixé sur vous, tous nos frères en fraternités, vivant au milieu des gens qui nous ont accueillis et inspirés. La joie de nous retrouver et de travailler ensemble a été pour nous un cadeau du Seigneur. Les passagers des aéroports d’Alicante et de Murcia dans la Zone d’arrivée ont peut-être encore en mémoire les accolades que nous avons échangées quand nous nous sommes retrouvés.

CE QUE NOUS AVONS VECU

perin2015-02Dans l’office des Laudes prié en commun, l’adoration, la célébration Eucharistique accompagnée par la pluie d’automne, nous nous sommes sentis portés par votre prière, par l’appui de notre frère Charles qui intercède pour nous et par le témoignage prophétique du Pape François dans le Synode de la Famille que nous avons suivi avec grande attention.

perin2015-03Ensemble nous avons participé à une rencontre avec l’Evêque de Carthagène, José Manuel LORCA PLANES, et aussi à un repas avec la famille de Charles de FOUCAULD de Murcia, accueillis par le fraternité séculière, la fraternité Charles de Foucauld, les petites sœurs de Jésus – avec Anita, la conseillère de l’équipe de Tre Fontane à Rome – et la fraternité sacerdotale, nous sentant en communion ecclésiale et unis dans le charisme de cet perin2015-04homme de Dieu qu’a été notre frère Charles qui nous appelle dans ce centenaire qui coïncide avec l’année de la Miséricorde, convoquée par le Pape François, à une conversion au dialogue, non seulement entre nous mais aussi avec nos frères prêtres du presbyterium diocésain et également avec toute personne croyante d’autres religions ou incroyante. Dans cette perspective, nous sommes appelés à une conversion réciproque dans un respect mutuel. Nous désirons dialoguer mais non imposer notre opinion. Depuis la rencontre de Viviers en Juillet dernier, s’affirme cette dimension si importante de notre charisme.

perin2015-05Nous avons noué des relations, et célébré avec beaucoup de gens de Perín, des personnes aimables, très proches et très cordiales. Et nous avons appris de l’expérience de ces rencontres familières comment tout chrétien est à l’écoute de toute personne humaine, dans la rencontre au cœur de sa vie quotidienne. Tout homme et toute femme est pour nous un frère et une sœur.

Nous avons été impressionnés par les Eucharisties célébrées dans les résidences des personnes âgées à Perín. Ces frères et sœurs ainés qui sont souvent dans nos sociétés occidentales oubliés et mis à l’écart nous ont rappelé que Dieu est présent à toutes les étapes de la vie humaine : que nous soyons enfant, adolescent, jeune, adulte ou plus âgé. Dans ce Nazareth de nos anciens, nous avons compris que pour toute personne humaine il n’y a pas de date de péremption.

Nous avons visité à Carthagène les projets de la “Fondation Tienda Asilo de San Pedro » où travaille Aurelio, et nous avons rencontré les personnes qui y travaillent : les équipes, les volontaires, les bénéficiaires.

perin2015-06Nous avons fait connaissance avec le Foyer Torre Nazaret, de la Fondation: ce « Nazareth » simple et humain qui consiste à vivre dans la proximité des malades du VIH sida et de ceux qui sont marqués par la drogue, la prison, la rue comme aussi par toute forme d’exclusion sociale, mais qui aujourd’hui peuvent retrouver leur dignité, une partie de leur santé et mener une vie normale. C’est comme une grande famille qui assume pleinement toutes les conséquences lorsque la vie devient un problème. Nous avons eu le sentiment que ces personnes nous aimaient sans nous connaître.

LES APPELS QUE NOUS AVONS RECUS

Au cours de cette semaine, nous avons reçu de nombreux appels :

· perin2015-07Un appel très important à vivre le centenaire du Frère Charles non pas comme un mémorial du passé mais comme une célébration de l’actualité de son message de fraternité universelle. Le Pape François a cité plusieurs fois le témoignage de Charles de FOUCAULD : (dans l’encyclique Laudato Si au N° 125, comme un exemple d’évangélisateur, à la veillée du Synode sur la Famille comme inspirateur du modèle de famille de Nazareth) Ces constantes références nous remplissent de joie et nous nous sentons à cent pour cent avec notre Pape.

· perin2015-08Un appel à apprendre à partir de Nazareth une attitude profonde qui unit la contemplation avec la proximité des pauvres et l’expérience de notre fragilité comme le lieu de l’accueil de la puissance du Ressuscité. Nous sommes appelés à vivre la fraternité universelle de façon réaliste, sans faire de théories.

· Un appel à donner la priorité à la journée de désert. Nous constatons que le désert mensuel est difficile à vivre pour les prêtres si surchargés de travail et parfois par la routine de fonctionnaires. Absorbés par ces tâches pastorales nous reportons à plus tard notre journée de désert. Et cela devient une mauvaise habitude. Nous pensons toujours à faire, à faire et à faire…alors que nous oublions de nous mettre à l’écoute du Seigneur et à nous laisser chercher par Lui.

· perin2015-09Un appel à aller prioritairement vers les périphéries géographiques et « existentielles » ( les situations des personnes avec leurs problèmes). Nous ne pouvons pas éluder notre vocation sacerdotale comme appel à annoncer la Bonne Nouvelle, non pas comme une expérience de laboratoire pastoral ou de tourisme spirituel, mais comme un appel à demeurer avec les plus pauvres. Depuis Nazareth, le Seigneur Jésus nous invite à être les voisins des pauvres, avec leurs problèmes de santé, de solitude, de pauvreté. Il a vécu au milieu d’un peuple pauvre, opprimé, oublié. Si nous ne sommes pas avec les pauvres, nous n’entendrons pas ce que Jésus veut nous dire. Faisons une nouvelle lecture de Laudato Si et de Misericordiae Vultus (N°15)

· perin2015-10Un appel à la conversion, renouvelant notre compréhension de la Miséricorde : Soyons les témoins de l’amour de Dieu. Souvenons-nous de l’appel de Saint Paul en II Co.12,9 que Frère Charles relisait souvent : « Ma grâce te suffit car ma puissance donne toute sa mesure dans la faiblesse ».

LES CHOSES QUE NOUS AVONS PREPARÉES ET ÉTUDIÉES

perin2015-11Nous avons travaillé sur la prochaine Assemblée Panaméricaine à Cuernavaca au Mexique du 15 au 20 Février 2016 : les Régions du Québec-Acadie, des Etats Unis, du Mexique, de la République Dominicaine, du Brésil, de l’Argentine et du Chili, avec un représentant de la Fraternité qui est en formation en Haïti et un autre frère du Guatemala vont se rencontrer pour la première fois en dehors des assemblées mondiales. Nous apprécions très positivement le travail de coordination de Fernando TAPIA, responsable du Chili qui a déjà collecté presque toutes les réponses au questionnaire préparatoire envoyés par les régions et nous remercions vivement les frères du Mexique pour l’accueil qu’ils nous préparent. Nous ne pouvons pas contacter les sept frères de Cuba qui forment une fraternité avec les petits Frères de Jésus à cause du contrôle du Gouvernement.

La prochaine Assemblée de l’Asie se tiendra aux Philippines en Juillet 2016. Le Frère Arthur Charles travaille à sa préparation avec les frères des Philippines. Le mois de Nazareth au Myanmar en juillet passé a rendu possible les contacts entre de nombreux frères d’Asie et renforcé les liens et le sentiment d’appartenance à la fraternité. Il y a des fraternités, comme celles de la Malaisie de l’Indonésie et de l’Australie dont nous avons peu de nouvelles. Nous demandons à Arthur, comme responsable, qu’il renforce les relations avec ces frères.

Nous avons passé du temps pour réfléchir à la prochaine assemblée mondiale de la Fraternité qui se tiendra du 15 au 30 Janvier 2019 à Bangalore en Inde. Nous avons encore trois années pour définir les objectifs, la méthodologie et les contenus.

perin2015-12En ces jours nous avons aussi évoqué notre souci pour la santé de quelques frères qui nous sont très chers : Michel PINCHON, Giuseppe COLAVERO, Tony PHILPOT, Howard CALKINS… nous voulons leur dire que nous sommes en grande communion avec eux dans ces moments difficiles. Que ne leur manque ni notre prière ni notre affection.

Mark a dressé un bilan des finances de la Fraternité internationale qu’il enverra à tous les responsables régionaux. Nous pensons qu’il est nécessaire que toutes les régions apportent leur contribution financière à la Caisse internationale à la mesure de 10% des cotisations des frères. Ainsi, quelques régions des pays occidentaux pourront réviser les critères de leurs contributions, alors que les besoins sont nombreux. Un pauvre qui donne un peu, un autre pauvre qui donne un peu…au final c’est plus que ce que donne un seul riche.

perin2015-13Une bonne nouvelle est aussi la reconnaissance du statut de droit pontifical par la Congrégation du Clergé pour notre fraternité sacerdotale Jesus Caritas.

Nous rappelons à tous ce moyen de communication entre nous tous plus facile et plus rapide à travers le site: www.iesuscaritas.org qui veut être au service de toutes les fraternités.

Comme équipe internationale, fraternité de 6 frères venus de quatre continents, nous disons un grand MERCI à vous tous : merci pour votre prière, merci pour les contributions financières qui viennent de nombreux pays et aussi de nombreux frères, merci pour faire une place dans votre cœur et dans votre maison au service du Royaume de Dieu, à la Bonne nouvelle, à la joie d’être chrétiens et de nous regarder les uns les autres avec les yeux de Jésus.

A Perín, nous avons vécu chaque jour en pensant à vous, à la réalité de chacun de vos pays , parfois dure et difficile, valorisant les personnes et non leurs capacités, les regardant dans les yeux et non à travers nos lunettes, encourageant leur cœur et non leur intelligence.

Merci.

Que Dieu, Père, Fils et Esprit saint, la Vierge Marie et le frère Charles vous bénissent !

Un grand « Abrazo » de vos frères

perin2015-14Emmanuel, Jean-François, Félix, Mauricio, Mark et Aurelio

Perín, Carthagène, Murcia, Espagne le 28 Octobre 2015 en la fête des Apôtres Saint Simon et Saint Jude

PDF: Lettre de Perín équip.inter fraternité 28octobre2015 FRANÇAIS