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Centenaire Charles de Foucauld
L’année du Centenaire de la mort de frère Charles va commencer bientôt.
Nous vous invitons à la vivre, autant que possible, en communion avec tous les membres de la Famille Spirituelle.
Questionnaire Vie et Mission première Assemblée Panaméricaine
LA VIE ET MISSION DE NOS FRATERNITÉS SACERDOTALES EN AMERIQUE
RAPPORT DE CHAQUE PAYS
PAYS :
NOMBRE DE PRETRES APPARTENANT A NOTRE FRATERNITÉ :
MOINS DE 40 ANS : PLUS DE 40 ANS :
NOMBRE DE FRATERNITÉS LOCALES DANS CHAQUE REGION :
SPIRITUALITÉ
Notre Fraternité Sacerdotale IESUS CARITAS possède certains moyens qui nous sont propre pour développer notre Vie dans l´Esprit, suivant les pas de notre Frère Charles. J´énumèrerai les plus importants et vous prierai de les qualifier utilisant les concepts suivants : suffisamment développé – régulièrement développé – peu développé – pratiquement pas développé :
Adoration eucharistique quotidienne :
Jour de désert :
Rencontre mensuel de la Fraternité :
Révision de vie :
Prière d´abandon :
Retraite spirituelle annuelle :
Mois de Nazareth :
Vie et Mission du Frère Charles :
FRATERNITÉ
Notre Fraternité Sacerdotale a pour structure fondamentale « la petite communauté de prêtres » (5 ou 6 frères) qui se réunit une fois par mois et qui tente de vivre la vie fraternelle non seulement lors de rencontres mais également de diverses autres manières tout au long du mois et également avec toutes les autres fraternités locales de la région ou du pays.
2.1. Quelles sont les tentatives faites dans ton pays pour renforcer les liens fraternels à l´intérieur de chaque Fraternité locale et avec les autres Fraternités de la Région et/ou du pays ?
2.2. La communication entre les fraternités locales est-elle fluide ? Quels sont les moyens employés?
2.3. Les Fraternités entre elles s´accompagnent-elles afin de demeurer fidèles aux moyens qui favorisent la croissance spirituelle ?
2.4. Quelles sont les structures de coordination que possèdent les Fraternités locales au niveau de la Région et/ou du pays ?
2.5. Quelles sont les instances de rencontre que vivent les Fraternités locales au niveau de la Région et/ou pays ?
2.6. Quel rôle jouent le Responsable National et les Responsables Régionaux ?
MISSION PASTORALE
En tant que prêtres diocésains, inspirés selon le charisme de notre Frère Carlos, nous savons que nous avons pour mission la évangélisation des plus abandonnés et éloignés de la foi chrétienne, évangélisation qui s´exprime principalement à travers notre style de vie et notre témoignage. Ou comme le disait le Bienheureux Charles : « Apostolat de la bonté », « crier l´évangile par sa propre vie ».
3.1. Dans mon pays, de quelle manière est-on en train de travailler le thème de « notre style de vie sacerdotale » ? A quelles conclusions en sommes-nous arrivés ?
3.2. De quelle manière est-on en train de travailler le thème de « notre mode de pratique pastorale » ? A quelles conclusions en sommes-nous arrivés ?
3.3. Selon les orientations du Pape François, a quelles « périphéries géographiques et existentielles » sommes-nous parvenus dans notre mission évangélisatrice ?
3.4. Pouvons-nous dire que les Fraternités de notre pays ont choisi « l´option préférentiel pour les pauvres », pour ses luttes, comprenant qu´il existe diverses formes de pauvretés ? Quels sont les signes concrets de cette option ?
3.5. Avons-nous un type de dialogue œcuménique ou interreligieux dans nos pays?
LIENS DANS NOTRE FRATERNITÉ SACERDOTALE IESUS CARITAS
4.1. Nous savons que le charisme de notre Frère Charles est partagé par les laïcs et les religieux/ses, ensemble qui a pour nom la « Famille Charles de Foucauld ». Dans notre pays, existe-t-il des liens avec cette famille ? Lesquels ? Comment fonctionnent-ils ? Qu´en ressort-il de positif ? Réussites ?
4.2. Nous avons également conscience que nous appartenons à une Fraternité Sacerdotale déployée dans divers pays. Quels sont les liens que nous avons avec les autres pays ? Avec l´Equipe Internationale ?
4.3. En tant que prêtres diocésains nous appartenons à un presbyterium. Y sommes-nous présents? Quelle est notre participation? Notre apport? Mentionner quelques faits significatifs.
4.4. En tant que Fraternité Sacerdotale, reconnue par le Saint-Siège, nous avons une présence institutionnelle dans chacun des pays dans lesquels nous sommes présents. Avons-nous quelques liens avec la Conférence Episcopale ? De quel type ?
CROISSANCE AU SEIN DE NOTRE FRATERNITÉ
Nous sommes convaincus que le charisme de notre Frère Charles a fait beaucoup de bien à l´Eglise y pourra continuer à le faire si tous les membres de la « famille Foucauld » demeurent fidèles á ce charisme. Pour cette raison, non seulement nous sommes intéressés par la croissance spirituelle de notre Fraternité mais également par sa croissance numérique.
5.1. De quelle manière notre Fraternité Sacerdotale s´est-elle fait connaitre aux autres prêtres des diocèses dans lesquels nous sommes ?
5.2. Quelle perception ont-ils de notre Fraternité, spécialement les prêtres les plus jeunes ?
5.3. Avons-nous essayé par le moyen d´une présentation, action de nous faire connaitre aux séminaristes et à leurs formateurs ? Quel résultat?
5.4. Comment avons-nous accompagné les prêtres ou séminaristes ayant montré un certain intérêt à mieux nous connaitre et éventuellement à s´intégrer à notre Fraternité ?
5.5. La Fraternité a-t-elle une certaine politique définie concernant les prêtres désirant et ayant pris la décision de s´intégrer à elle ? Pour accompagner une éventuelle et nouvelle Fraternité locale ?
Chers Frères,
Je vous exhorte à envoyer vos rapports d´ici le 15 Octobre en trois langues (anglais, français et espagnol)- et ainsi obtenir la vision la plus objective possible de ce qui se passe dans les Fraternités de nos pays. Ainsi je peux les transmettre aux participants pour étude.
Je vous prie de venir à l’Assemblée elle-même avec une exposé sous forme de Powerpoint (PPT), des aspects qui semblent les plus significatifs dans la vie et la mission de leur fraternités. Chaque représentant disposera de 20 minutes maximum pour exposer.
Merci beaucoup,
P. Fernando Tapia
Coordinateur de l´Assemblée.
DOC: FRANÇAIS Questionnaire Vie et Mission première Assemblée Panaméricaine
(Português) Experiência de Deus na vida de Charles de Foucauld (Inácio José do Vale)
À cause de Jésus et de l’Évangile – PRÊTRES AUJOURD’HUI
Le présent document est le fruit d’une réflexion de prêtres diocésains du Québec et du Nouveau-Brunswick engagés dans des ministères variés et appartenant à la Fraternité sacerdotale Jesus Caritas. Il se propose d’examiner la situation actuelle du prêtre à la lumière de l’Évangile et de la spiritualité de Charles de Foucauld. Comme je l’écrivais au petit comité chargé d’amorcer la réflexion2, «c’est à ce niveau que nous pouvons offrir un apport original à cette question débattue depuis plusieurs années et regardée trop souvent sous l’angle du voir. Il pourrait alors se dégager un AGIR, des pistes d’action ou un renouvellement des attitudes de nature à nous stimuler comme prêtres et à nous faire revenir à l’essentiel, avec comme guides l’Évangile et le frère Charles».
Plus dans le document PDF ci-dessous: Prêtres aujourd’hui Fraternités Région Québec – Acadie
SAINT CHARLES DE FOUCAULD : J’AI EU UN RÊVE
Ce fut un événement très simple : les petits et les humbles ont vécu avec le pape François la canonisation du « Frère Universel »
Charles de Foucauld est mort d’une « surdose d’humanité ». C’est la vraie raison pour le proclamer Saint. Jamais il n’aurait imaginer une telle « Gloire du Bernin », faite avec beaucoup d’amour par les touaregs sur la grande haima qu’ils ont édifiée près de Tamanrasset et composée de trois morceaux de toile bleue et de pierres locales : morceaux de vie des gens de cette terre et de la planète, œuvre de Dieu ; pierres qui ne sont pas des armes qui font peur, mais le patrimoine d’un monde merveilleux qui nous nourrit et nous conduit comme disait François d’Assise dans son cantique des créatures.
Le pape François a aimé parler en arabe avec son accent argentin. Un fort vent lui a arraché ses feuilles qui se sont envolées dans les dunes, et il a continué en parlant espagnol ; et tous l’ont compris chacun dans sa propre langue et culture, avec sa couleur de peau distincte et le cœur ouvert à cette fête et au partage. Le maître Jésus nous a donné une leçon de fraternité universelle, un maître fou pour ses disciples et les humains ; un rêveur libre qui répète son engagement avec nous dans chaque geste d’amour. Le pape nous a partagé le pain des plus pauvres, celui que Jésus donna à ses amis, comme il l’avait fait lors de la canonisation de Monseigneur Romero qui fut toujours « Saint Romero des Amériques » ; Ce pain qui est reçu par les pauvres et par celui qui a besoin de la miséricorde de Dieu et de celle du prochain. C’est ce pain que Frère Charles n’a pas pu partager en grande ou petite célébration quand il a vécu en terre africaine, mais qu’il sut rendre présent par sa vie, sa condition de voisin et d’homme de Dieu, dans le Nazareth du partage quotidien, lui-même fragile et humble qui avait besoin des autres.
Ce fut une grande joie d’être avec des gens du monde entier parmi les plus humbles ; croyants et non croyants, chrétiens ou non, tous ceux qui au-delà des formes religieuses cherchent la paix, l’égalité entre tous, le bien commun. Il n’y avait pas les ornements voyants, ni les tuniques dorées, ni cardinaux, ni évêques, ni curés, ni uniformes, ni armes même si celles-ci sont simplement décoratives. On sentait simplement la présence de Jésus, fait homme pour nous et devenu l’ami de tous par la volonté du Père des miséricordes. Il abrite en son cœur tous les pauvres du monde, ceux qui fuient la guerre et les victimes du système économique . C’est Jésus toujours crucifié en ceux qui n’ont rien et Jésus ressuscité en chacun, en celui qui commence à naître.
Ils sont tous là comprenant cette cérémonie sans grandes offrandes, sans l’hypocrisie du protocole diplomatique. Eux, sans droit à la parole, à la santé, à l’école ou à l’université, à la possibilité de vivre dignement avec un toit ou une maison, privés de nourriture ou de leur propre terre ; ils sont là des milliers sans bruit ni grands discours, eux qui n’avaient jamais entendu parler du Frère Charles ni de Jésus de Nazareth.
On trouve Shilma, réfugiée du sud-est asiatique :Myanmar, mère de six enfants, apatride et sans ressources, visage de millions de personnes victimes de diverses ségrégations ; son mari Modid recherche chaque jour comment alimenter sa famille et lui-même souffre de tous les effets de la malaria,
Golu, indien de dix ans, fouille les poubelles et doit faire vivre sa famille avec un seul repas de riz quotidien. Golu rêve du jour où il pourra étudier, et faire respecter ses droits.
Margarita de Mexico-city qui prend soin de son petit-fils totalement handicapé depuis vingt ans, luttant pour sa famille ; c’est une femme de grande foi ; elle est convaincue que la prière et sa confiance en Jésus sont sa force principale. Elle prie la Vierge de Guadalupe non seulement pour son petit-fils ou sa famille ou ses voisins, elle prie pour les plus pauvres de quelque nationalité qu’ils soient.
Aboubakar, un adolescent du Burkina Faso, dénutri, porteur du V.I.H. transmis par ses parents, souriant, impressionné, car il n’est pas le seul du monde qui ait des problèmes ; ses grands yeux me font penser aux yeux du Créateur.
Hadmed, soixante ans, a vécu presque la moitié de sa vie dans le camp de réfugiés de Yarmuk en Syrie. La guerre est son unique compagne quotidienne comme le mp3 rivé aux oreilles d’un jean européen ou américain; il pense à la paix, la paix entre les enfants du même Dieu que l’on prie dans les mosquées, les églises, les pagodes ou les synagogues.
Et Terry, qui au bord de la mer à Cairns au nord de l’Australie, se déplace difficilement avec son unique jambe. Il a perdu l’autre à cause d’une mauvaise circulation sanguine. L’alcool court dans ses veines, ainsi que les mauvais souvenirs d’avoir tout perdu : travail, famille, amis …. Il s’en remet chaque nuit à la bonté des volontaires d’un refuge pour pauvres. Malgré tout il continue de rire et de parler avec tous, c’est un grand bavard ; Je crois que le seul qui l’écoute c’est Warrior, son vieux chien sourd. Il dit qu’il n’a pas de religion, mais qui sait ….
J’ai connu Raquel une espagnole, habituée des rues obscures de Carthagène où elle travaille pour continuer à consommer de l’héroïne et de la cocaïne. Raquel est transsexuelle et n’a jamais trouvé sa place dans sa famille ou dans la société ; pour tout revenu elle se prostitue pour survivre, mais en vérité ce qui lui donne vie c’est l’amitié de ses compagnes, leur appui quand elle est à peu près bien. Elle porte un chapelet au cou, cela dit-elle lui donne de la chance et la protège ; mais elle a honte d’entrer dans les églises parce qu’on la regarde de travers ; alors elle prie Dieu et la Vierge quand elle passe à proximité d’une église.
Et je pourrais continuer à raconter les vies et les milliers de visages de Jésus en cette canonisation du Frère Charles présidée par l’amour de Dieu et les appels à considérer chaque être humain comme un frère ou une soeur. Par les autres nous apprenons à être digne d’un même Père. Les uns récitent « la prière d’abandon » d’autres ferment les yeux et rêvent d’un monde meilleur, d’autres comprennent que la fraternité est une façon de grandir en spiritualité et en engagement, d’autres encore sentent qu’il ne sont pas seuls.
Nous nous regardions les uns les autres, et il n’y avait aucune méfiance entre nous, et nous avons compris que le message de Jésus dépasse les frontières, les religions, la vie avec Dieu ou sans Dieu ; son message de fraternité universelle, sa mort et sa résurrection sont vraiment « une surdose d’humanité ».
Saint Charles de Foucauld prie pour nous.
Santiago de Chile Juin 2015
(Italiano) Secondo MARTIN e Renzo GRADARA: POVERTÀ, UN CAMMINO DI SANTITÀ
C’est cette beaute qui es ma vie – Andrea MANDONICO
« C’EST CETTE BEAUTE QUI EST MA VIE »
Castelfranco, Italy, abril 2015, assemblée mondiale Famille Spirituelle Charles de FOUCAULD
Conférence de Andrea MANDONICO
1. Comme nous l’avons toujours dit CDF n’est pas un théologien : c’est un ‘spirituel’, c’est-à-dire qu’il fait une théologie existentielle à partir, non de la théologie enseignée en son temps, mais à partir des auteurs spirituels (Ste Thérèse d’Avila, St Jean Chrysostome et St Jean de la Croix). Mais si Fr. Charles n’est pas un théologien, il est sans doute un homme spirituel, je dirais même un maître spirituel, parce qu’il a su arriver au cœur de la vie chrétienne, c’est-à-dire à Jésus lui-même et, en imitant Jésus, – imitation extérieure mais surtout intérieure – à donner une structure à l’homme ou à la femme qui mettent leurs pas derrière les siens dans la « sequela Christi ».
2. Mais il a quand-même deux retraites assez longues sur l’Incarnation qui occupent, la première, tout le livre « La dernière place », et la seconde, presque tout le livre « Crier l’Evangile ». La première, c’est la retraite qu’il fait à Nazareth du 5 au 14 novembre 1897 dans son ermitage de ND du Perpétuel Secours chez les Clarisses. La deuxième, c’est la retraite qu’il fait « en esprit » à Ephrem, du 14 au 21 mars 1898, tout en étant chez les Clarisses de Nazareth.
2.1. Mgr Bouvier écrit dans l’introduction à « La dernière place » que Fr. Charles fait cette « petite retraite » pour : « 1° tâcher de vous mieux connaître, pour vous mieux aimer ; 2° tâcher de mieux connaître votre volonté pour mieux la faire». Alors pour mieux connaitre et aimer son bien-aimé frère, il commence ses 4 méditations par jour projette une manière très classique : il projette un regard de contemplation sur Dieu et sur l’incarnation, puis il regarde vivre Jésus (Dieu dans sa famille humaine), et après, à partir des méditations sur les vertus de Jésus, il essaie de vivre lui-même ces vertus qui ‘incarnent’ ainsi la vie de Jésus en lui. Ces méditations s’achèvent dans une élection élaborée dans les deux derniers jours de la retraite. Son grand souci est de contempler pour mieux imiter : c’est pour cela qu’on trouve un va-et-vient entre la contemplation de Jésus et sa vie passée, à la lumière de la miséricorde divine, et la vie présente à la lumière des vertus de Jésus à imiter.
2.2. Mgr Bouvier, toujours dans l’introduction à « Crier l’Evangile » écrit ce que Fr. Charles fait « pour tenir compagnie à Notre Seigneur Jésus ». Pour lui tenir compagnie, il le suit dans sa préparation à la passion. Jésus profite de ses derniers jours pour rappeler à ses disciples « le sens des événements de son enfance et de sa vie cachée et leur redire l’essentiel de son enseignement, les remettre dans la nouveauté de la Parole entendue sur les routes, leur confier ‘à l’oreille’ les secrets de son Cœur pour qu’après son départ ils les crient ‘sur les toits’ ».
En conséquence Fr Charles structure cette retraite de la manière suivante : « Les lundi et mardi, c’est la vie cachée de Jésus qui est contemplée : incarnation, visitation, naissance, circoncision, présentation au Temple, vie à Nazareth, séjour au Temple à 12 ans, puis le passage à la vie publique : baptême, séjour au désert, tentations au désert; les mercredi, jeudi et vendredi, ce sont les actes publics de Jésus qui sont repris, ou annoncés : enseignement dans les synagogues, rejet de ses compatriotes de Nazareth, guérisons, veilles nocturnes, défense des apôtres et des faibles devant ceux qui les attaquent, prédication courageuse, proclamation des béatitudes, des deux commandements de l’amour, attitude de compassion, demande de confiance en sa présence permanente, annonce du don de l’Eucharistie, prédiction de la Passion et de la Croix ».
Et comme dans « La dernière place », Fr. Charles fait suivre cette vie de Jésus par les vertus, et ainsi « les trois derniers jours de la retraite sont consacrés à cet examen des vertus. On y retrouve facilement, quand on connaît les thèmes chers à Charles de Foucauld, la liste des vertus du « Modèle Unique » : courage, humilité, douceur, obéissance, amour, prière, vérité, foi, espérance, vigilance, sainteté, pénitence, charité matérielle et aumône, charité spirituelle et bonté envers le prochain, avec une insistance finale sur la pauvreté, la prière et l’humilité et « avant tout, amour de Dieu et amour de tous les hommes ».
3. Dans la première méditation que nous retrouvons en « La dernière place », Fr. Charles déclare toute de suite que le Fils s’est fait homme par amour :
« Votre incarnation, mon Seigneur Jésus c’est une œuvre d’amour: c’est la deuxième Personne de la sainte Trinite, égale au Père, qui, par un acte de la sainte Trinité, prend une chair humaine dans le sein de Marie et s’unit à une âme humaine pour former l’homme Dieu Jésus, égal au Père comme Dieu, inférieur comme homme, en somme égal puisque la Personne de Jésus est une et que l’humanité qu’elle ajoute à sa divinité ne diminue en rien celle-ci qui par conséquent reste l’égale du Père ».
Et quelques lignes plus tard il répétera : « C’est une œuvre d’amour: ‘Le Père a tant aimé les hommes qu’il leur a donné son Fils unique’».
Grace à l’incarnation de la seconde personne de la Trinité, qui est Dieu de toute éternité, l’amour trinitaire se révèle amour pour les hommes, pour leur salut. Il le dira d’une manière un peu compliquée, car il veut suivre ce qu’il a appris dans la théologie qui affirmait que « le premier objet de Dieu dans l’Incarnation, c’est sa propre gloire ». Mais il ajoute qu’avec le désir de sa gloire, il y a le salut des hommes :
« le motif qui a poussé, porté la sainte Trinité à faire l’incarnation, c’est le désir du salut des hommes, le désir, par conséquent, de partager avec eux les richesses de son bonheur et de sa gloire : ce motif, c’est donc la bonté… L’incarnation comme la création est donc l’œuvre de la bonté de Dieu : de sa puissance, mais de sa puissance poussée par sa bonté ».
Dans la retraite d’Ephrem, en méditant sur Lc 1,38, CDF revient sur la cause de l’incarnation et il répète qu’elle a sa source dans l’amour et la bonté de Dieu.
« Et pourquoi ai-je voulu tant descendre ? Par amour… Dieu a tant aimé les hommes qu’il a voulu leur donner son Fils unique pour les sauver… pour les racheter, pour être leur voie, leur vérité et leur vie… L’amour divin est un, l’amour du Père, l’amour du Fils, l’amour du Saint-Esprit pour les hommes sont un seul et même amour, un seul et même amour divin, un seul et même Dieu… Le Fils s’est fait homme, s’est incarné par cet unique et même amour qui porte les trois Personnes divines à vouloir ensemble d’une volonté unique l’Incarnation… C’est par amour, par un seul et même amour et par une même volonté que mon Père a voulu que je m’incarne, que j’ai voulu m’incarner, que le Saint-Esprit a voulu que je m’incarne: ce qui m’a fait venir ici-bas parmi vous, moi votre Dieu, c’est mon amour pour vous tous, ô hommes… C’est le même amour qui me fait faire toutes mes actions… Venu ici-bas pour vous seuls, tout ce que j’y fais, c’est pour vous seuls ».
D’une manière presque parallèle aux méditations de « La dernière place » il voit toute la vie de Jésus vécue dans l’amour et par amour pour nous les hommes. Et il y explicite une autre raison de l’Incarnation de Jésus : le salut de l’humanité. « Je suis venu en ce monde pour le salut des hommes, de tous les hommes ». Ce n’est pas sans raison qu’il fait suivre à cette première méditation celle sur la Visitation (Lc 1,39) où Fr. Charles met sur les lèvres de Jésus le passage que nous tous, nous connaissons bien car il est inscrit dans notre vocation de disciples de Fr. Charles:
« Je me suis donné au monde pour son salut dans l’incarnation… Avant même de naître je travaille à cette œuvre, la sanctification des hommes…je pousse ma mère à y travailler avec moi… Ce n’est pas elle seule que je pousse à travailler, à sanctifier les autres, dès qu’elle me possède, c’est toutes les autres âmes à qui je me donne… […] je leur dis de sanctifier les âmes en me portant parmi elles en silence : aux âmes de silence, de vie cachée, vivant loin du monde dans la solitude, je donne ici leur mission et leur règle, et je leur dis : toutes, toutes, travaillez à la sanctification du monde, travaillez-y comme ma mère; sans parole, en silence, allez établir vos pieuses retraites au milieu de ceux qui m’ignorent : portez-moi parmi eux en y établissant un autel, un tabernacle et portez-y l’Evangile, non en le prêchant de bouche, mais en le prêchant d’exemple, non en l’annonçant mais en le vivant : sanctifiez le monde, apportez-moi au monde, … comme Marie m’a porté à Jean ».
4. Un autre aspect qui lui est propre, c’est d’attacher à ce mystère de l’Incarnation celui de l’humilité de Dieu se faisant homme et prenant la nature humaine :
« Une chose apparait tout d’abord, si merveilleuse, si étincelante, étonnante, qu’elle brille comme un signe éblouissant : c’est l’humilité infinie que contient un tel mystère : Dieu, l’être, l’infini, le parfait, Créateur tout puissant, immense, souverain maître de tout, se faisant homme, s’unissant à une âme et à un corps humains et paraissant sur terre comme un homme, et comme le dernier des hommes. […] Il est né, il a vécu, il est mort dans les plus profondes abjections et les dernières opprobres, ayant pris une fois pour toutes tellement la dernière place que nul n’a jamais pu être plus bas que lui ».
Il termine sa méditation en disant que lui aussi doit vivre cette humilité que Jésus nous a apprise dès sa naissance et donc « chercher toujours la dernière des dernières places ».
Aussi, dans la retraite d’Ephrem, il trouve la même humilité de Dieu qui se fait homme :
« Tout en restant Dieu je suis devenu homme… […] Quelle leçon d’humilité, d’abaissement, d’abjection… Qui pourra jamais descendre autant ; vous aurez beau descendre, vous descendrez d’une manière finie ; moi, je suis descendu d’une manière infinie ».
Et quelques pages plus loin, dans la médiation du soir sur Lc 2,21, Fr. Charles souligne davantage cette humilité de Jésus en écrivant :
« mon incarnation, humilité infinie, sans mesure; ma naissance, humilité; ma circoncision, humilité; mes trente ans de vie cachée, humilité; tout est humilité en moi : « je suis doux et humble de cœur »… ».
Amour et humilité sont les deux refrains qui accompagnent l’Incarnation : « humilité… par amour, par amour pour vous… pour votre amour ».
Et comme dans la méditation de « La dernière place » ici aussi Fr. Charles termine en disant : « En ceci je suis votre voie, votre exemple. Vous devez, pour les mêmes causes [c’est-à-dire l’amour et la bonté], faire exactement de même ».
5. Retournons aux méditations de « La dernière place ». Dans la II et III méditation, il contemple Jésus dans sa vie cachée. C’est une longue méditation où le sujet est le passage de Lc 2, 50-51 : « Il descendit avec eux, et alla à Nazareth, et il leur était soumis ».
La vie de Jésus fut une vie d’humilité, une vie d’abjection avec ses saints parents, car « Il descendit avec eux pour y vivre de leur vie, de la vie de pauvres ouvriers, vivant de leur labeur ; votre vie fut comme la leur pauvreté et labeur ; ils étaient obscurs, vous vécûtes dans l’ombre de leur obscurité ». En outre la vie de Jésus fut une vie de retraite et de soumission filiale à Marie et à Joseph (Il était un fils modèle !).
A cet aspect visible de la vie de Jésus, Fr. Charles ajoute sa partie invisible : « La partie invisible c’était la vie en Dieu, la contemplation à tout instant ». De cette partie invisible découle une vie de prière faite d’adoration, c’est-à-dire de contemplation, d’admiration muette qui est la plus éloquente des louanges et qui renferme déclaration d’amour la plus passionnée; l’action de grâce ; la demande ; la pénitence, faite de jeûne et de travail, à laquelle il consacre six pages !
Comme dans les précédentes méditations, il applique à lui-même ces deux aspect de la vie de Jésus : « vivre, moi dont la vocation est d’imiter la vie cachée de Jésus, d’une vie d’humilité, d’abjection, de pauvreté, de labeur (travail manuel entre 7H et 8H et demie), d’obscurité, de retraite, de soumission, de prière, de pénitence, de pauvreté ».
Il est vrai que Fr. Charles applique ce qu’il est en train de vivre à la sainte famille, mais ce qui me semble important à retenir c’est que par son Incarnation, le Verbe de Dieu expérimente donc la nature humaine et qu’il apprend ce que c’est qu’être un homme, pas un homme « d’un rang un peu élevé dans le monde, roi, prince, prêtre, savant… condition moyenne au moins », mais un homme très ordinaire, classé même parmi les derniers, pour «éprouver lui-même la misère que nous souffrons pour avoir péché contre Lui».
S’il est vrai que Jésus a accompli sa mission publique sans éclat extérieur, dans l’humilité, dans l’abjection, c’est surtout en contemplant sa vie cachée à Nazareth que Charles de Foucauld comprend l’humilité de l’incarnation de Jésus. Le Verbe incarné, le Fils de Dieu y continue cette vie d’humilité qu’il a assumée à Bethléem, homme parmi les hommes, se soumettant aux lois communes de l’existence, partageant avec les habitants de Nazareth la vie de pauvre et obscur ouvrier, choisissant le dernier des villages de Galilée, qui n’avait rien de particulier, si ce n’est une mauvaise renommée (Jn 1, 46). C’est bien dans ce village que l’homme Dieu Jésus a établi sa demeure et qu’il a passé presque toute sa vie : une vie simple, sans rien d’extraordinaire, la vie normale d’un enfant apprenant en famille à la fois la langue de tous les jours, l’araméen, et celle de la prière à la synagogue, l’hébreu, la vie d’un jeune travailleur faisant avec son père l’apprentissage du métier de charpentier et, avec ses voisins, celui de la vie en société avec ses joies, ses souffrances, ses problèmes. On peut dire que l’humilité de Dieu devient histoire à Nazareth, l’histoire du Fils de Dieu, ou encore, que par l’Incarnation, Dieu apprend à vivre en homme Tel est l’enseignement que Charles de Foucauld tire des paroles de l’Evangile selon saint Luc 2, 50-51 : «Il descendit avec eux ; et Il vint a Nazareth ; et Il leur était soumis». Quelques mois avant sa mort, dans une brève méditation sur le même passage évangélique – la dernière sur Nazareth – il écrit: « Il descendit : toute sa vie, il n’a fait que descendre : descendre en s’incarnant, descendre en se faisant petit enfant, descendre en obéissant, descendre en se faisant pauvre, délaissé, exilé, persécuté, supplicié, en se mettant toujours à la dernière place ».
6. Dans la IV méditation, il contemple la vie publique de Jésus, là où Jésus reconnaît qu’il « tâche de sauver les hommes par la parole et les œuvres de miséricorde, au lieu de me contenter de les sauver par la prière et la pénitence comme je faisais à Nazareth ». Vie de souffrances matérielles et morales qui aura son sommet dans la passion, résurrection et ascension (méditations du 7 novembre) qui explicite davantage le but de l’incarnation de Jésus, c’est-à-dire le salut de l’humanité. Mais je veux faire remarquer que pour CDF l’incarnation continue dans l’eucharistie et dans l’Eglise, ainsi que dans l’âme fidèle (méditations suivantes). Mais cela est l’intervention d’Antoine demain et je lui laisse volontiers la parole car il y a toujours à apprendre, beaucoup même, quand Antoine parle…
7. Si l’Incarnation continue dans l’Eglise et l’âme fidèle, cela signifie qu’elle continue aussi dans la vie de Fr. Charles. Voilà pourquoi après avoir regardé la miséricorde de Dieu sur lui-même et sur sa vie passée, il continue sa retraite en analysant les vertus de Jésus. Comme je le disais au début, c’est en imitant les vertus de Jésus qu’il apprend à être comme Lui et à vivre en Lui. Jésus, en s’incarnant, a appris à être un fils d’homme, CDF en imitant Jésus apprend à être fils de Dieu.
Les vertus qu’il médite sont :
- Le 9 novembre: Foi ; Espérance et Charité ;
- Le 10 novembre: Courage ; Humilité ; Véracité ; Prière ;
- Le 11 novembre: Prière (suite) ; Obéissance ; Chasteté ; Pauvreté ;
- Le 12 novembre: Abjection ; Travail manuel ; Retraite ; Pénitence ;
Le deux dernier jours, les 13 et 14 novembre, sont réservés à la récapitulation des résolutions et à l’élection, selon la bonne méthode ignacienne.
Suivant l’indication reçue, je m’arrête sur le travail manuel et la prière, et j’essayerai de voir ce qu’il dit et comment il a vécu ces deux vertus jusqu’à son ordination en 1901.
TRAVAIL MANUEL
a. Je commence par le travail car, comme l’a fait remarquer PA Sequeri, CDF a changé l’ordre bénédictin de l’ « ora et labora » en « labora et ora » . Quand il pense à sa future congrégation qui rassemblera « quelques âmes » pour imiter la vie de Jésus à Nazareth, il écrira qu’elles vivront : « uniquement du travail des mains… [et] ajouter[ont] à ce travail beaucoup de prières ».
b. On ne sera pas étonné de constater que le travail manuel, qui n’est pas compté parmi les vertus selon la théologie classique, occupe une place importante dans les listes des vertus de Nazareth dressées par Charles de Foucauld.
c. Je crois sincèrement que nous ne pouvons pas parler de travail manuel dans la vie de CDF jusqu’à son entrée à la Trappe, excepté peut-être le travail – mais il n’était pas manuel – pour la rédaction de ‘Reconnaissance au Maroc’. En raison de sa fortune familiale, mais aussi parce qu’il n’avait pas une grande estime pour le travail manuel, considéré comme un abaissement et réservé aux serviteurs, il pouvait vivre sans travailler.
En entrant à la Trappe, Fr. Marie-Alberic peut s’adonner au travail. L’occupation principale est le travail aux champs : « En automne de vendanger ; de nettoyer les champs en hiver ; de scier du bois ; au printemps de piocher les vignes ; en été de récolter le foin, de moissonner » et cela « chaque jour pendant six heures ou six heures et demie ». Travail qu’il juge « infiniment salutaire pour l’âme : tout en occupant le corps, il laisse à l’âme le pouvoir de prier et méditer ». Il est donc très satisfait du travail, mais son supérieur l’est un peu moins, lui qui écrit à l’abbé de ND des Neiges : « Par plus prochain courrier écris donc à Fr. Marie-Alberic… de s’occuper immédiatement du tracé de nos chemins ; comme il ne peut pas faire grand-chose au travail, une telle occupation serait excellente pour lui… ». Mais malgré son peu d’aptitude au travail manuel, on ne le laisse pas dans l’oisiveté : il sera chargé du bois à brûler ; il s’occupera des orphelins, il sera sacristain et sonneur des cloches, travail qu’ il préfère parmi tous les travaux.
Quand il sera à Nazareth, son travail consistera à être « serviteur, domestique, valet d’une pauvre communauté religieuse […]. Mon service consiste à servir des Messes, à faire des travaux de sacristie, à balayer, à faire quelques rares commissions, à faire les travaux intérieurs, jardinage ou autres qui se trouvent à faire”. Il écrira la même chose à sa confidente de toujours, Mme de Bondy : « Je sers les messes, les bénédictions du Saint Sacrement, je balaie, fais les commissions, je fais tout ce qu’on me dit de faire enfin… Le travail commence après la messe de 8 H du matin et finit à l’heure de la bénédiction du Saint Sacrement qui a lieu en moyenne au moins tous les deux jours à 5 H du soir… ». Quand il sera envoyé au couvent de Jérusalem, il ne pourra pas vivre comme domestique, car les Clarisses en ont déjà un, ainsi qu’un enfant de chœur pour les messes. Alors il sera comme un ouvrier «vivant de son travail à la porte du couvent » et on lui donnera un travail qu’il peut faire « dans sa cellule et qui rend service au couvent : des images pieuses ».
Mais il me semble plus intéressant, pour comprendre le mystère de l’incarnation en Fr. Charles, de se demander avec quel esprit il travail à la Trappe et à Nazareth.
Lisa Cremaschi, moniale de Bose, écrit que « Depuis les origines de la vie monastique on demande aux moines de travailler pour deux raisons : pour vivre et pour faire l’aumône aux pauvres. […] Les anciens moines travaillent comme tout les hommes et les femmes qui doivent se nourrir […] et donc il gagnent leur vie par la fatigue et le travail. […] Tout travail est fait aussi en obéissance au Seigneur dans la certitude de collaborer à son œuvre et donc les moines sont soutenus d’un fort sens de la responsabilité et du souci de produire un travail bien fait ».
En Fr. Charles nous ne trouvons pas ces deux raisons comme raisons principales de son travail manuel. Mais nous trouvons plutôt, comme raison de base un travail bien fait pour imiter Jésus qui à Nazareth a été «le fils du charpentier» ou «l’ouvrier fils de Marie», vivant du travail de ses mains comme tous les habitants de Nazareth. Avec les ouvriers pauvres de Nazareth, Jésus s’adonne au travail quotidien; il en partage la peine, ainsi que le mépris si souvent lié à la pauvreté :
« J’ai été pauvre ouvrier, vivant du travail de mes mains, j’ai passé pour ignorant, sans lettre, j’avais pour parents, proches, cousins, amis, des pauvres, ouvriers comme moi, des artisans, des pêcheurs; je leur parlais d’égal à égal, j’étais vêtu comme eux ; logé comme eux, je mangeais comme eux lorsque j’étais avec eux comme tous les pauvres, j’étais exposé au mépris, et c’est parce que je n’étais aux yeux du monde qu’un pauvre Nazaréen ».
Et alors Fr. Charles s’adonne avec joie au « travail manuel, humble, vil, méprisé » car « cela est plus conforme à la pauvreté, à l’exemple de NS », qui « donne à ce genre de vie une beauté incomparable, que n’a aucune d’autre, si ce n’est celle d’ouvrier évangélique, celle de mon imitation… »
Lié à l’imitation apparait l’aspect « abjection et pauvreté» de cette vie de travail car Jésus, non content de se soumettre à la loi du travail, «s’est livré aux travaux les plus humbles, les plus avilissants», sans chercher à s’enrichir, mais plutôt travaillant le temps nécessaire pour vivre pauvrement et aider les pauvres de son village par sa charité. A son tour, de la Trappe, il écrira à sa sœur : « Puis ce travail, plus pénible qu’on ne pense quand on ne l’a jamais fait, donne une telle compassion pour les pauvres, une telle charité pour les ouvriers, les laboureurs ! On sent bien le prix d’un morceau de pain quand on voit par soi-même combien il coûte de peine de le produire ! ».
C’est d’ailleurs le travail qui fait principalement la vie de Nazareth à ses yeux, si l’on en croit ce qu’il écrit, le 8 juin 1892, au père Eugène en lui parlant de sa vie monastique à Akbès : «Ici le travail a une place importante, cela me plaît, non pas que j’aime le travail, mais il est le compagnon de la pauvreté, c’est l’imitation de Notre-Seigneur, c’est lui qui fait de la Trappe un Nazareth».
D’ailleurs, de son passage à la Trappe, où le moine travaille de ses mains, frère Charles repartira avec une grande conviction de l’importance du travail manuel. Exposant à son père spirituel, en 1893, ses premières idées pour la fondation d’une «petite congrégation» pour imiter la vie de Nazareth, il n’hésite pas à écrire que l’on y vivrait «uniquement du travail de nos mains » et que l’on y mènerait « une vie de travail et de prières».
Aussi ses projets de constitutions et de règlements comportent-ils des prescriptions sur le «saint travail des mains»; les petits frères et les petites sœurs doivent « le pratiquer avec une grande dévotion et une extrême fidélité, comme un point essentiel de l’imitation de [leur] Epoux». Il convient, toutefois, de noter que « les petits frères destinés à être prêtres » devront consacrer six heures « aux études sacrées ou au travail manuel».
Charles de Foucauld s’efforcera de rester fidèle à ce travail des mains, de faire de sa vie d’imitation du Frère bien-aimé un vie de travail et de prière dans laquelle il avoue être à l’aise car « tout en occupant le corps, il laisse à l’âme le pouvoir de prier et de méditer ». Cherchant avant tout le bon moyen d’imiter la façon de travailler de Jésus à Nazareth, il écrit les conseils suivants :
« Comment travailler? En me regardant sans cesse, mon enfant: en pensant sans cesse que tu travailles avec moi et pour moi, entre moi, Marie et Joseph, sainte Magdeleine et nos anges, en me contemplant sans cesse avec eux […] Pour me contempler sans cesse tu peux très bien, comme tu fais, dire des prières vocales, afin de t’aider et de te soutenir contre les distractions […] et il m’est très agréable que tu m’offres ces prières vocales pour ton prochain, mes enfants, en vue de moi, t’acquittant en ce temps et de cette manière d’une grande partie de ce que tu leur dois en vue de moi, et de ce qu’il m’est si agréable de te voir leur donner […[ Sois bien fidèle à cette pratique ».
PRIERE
Le travail manuel fait partie des vertus visibles de la vie cachée de Jésus. Le pauvre ouvrier de Nazareth ne pouvait cependant pas renoncer à sa divinité, révélée par le mystère de la prière qui nous manifeste sa relation filiale avec le Père :
« La partie invisible, c’était la vie en Dieu, la contemplation de tout instant: Dieu vous viviez en Dieu; homme vous ne cessiez de jouir de tous vos instants de la vision béatifique et de dons incomparables […]. Vous travailliez, vous consoliez vos parents, vous vous entreteniez tendrement et saintement avec eux, vous priiez avec eux durant le jour… mais comme vous priiez aussi dans la solitude et l’ombre de la nuit, comme votre âme s’exhalait en silence […]. Toujours, toujours vous priiez […] Vous priiez à tout instant, puisque prier c’est être avec Dieu et que vous étiez Dieu, mais comme votre âme humaine prolongeait cette contemplation pendant les nuits, comme pendant tous les moments du jour elle s’unissait à votre divinité […]. Comme votre vie était un épanchement continuel en Dieu, un regard continuel de la terre vers Dieu, une contemplation continuelle de Dieu, en tous vos instants ; prières vocales et mentales dans le recueillement extérieur plusieurs fois par jour, longues oraisons, long tête-à-tête, longue contemplation la nuit ».
Charles de Foucauld, en partant de son expérience et de sa pratique personnelle de longs temps consacrés à la prière, essaie donc de comprendre et d’entrer dans le mystère de cette prière de Jésus, et de la décrire: contemplation, action de grâces, intercession. Mais il met l’accent surtout sur la contemplation et la demande de la gloire de Dieu :
« Et qu’était cette prière qui faisait la moitié de votre vie à Nazareth? C’était d’abord et surtout l’adoration, c’est-à-dire la contemplation, l’admiration muette qui est la plus éloquente des louanges «tibi silentium laus», cette admiration muette qui renferme la plus passionnée des déclarations d’amour, comme l’amour d’admiration est le plus ardent des amours […] puis, secondairement, en deuxième lieu et prenant moins de temps l’action de grâce: action de grâces d’abord de la gloire de Dieu, de ce que Dieu est Dieu, puis des grâces faites à la terre et à toutes les créatures ; le cri de pardon, pardon pour tous les péchés commis contre Dieu, pardon pour ceux qui ne demandent pas pardon, acte de contrition au nom du monde entier, douleur de voir Dieu offensé ; la demande, demande de la gloire de Dieu, que Dieu soit glorifie par toutes ses créatures, que son règne arrive parmi elles, que sa volonté se fasse en elles comme parmi les anges, et que ces pauvres créatures reçoivent au spirituel et au temporel tout ce dont elles ont besoin et soient enfin délivrées de tout mal en ce monde et dans l’autre […]. Et que les grâces se répandent en particulier en abondance sur ceux que la volonté divine a mis auprès de Jésus, autour de lui, sa mère, son père, ses cousins, ses amis, les âmes qui l’aiment, ceux qui s’attachent a lui […] ».
La partie visible de la vie de Jésus, avec son travail humble et obscur, l’abjection et la pauvreté qui entourait sa situation, animée par la partie invisible qu’a été sa profonde union et obéissance à Dieu, manifestée par la prière, devient, dans la Personne de Jésus, salut des hommes. Par son Incarnation, où se réalise 1’Alliance annoncée et attendue, le Fils, sans cesser d’être le Fils de Dieu, s’est fait frère et solidaire de tout humain. Devenu l’un d’entre eux, il a appris à vivre la vie ordinaire des hommes en l’expérimentant du dedans. Et, parce qu’il était à la fois pleinement un avec le Père, à qui il obéissait parfaitement, et pleinement un avec les hommes, pour lesquels il avait charité, amitié et fraternité, il a livré, à tous ceux qui l’entouraient et au monde entier, les mystères de la Vie divine, les secrets de l’Amour de Dieu qui est Vie et Bonheur pour le monde ; il l’a fait silencieusement dès Nazareth, par une vie sainte de prière, de pénitence et de travail. Cette vie cachée était déjà pleine des paroles et des gestes salvifiques de la vie publique. Elle anticipait la Croix, lieu du Salut universel. A Nazareth déjà, en quelque sorte, selon la parole de 1’Evangile, tous ceux qui le touchaient étaient sauvés (Mt 14, 36).
Dans la trame de son existence quotidienne, il s’emploiera à collaborer à cette œuvre de salut par l’offrande de lui-même et par une communion, intime et profonde, par Jésus, avec le Père, par une vie intense de prière qui se traduit, à l’exemple de Jésus, par une vie d’oraison, de méditation, de prière vocale, de demande de pardon et d’intercession qui a son sommet dans l’adoration.
A la Trappe, cela se manifestera par une « union complète avec Notre Seigneur » faite de « la sainte communion, la lecture et la méditation des Saints évangiles, la prière, la lectures des Pères », dans la prière commune à l’Eglise mais aussi dans sa prière personnelle devant le Saint Sacrement.
A Nazareth, il intensifiera cette vie de prière pour tenir « de plus en plus compagnie [à Jésus] dans le Saint Sacrement» et s’exhaler « là, devant Lui, comme la petite lampe » en ne lui demandant qu’une seule chose : « C’est qu’Il vive en nous, qu’Il nous fasse penser Ses pensées ; parler Ses paroles et faire Ses actions. Que nous cessions d’être et qu’Il vive en nous ».
Par sa prière, il veut coopérer à la rédemption de l’humanité, dans le silence et dans le secret, à la façon de Jésus de Nazareth :
« … Surtout amoureusement, en regardant, contemplant sans cesse le bien-aimé JESUS durant le labeur quotidien, en veillant la nuit dans l’adoration de la divine Hostie et la prière, en donnant toujours au spirituel la première place de beaucoup, en imitant JESUS à Nazareth dans son amour pour DIEU plus éperdument encore qu’en tout le reste. Et en faisant écouler, rayonner ce grand amour de DIEU et de JESUS sur tous les hommes « pour qui le Christ est mort » ; « rachetés à grand prix » ; en « les aimant comme Il les a aimés », et en faisant tout mon possible, tout ce qu’il faisait à Nazareth pour sauver leurs âmes, les sanctifier, consoler, soulager, en Lui, par Lui, comme Lui ».
Pour conclure il me semble intéressant de noter que dans la méditation sur la prière durant la ‘retraite d’Ephrem’, celle-ci devient un reflet du mystère de l’incarnation car Jésus demande à ses disciples de prier comme Lui a toujours prié, c’est-à-dire de demander « au Père d’accomplir toujours Sa volonté », car c’est pour cela qu’il est venu au milieu de nous. C’est celle-ci « la prière la plus parfaite ». Toutes les autres demandes sont contenues dans celle-ci. Cette prière doit être comblée d’amour, de l’amour même qui unit le Père au Fils et le Fils au Père. Car « la meilleure prière est celle où il y a le plus d’amour […], quel que soit le genre de prière, pure contemplation, simple regard jeté sur Dieu, attention silencieuse et amoureuse de l’âme à Dieu, méditation, réflexion, entretien de l’âme avec Dieu, épanchement de l’âme en Dieu, prières vocales de toutes espèce, etc., dans tous ces genres et dans tous les autres, ce qui doit dominer dans la prière, toujours, toujours, c’est l’amour : […] la meilleure prière est celle où il y a le plus d’amour et la prière est d’autant meilleure qu’elle est plus amoureuse ». Fr. Charles termine cette méditation, en se faisant l’écho de sa maîtresse Ste Thérèse d’Avila, en soulignant encore une fois que « Prier, c’est surtout penser à moi en m’aimant – La prière, c’est l’attention de l’âme amoureusement fixée sur moi ».
St Jean avait déjà compris que le mystère de l’Incarnation est un mystère d’amour, et que la vie de Jésus ne fut qu’une vie d’amour pour le Père, et qu’Il s’est incarné non seulement pour nous manifester mais aussi pour nous apprendre « l’amour de Dieu et l’amour de tous les hommes ».
CONCLUSION
Lisa Cremaschi termine son étude sur le travail monastique en soulignant que : “Les deux tentations, celle de trop travailler, peut-être en se cachant derrière la justification que le travail est prière, et celle opposée de multiplier le temps de prière pour ne pas se soumettre à la fatigue du travail, sont présentes dans l’histoire du monachisme dès son origine et elles n’ont pas été vaincues définitivement : c’est difficile d’établir un bon équilibre toujours valable, en chaque situation. Seule une intime disposition de charité est capable de créer l’unité entre vie de travail et vie de prière et de les fusionner en harmonie ».
Frère Charles est-il arrivé à cet équilibre ? Lui aussi a eu du mal. Peut-être cela a-t-il été plus facile à la Trappe et à Nazareth, où « le temps se partage en prière, lectures rapprochant de Dieu, travail manuel fait en imitation de Lui et en union avec Lui ». Ce fut peut-être plus difficile à Beni-Abbés et à Tamanrasset. Mais ce qu’il avait compris et qui l’a soutenu tout au long de sa vie, c’est qu’en suivant ««le fils du charpentier», «l’ouvrier fils de Marie», « il fallait tout enfermer dans l’amour ». Et dans l’amour pour son Bien-aimé Frère et Seigneur, il a trouvé l’unité de toute sa vie en devenant un reflet éblouissant de son Incarnation.
Castelfranco 07.04. 2015.
P. Andrea Mandonico, Sma
La « sequela Christi » selon le modèle proposé par CDF met au centre l’imitation de la vie de Jésus à Nazareth, où le travail et la prière occupent une place importante.
Comment ma fraternité vit-elle ces deux aspects?
Quelle est la qualité de ces deux vertus dans ma vie?
Pour l’actualisation, nous pouvons confronter les indications de Fr. Charles avec Evangelii Gaudium.
Aller à la périphérie à l’école de Charles de Foucauld
Chez beaucoup de chrétiens, qui se sentent encouragés par la voix du pape François, « aller aux périphéries » ou « à la périphérie » est devenue une sorte de lieu commun ! En tout cas, cette notion de « périphérie » renouvelle notre regard sur la mission et nous pouvons même espérer qu’elle est capable de nous convertir un peu plus à l’Evangile !
La « périphérie » est d’abord un concept lié à l’urbanisme et plus largement à la sociologie. On peut dire, par exemple, que les gens qui sont « à la périphérie de la république » n’ont pas beaucoup participé aux manifestations monstres du 11 janvier. Pour la réflexion chrétienne, ce concept nous vient de la théologie de la libération dans le contexte de l’Amérique latine des années 1970-80. Et François lui a donné une portée universelle. Dans « La joie de l’Evangile », son Exhortation apostolique lue par presque tout le monde, il appelle à « rejoindre les périphéries qui ont besoin de la lumière de l’Evangile. » (EG (Evangelii Gaudium) N° 20 p.20 – Parole et silence, 2013) Le 28 mars 2013, lors de sa première messe chrismale à Rome, il invite ses collaborateurs à ne pas être « des prêtres gestionnaires », mais « à atteindre toutes les périphéries : les pauvres, les prisonniers, les malades, ceux qui sont tristes et seuls». Avant le dernier conclave, dans son discours aux cardinaux, il avait déjà parlé d’une Eglise qui sort « vers les périphéries, vers les oubliés de l’existence », une Eglise appelée « à sortir vers les périphéries existentielles ». Toujours dans La joie de l’Evangile, il parle d’une « Eglise en sortie » dans le double sens de rejoindre les zones de précarités humaines et de rejoindre les « détresses existentielles ». Et voici quelques jours encore, (14.01.15) il a appelé l’Eglise du Sri Lanka l’Eglise des « périphéries des frontières ».
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Charles de FOUCAULD, lettre de 1907
La lettre ci-dessous a été écrite par le Père de Foucauld en 1907 !
Vraiment troublant et ahurissant : plus de 100 ans avant, une telle clairvoyance !
Lettre du Père Charles de Foucauld adressée à René Bazin, de l’Académie française, président de la Corporation des publicistes chrétiens, parue dans le Bulletin du Bureau catholique de presse, n° 5, octobre 1917 :
« Ma pensée est que si, petit à petit, doucement, les musulmans de notre empire colonial du nord de l’Afrique ne se convertissent pas, il se produira un mouvement nationaliste analogue à celui de la Turquie : une élite intellectuelle se formera dans les grandes villes, instruite à la française, sans avoir l’esprit ni le coeur français, élite qui aura perdu toute foi islamique, mais qui en gardera l’étiquette pour pouvoir par elle influencer les masses ; d’autre part, la masse des nomades et des campagnards restera ignorante, éloignée de nous, fermement mahométane, portée à la haine et au mépris des Français par sa religion, par ses marabouts, par les contacts qu’elle a avec les Français (représentants de l’autorité, colons, commerçants), contacts qui trop souvent ne sont pas propres à nous faire aimer d’elle.
Le sentiment national ou barbaresque s’exaltera dans l’élite instruite : quand elle en trouvera l’occasion, par exemple lors de difficultés de la France au dedans ou au dehors, elle se servira de l’islam comme d’un levier pour soulever la masse ignorante, et cherchera à créer un empire africain musulman indépendant.
L’empire Nord-Ouest-Africain de la France, Algérie, Maroc, Tunisie, Afrique occidentale française, etc., a 30 millions d’habitants ; il en aura, grâce à la paix, le double dans cinquante ans. Il sera alors en plein progrès matériel, riche, sillonné de chemins de fer, peuplé d’habitants rompus au maniement de nos armes, dont l’élite aura reçu l’instruction dans nos écoles. Si nous n’avons pas su faire des Français de ces peuples, ils nous chasseront. Le seul moyen qu’ils deviennent Français est qu’ils deviennent chrétiens.
Il ne s’agit pas de les convertir en un jour ni par force mais tendrement, discrètement, par persuasion, bon exemple, bonne éducation, instruction, grâce à une prise de contact étroite et affectueuse, ½uvre surtout de laïcs français qui peuvent être bien plus nombreux que les prêtres et prendre un contact plus intime.
Des musulmans peuvent-ils être vraiment français ?
Exceptionnellement, oui. D’une manière générale, non.
Plusieurs dogmes fondamentaux musulmans s’y opposent ; avec certains il y a des accommodements ; avec l’un, celui du « Medhi », il n’y en a pas : tout musulman, (je ne parle pas des libre-penseurs qui ont perdu la foi), croit qu’à l’approche du jugement dernier le Medhi surviendra, déclarera la guerre sainte, et établira l’islam par toute la terre, après avoir exterminé ou subjugué tous les non musulmans. Dans cette foi, le musulman regarde l’islam comme sa vraie patrie et les peuples non musulmans comme destinés à être tôt ou tard subjugués par lui musulman ou ses descendants ; s’il est soumis à une nation non musulmane, c’est une épreuve passagère ; sa foi l’assure qu’il en sortira et triomphera à son tour de ceux auxquels il est maintenant assujetti ; la sagesse l’ engage à subir avec calme son épreuve; » l’oiseau pris au piège qui se débat perd ses plumes et se casse les ailes ; s’il se tient tranquille, il se trouve intact le jour de la libération « , disent-ils.
Ils peuvent préférer telle nation à une autre, aimer mieux être soumis aux Français qu’aux Allemands, parce qu’ils savent les premiers plus doux ; ils peuvent être attachés à tel ou tel Français, comme on est attaché à un ami étranger; ils peuvent se battre avec un grand courage pour la France, par sentiment d’honneur, caractère guerrier, esprit de corps, fidélité à la parole, comme les militaires de fortune des XVIe et XVIIe siècles. mais, d’une façon générale, sauf exception, tant qu’ils seront musulmans, ils ne seront pas Français, ils attendront plus ou moins patiemment le jour du Medhi, en lequel ils soumettront la France.
De là vient que nos Algériens musulmans sont si peu empressés à demander la nationalité française : comment demander à faire partie d’un peuple étranger qu’on sait devoir être infailliblement vaincu et subjugué par le peuple auquel on appartient soi-même ?
Ce changement de nationalité implique vraiment une sorte d’apostasie, un renoncement à la foi du Medhi… »
Charles de FOUCAULD
Medhi = Le Bien-aimé = le Sauveur de l’Islam