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ÉQUIPE INTERNATIONALE, SEPTEMBRE 2014
Chers frères,
Manahona! Comment ça va! Salema! Bonjoir!
Nous voulons partager notre joie de former une fraternité tout en étant des personnes très différentes accueillies par Félix à Madagascar et nous désirons présenter notre expérience de travail à Antananarivo et Mahajanga. En commençant par ce que nous avons vécu avec les petites sœurs de l’Évangile dans un quartier périphérique de la capitale, puis dans la rencontre avec la fraternité sacerdotale malgache à Amborovy, et en partageant avec eux la clôture de la rencontre nationale des familles Charles de FOUCAULD.
L’adoration, la célébration et l’ouverture du cœur a permis aux autres de lire en nous, comme nous en eux. Et finalement tout cela a rendu possible que nous nous sentions comme une fraternité au Carmel de Amborovy, où les sœurs carmélitaines nous ont accueillis comme en famille. Grâce à Félix nous avons pu vivre ces jours comme à « Nazareth », très proches des gens qui chaque jour nous ont fait cadeau de leur salutation et de leur sourire.
Le message du pape François a été présent dans notre rencontre et nous a aidé à mettre en valeur la Parole de Dieu comme animatrice de notre fraternité, prenant en compte pour 2015 le 50ème anniversaire de la constitution Dei Verbum.
Nous avons fait une révision de la vie des fraternités sur les 5 continents (la fraternité sacerdotale existe dan 43 pays) où le charisme et le message de fraternité universelle du Frère Charles est accueilli comme un évangile que nous pouvons respirer. Nous soulignons la requête des fraternités d’Asie pour une coordination et une communication chaque fois meilleure :
– le Mois de Nazareth en France, au Brésil, au Chili, au Cameroun et en Irlande, durant cette année, est une bonne nouvelle constante que l’on ne peut pas mettre dans un classeur.
L’appel au dialogue avec l’islam en Europe, Afrique et Asie : un seul Père qui veut l’entente entre tous ses enfants et qui ne veut pas être cause de séparation ni de conflits ; nous espérons que la prochaine rencontre de juillet 2015 à Viviers (France) coordonnée par Jean-François pour les prêtres en relation avec les musulmans, sera de grande aide pour unir et non disperser ou séparer.
Nous remarquons les problèmes de communication qui se posent, que ce soit à cause de grandes distances entre certains pays, ou à cause de la surcharge de travail des frères.
Nous voulons que notre site à l’Internet, « iesuscaritas.org » soit le point de rencontre de tous pour communiquer pratiquement et rapidement et nous désirons que tout document à propos du Frère Charles soit partagé entre nous ; nous nous réjouissons pour tout le vécu des assemblées à Colorado Springs aux États Unis, Kribi au Cameroun et Vérone en Italie. Nous accueillons les bonnes impressions et la joie des frères dans ces rencontres.
La reconnaissance de notre fraternité sacerdotale selon le droit pontifical se rapproche et nous espérons de bons résultats de notre rencontre avec la Congrégation du Clergé grâce à des prêtres proches de la fraternité.
Pour le centenaire de la Pâque du frère Charles, nous ne proposons pas un critère général de célébration car nous savons qu’en chaque continent, pays, diocèse, paroisse ou fraternité locale on est en train d’organiser l’événement comme en famille. Tout doit être une fête dans le style de Nazareth, en partageant avec les plus humbles, loin d’expressions de triomphe ou de grandeur.
Nous avons fait un bilan de nos finances : l’équilibre de la caisse internationale reste fragile. Nous rappelons aux différents pays que la fraternité c’est aussi partager nos biens pour aider spécialement au développement du Mois de Nazareth et des assemblées en Asie, Afrique et Amérique. De même pour que que la présence de l’équipe internationale soit assurée par la participation d’un de ses membres, ou encore pour réaliser notre rencontre annuelle, nous avons besoin de votre soutien. Merci de votre générosité, nous apprécions beaucoup cet effort de partage.
Il y a trois appels important que nous percevons dans nos vies à travers le spécifique de notre fraternité sacerdotale: le jour de désert comme temps d’écoute, dépouillés de tout, comme une de nos priorités mensuelles.
Ensuite la révision de vie comme moment contemplatif de la vie des frères, de leurs sentiments, projets, problèmes, de sa vie spirituelle, comme eux aussi nous regardent et nous aident;
et aussi l’engagement de chaque fraternité pour progresser dans l’appui mutuel comme une famille est capable de s’entraider dans le quotidien. Nous ne pouvons pas nous comporter comme un groupe qui vivrait une spiritualité désincarnée. Nous sommes toujours appelés à partager un projet, un travail d’équipe, un engagement actif face aux problèmes humains et sociaux.
Nous croyons que cela fait partie du rêve de Frère Charles en lien avec Jésus crucifié et ressuscité, présent en chaque homme ou femme. Nous croyons qu’en chacune de nos vies, Jésus nous contemple et nous aime comme nous le contemplons et l’aimons dans l’adoration quotidienne de l’Eucharistie.
Nous fixons notre prochaine réunion en Espagne dans la maison d’Aurelio, du 20 au 29 octobre 2015. Nous commençons déjà à préparer notre cœur et notre sac à dos.
Une grande accolade de toute l’équipe qui compte sur votre appui dans la prière.
Jean François,Emmanuel ,Félix, Marc, Mauricio et Aurelio
Amborovy, Madagascar, le 11 septembre 2014, le jour de notre retour.
PDF: LETTRE D’AMBOROVY, équipe internationale, 2014, français
Aux amis du diocèse
Tokombéré, le 30 Août 2014
Aux amis
du diocèse de Maroua-Mokolo
et de Tokombéré
Chers amis,
Comme promis je reviens vers vous pour donner quelques nouvelles après avoir repris pied dans la réalité locale.
Plusieurs parmi vous me disent que les nouvelles de notre région qu’ils reçoivent sporadiquement par les médias sont confuses et peu rassurantes. C’est malheureusement un reflet de la réalité dans laquelle il est bien difficile de voir clair.
Le chef de Boko-Haram, probablement mal inspiré par l’exemple de l’Irak selon des connexions qu’on a du mal à cerner précisément, a décrété il y a quelques jours dans une vidéo envoyé à l’AFP, la création d’un califat islamique dans cette région du Nigéria. Ce n’est pas fait pour rassurer. Vous aurez appris aussi, les journaux en ont parlé, que de très nombreux soldats nigérians (plus de 500 en tout cas), ont demandé asile à l’armée camerounaise (repli stratégique selon les autorités nigérianes, panique face à l’ennemi selon d’autres). Ils ont été accueillis et ensuite reconduits au Nigéria par un autre chemin escortés par l’armée camerounaise. Cette dernière semble prendre de mieux en mieux la situation en main, même si la région reste très insécure. Face à cette situation, les populations camerounaises proches de la frontière commencent à se réfugier à Mora (chef-lieu du département du Mayo-Sava, situé à 25 kms de Tokombéré), à Kolofata et dans d’autres centres. On dénombrait 12.000 réfugiés le à la date du 30 août… (Cf. Note du comité Justice et Paix en pièce jointe n° 1) Il est désormais interdit de circuler en moto dans le département. C’est extrêmement handicapant pour tous ceux qui font de l’animation dans les domaines pastorale, sanitaire éducatif, agricoles. J’ ai obtenu une dérogation du préfet pour les prêtres et administrateurs laïcs de districts et les démarches sont en cours pour les autres…
Cependant, il faut noter, et c’est extrêmement important, que l’opinion publique locale semble avoir nettement compris que le problème n’est pas un antagonisme musulmans / chrétiens et que la bonne entente prévaut encore entre nos communautés. Notre proximité dans l’épreuve est une force de résistance. Le « forum des jeunes chrétiens et musulmans pour la paix et le développement » qui a rassemblé 400 jeunes (1/3 musulmans; 1/3 protestants et orthodoxes, 1/3 catholiques) le 07 août dernier, en a été une belle illustration. (Cf. déclaration finale en pièce jointe n° 2). Merci de votre réponse efficace à mon appel de soutien spirituel du 04 août dernier…
« Les ronces qui entravent notre marche en avant alimentent un feu qui éclaire le chemin » nous dit Frère Aloïs de Taizé.
Je continue tout naturellement avec les bonnes nouvelles (heureusement elles sont nombreuses) en évoquant les très belles rencontres des « Portes de l’Avenir 2ème édition » qui se sont déroulées en juillet dans les secteurs de la paroisse et dont le rassemblement final à eu lieu du 12 au 15 août à Tokombéré Centre. Le P. Justin et les responsables du Projet-Jeunes conduits par Joseph Bouba leur président, nous ont donné un très bel exemple d’engagement pluriconfessionnel et intelligent au service d’une réflexion vraiment enracinée dans la réalité.
Dans le dynamisme de ces Portes de l’Avenir les jeunes sont en train d’élire leurs présidents dans les 6 secteurs géographiques de la paroisse, les 42 étudiants du Cety (de Yaoundé, Ngaoundéré, Douala, Maroua…) qui constituent le 7ème secteur du Projet-Jeunes, ont élu leur nouveau bureau national lors de leur assemblées générale, et puis tous, éliront le responsable paroissial le 13 septembre prochain pour lancer dès maintenant les « Portes de l’Avenir 3ème édition ».
Comme un peu partout, c’est la rentrée qui s’approche à grands pas (le 08 septembre prochain) les inscriptions vont bon train dans les 4 écoles primaires et au collège. Les assemblées générales mobilisent les parents d’élèves, et les réunions de pré-rentrée se multiplient tout autour de nous. Sans faire d’humour déplacé on sent bien que Tokombéré est bien Boko-Halal et non Boko Haram !…
A la paroisse nous lançons ce week-end le nouveau thème d’année diocésain « Je suis avec vous tous les jours jusqu’à la fin des temps. » (cf. pièce jointe n° 3) Notre idée, comme pour les Portes de l’Avenir avec le Projet-Jeunes, c’est de donner la parole (mais aussi La Parole) à un maximum de personnes et de ne pas la laisser monopolisée par un petit groupe aussi brillant puisse-t-il être. Il s’agit de jouer le mieux possible la carte de la coresponsabilité baptismale et, au-delà, humaine. L’objectif est de donner l’occasion à chacun d’exprimer le meilleur de lui-même au service de la communauté. Dans le contexte fragile dans lequel nous sommes cela prend une dimension très forte. Je voudrais citer, à ce propos, un extrait très émouvant du témoignage des trois otages de Tchéré libérés le 1er juin: « Dans le dialoguer entre nous, nous avons appris que ce qui nous uni est plus fort que ce qui nous divise; que la force de l’un c’est la force de tous et que la faiblesse de l’un c’est la possibilité de puiser dans la puissance de Dieu et dans la lumière de la résurrection. »
A propos des otages de Tchéré, j’ai eu la chance de rencontrer Gianantonio et Giampaolo en Italie au cours de mon congé. Moment de grâce et de communion missionnaire très profonde. Ils m’ont remis une petite vidéo de quelques minutes à l’intention des catéchistes et paroissiens de Tchéré. Je suis donc allé la présenter à une assemblée très nombreuse composée de jeunes et d’anciens très touchés de ce geste de communion au-delà de l’épreuve.
Notre nouvel évêque et notre évêque émérite sont partis à Rome pour la visite Ad-Limina des évêques du Cameroun. Nous allons les retrouver pour les journées diocésaines qui réunissent, au mois d’octobre, des représentants des 41 paroisses et districts paroissiaux.
Merci de penser au P. Justin qui est reparti à Yaoundé pour une opération de son bras qui continue à donner du souci. Nous espérons que cela pourra résoudre enfin le problème qui le handicape beaucoup.
Vous avez su le drame de l’incendie de la maison du P. Christian quelques jours avant son retour en juin… Il y a eu un immense élan de mobilisation… La reconstruction à l’identique est presque achevée ! Merci à vous tous pour la générosité et la solidarité. Pour l’instant nous sommes voisins de chambre car Christian habite dans la chambre de Baba Simon… Retour aux sources!
Je termine avec une note agricole. Les pluies sont abondantes et le mil pousse un peu partout redonnant espoir à chacun même si la production d’arachides sur le plateau semble assez mal partie.
Nous sommes ensemble!
Grégoire
ASSEMBLÉE EUROPÉENNE VÉRONE 2014
MESSAGE DE L’ASSEMBLÉE EUROPÉENNE VÉRONE 2014
Dans le splendide paysage de Sezano, près de Vérone, au milieu des vignes et des oliviers, notre assemblée a réuni, du 20 au 27 août 2014, 19 délégués de 10 pays, représentant les 1,600 membres de nos Fraternités d’Europe, auxquelles nous adressons notre cordial salut . Nous voulons partager dans ce message quelques fruits importants de notre échange .
1. Nous sommes en chemin avec le Peuple de Dieu en des temps nouveaux
Nos Églises d’Europe doivent vivre la confrontation avec l’indifférence religieuse de ses habitants, soit qu’ils aient peu à peu abandonné la foi, soit qu’ils ignorent totalement la grammaire élémentaire du christianisme.
L’Église est mise, en quelque sorte, à la périphérie de la société.
Les sociétés elles-mêmes sont déstabilisées sous les coups d’un capitalisme financier qui ignore les valeurs humaines et le souci de préserver l’environnement.
La réalité des migrations à cause du travail ou de l’asile, la présence toujours plus visible de l’Islam dans nos sociétés nous interpellent et parfois nous inquiètent.
Le ministère du pape François est en train de susciter espérance et confiance chez tous , croyants et non-croyants, et d’encourager les communautés écclésiales sur de nouveaux chemins.
2. Prêtres en chemin avec le Peuple de Dieu dans ces nouvelles situations, nous reconnaissons l’actualité du charisme du frère Charles de Foucauld.
Durant toute sa vie la passion pour Dieu l’a conduit à mettre Jésus le Christ au centre. Il a découvert dans l’Eucharistie et dans la Parole de Dieu la nourriture essentielle de sa vie.
– Sa découverte de l’importance salvifique de la vie cachée de Jésus à Nazareth l’a conduit à une vie de grande simplicité et de proximité avec les pauvres.
Sa passion pour l’Évangile “ à crier par toute sa vie” l’a conduit à privilégier les rencontres, les conversations, l’amitié et le devoir de connaitre la culture de l’autre comme chemin pour la mission.
A l’avance il a fait siennes les grandes intuitions du concile Vatican II qui sont la boussole de notre Église : la Parole de Dieu ( Dei Verbum), l’Eucharistie comme source et sommet (Sacrosanctum Concilium), la mission et le mystère de l’ Église ( Lumen Gentium) ; l’humanité concrète à aimer ( Gaudium et spes ) .
3. Dans le sillage de frère Charles nous nous sentons appelés à prendre résolument le chemin que le pape François propose au Peuple de Dieu:
Appelés à nous enraciner dans le Christ pour que nos vies aient la saveur de l’ Évangile, en redécouvarnt la valeur du “désert”.
– Appelés à prendre notre part pour que l’ Église soit “ en sortie” et devienne plus missionnaire.
Appelés à privilégier les rencontres , l’écoute, le dialogue – avec l’Islam, les autres religions et les non-croyants- pour ainsi rejoindre les “périphéries”.
Appelés à avoir un style de vie simple, qui nous rende accessible aux plus pauvres, proches du peuple, imprégnés de “ l’odeur des brebis”
Appelés à garder notre coeur ouvert aux joies et aux angoisses de notre vaste monde, attentifs au travail de l’Esprit-Saint .
– Appelés, en tant que Fraternité, à être artisans de communion dans nos presbytériums traversés par diverses sensibilités pastorales et marqués par la présence de prêtres “ venus de loin ”.
4. Durant notre assemblée
a) Nous nous sommes réjouis, dans l’action de grâce, pour la présence parmi nous de notre frère Gianantonio Allegri, récemment libéré après 57 jours de captivité aux mains de Boko Haram . Il nous a partagé “ le trésor caché dans le champ” de cette dure expérience.
b) Nous avons écouté l’expérience des Fraternités de l’Afrique francophone, qui venaient de vivre le mois de Nazareth et sont une espérance. Nous avons reçu l’appel à renforcer nos liens et nos échanges entre les Fraternités des divers continents, qui peuvent nous enrichir à travers le partage de préoccupations communes comme le dialogue avec les musulmans ( qui sera le thème d’une rencontre à Viviers du 13 au juillet 2015) ou l’expérience d’une vie fraternelle en contexte de violence.
Nous nous sommes mis à l’écoute de divers témoins ( laïcs, religieux et religieuses) de la grande famille foucauldienne : cette expérience nous a convaincu de renforcer nos liens ave elle, dans la fidèlité aux intuitions de frère Charles qui, pour l’avangélisation, comptait pleinement sur la collaboration des laïcs.
c) Dans le contexte du centenaire de la première guerre mondiale, nous avons fait une visite-pélerinage sur le Monte Grappa, où reposent 25 000 soldats de toute l’Europe morts dans les batailles : elle nous a fait ressentir l’appel à approfondir dans nos Fraternités la culture obstinée de la paix, à l’heure où “ le carnage inutile de la guerre” ( Benoit XV en 1917 ) se répète aux portes de l’Europe (en Ukraine et au Moyen-Orient : nous avons écouté l’expérience d’un frère irakien, qui nous a entrainés dans le récit des souffrances de son peuple , nous demandant de prier pour lui).
d) Devant les multiples défis et les résistances de notre temps , la parole de frère Charles nous encourage :
“Les difficultés sont le signe qu’une chose plait à Dieu. La faiblesse des moyens humains devient une source de force . Dieu se sert des vents contraires pour nous conduire au port”.
Mariano Puga: « ce pape a bousculé tout le monde »
LA SEGUNDA, SANTIADO DE CHILE, 6 Juin 2014
On ne peut pas penser l’Évangile sans la vision de comment organiser la communauté. Controversé comme toujours, le prêtre parle de l’Église d’aujourd’hui et des transformations auxquels doit faire face le Chili.
por: La Segunda / María José O’Shea C.

Foto ALEJANDRO BALART
PLUS D’INFORMATIONS
C’était en 62 quand Mariano Puga, alors âgé de 32 ans, entra soudainement au confessionnal et demanda au prêtre de lui dire la vérité. Il ne croyait pas que la forte toux qu’il avait, était la tuberculose, comme on le lui avait dit. « Non si ce que tu as est un cancer, alors il ne te reste que 3 mois à vivre », lui a répondu son superviseur.
Les parents de Mariano Puga Concha l’ont emmené aux États-Unis. Là-bas, ils ont appris qu’il n’était pas atteint d’un cancer et qu’il n’était pas près de mourir. Aujourd’hui Mariano a 83 ans et marche par une nuit froide de Santiago en sandales. Sans chaussettes. Il dit que les deux fois ou il en a portées, il a eu beaucoup plus froid.
Il est ainsi. Simple. Conscient à chaque seconde qu’il vient d’un monde de privilégiés et répète mille fois qu’il a le privilège d’être sorti de ce monde avec tout l’appui des privilégiés. Que sa mère a perdu des amies par sa faute, que ses frères, neveux et 104 arrières petits neveux l’aiment et admirent sa vocation d’être parti travailler au service des pauvres.
Le prêtre Puga parle peu. Parce qu’il n’aime pas le mythe qui s’est formé autour de lui. Mais cette fois, quelque chose d’impensable, une pièce de théâtre a fait qu’il souhaite raconter ce qu’il a vu sur la scène. « Je veux montrer mon Église, non seulement qu’on puisse la voir mais aussi qu’on en parle, notamment de ses problèmes et des erreurs de sa hiérarchie. Cette œuvre montre une série de coupures à la réalité politique, économique, à la classe aristocratique d’aujourd’hui, il faut être obtus pour ne pas le voir. De plus, cela m’a fait penser au fonctionnement de l’église d’aujourd’hui, au fait qu’il existe une répression des groupes progressistes et comment aujourd’hui certains doivent encore lutter pour que ces derniers soient considérés.
La pièce en question est « Expulsion des Jésuites », de la compagnie Tryo Teatro, troupe qui se produit dans le théâtre de l’UC. Elle raconte l’histoire de l’expulsion de la Compagnie de Jésus du Chili par la couronne espagnole. L’œuvre se concentre sur ce qu’il s’est passé en Araucanía, mais Puga y a vu aussi ce qu’il est arrivé dans à d’autres endroits, comme Chiloé, où il a passé une dizaine d’années en mission, après avoir été prêtre ouvrier pendant 30 ans, dans la Legua, Villa Francia et dans tous les lieux mouvementé du Chili actuel.
Cette œuvre est très intéressante pour l’Eglise d’aujourd’hui, avec les faits qui sont arrivés dernièrement. Chiloé est une église missionnée par les jésuites, ils se sont chargés de porter le message de Jésus, depuis la fin du XVIe siècle jusqu’à son expulsion en 1767. Ce qui est incroyable c’est de penser qu’en 1621 ils s’étaient déjà installés dans ces lieux si lointains et qu’ils avaient commencé leur tâche d’évangélisation et de culture, avec les onas et huilliches. Le plus merveilleux c’est que la communauté elle-même proposait des noms entre les catéchistes pour être procureurs, et le missionnaire choisissait.
– Quelle démocratie
– Où peut-on voir aujourd’hui que c’est la communauté qui choisit celui qui sera curé?
Ils étaient fantastiques. Les jésuites créaient là-bas des communautés avec les indigènes et ils demandaient au pouvoir espagnol de dialoguer ensemble. La Compagnie avait une vision de l’église et de sa mission, ils voyaient la mauvaise image qu’elle véhiculait sur eux comme étant les conquistadors, les ambitieux, les puissants.
– Cela montre aussi la vocation politique des jésuites.
– On ne peut pas penser l’Évangile sans vision de comment organiser la communauté. La même idée qu’il reste encore est de favoriser la justice, ce que faisait Jésus : il était non seulement le miraculeux, il était un annonceur d’un règne dans lequel riches et pauvres seraient des frères.
– Que reste-il de cette vision dans l’église d’aujourd’hui?
-… Demandez par-là, donc. Et voyez ce qu’il en reste. Plusieurs fois nous avons confondu la hiérarchie de l’Église avec le missionnaire de l’église, celui qui collaborait avec Jésus pour construire cette terre ou il y avait une main ouverte pour le faible afin que le riche puisse partager. C’est celui-ci le projet du règne et il a de très claires projections politiques, économiques et sociales. Le problème apparaît quand l’élément religieux – qui est la partie humaine, organisationnelle, culturelle, morale – suffoque au message évangélique de Jésus. Mais cela vient de son origine. Ce qui a tué Jésus c’est le pouvoir politique.
– Mais aujourd’hui une partie de l’Église a cédé au pouvoir de l’autorité…
– Mais oui cela vient de Constantin, en l’année 313. C’est à ce moment-là que l’église a attrapé le goût pour le pouvoir, les privilèges. Cela a été, et va l’être jusqu’à ce que le Christ revienne.
– j’imagine qu’il est heureux avec le Pape Francisco.
– le Pape a cassé tous les schémas. Un Pape qui pour son anniversaire a invité trois mendiants à prendre un petit déjeuner avec lui dans la pension où il vit – parce qu’il n’a pas voulu partir manger dans un palais ni se mettre des chaussures spéciales – il est pour moi un saint.
– Il a montré une ouverture aux personnes gays par exemple, et certaines personnes s’en fâchent …
– il a bousculé tout le monde. L’Église dit affirmer la vérité, comme un juge. Et ce que le Pape répond « qui suis-je pour juger ». De même pour le célibat.
– Et seriez-vous d’accord si un prêtre avait une famille?
– totalement d’accord. Mais qu’on me donne aussi la liberté à moi de ne pas en avoir et de me dédier à 100 % aux pauvres.
– Beau comme vous êtes, le célibat a dû vous coûter.
– Réellement beaucoup. Et quand on m’a envoyé étudier la liturgie à Paris, et que personne ne me connaissait, encore plus. Ce Pape met l’accent sur le vrai message de Jésus, et c’est cela qui est important. Ce qui se passe c’est que l’Église a toujours été comme ça, depuis son origine. Regarde par exemple l’autre jour un ami qui est communiste, me demande : “ tu vas continuer dans cette église de “mauviette” qui a abusé de petits garçons ? ». Je lui ai répondu : « mais si l’église fait partie des traîtres depuis son origine : je n’ai pas trouvé lâche Pierre quand il renié Jésus, ou à Judas quand il l’a vendu pour 20 sous ? ». « Ah, la tu m’as eu », il m’a dit. Nous devons nous rendre compte que c’est Jésus-Christ qui a créé l’église, et que nous sommes, toi, moi, un saint comme le Pape et un traitre comme Karadima que nous sommes au fond de nous.
– Je reviens à la pièce de théâtre. Il est impossible de ne pas associer le cas de l’ex-jésuite Luis García-Huidobro que l’on vient d’arrêter avec une arme en Araucanía.
– je ne connais pas l’histoire de cet homme, mais je confesse que j’ai un sentiment de sympathie. Un jésuite qui a été en Tirúa, qui partage la vie du peuple Mapuche, qui l’apprécient et il lutte avec eux pour la récupération de leur identité, de leur culture, c’est dans ce combat qu’il est. Qu’est-ce que tu veux que je te dise, je suis avec lui.
– Il reste combatif, Mariano Puga.
– avec tous les risques qu’il peut y avoir, que je fasse une mauvaise analyse à cause de mon préjugé évangélique. Si Jésus dit qu’il vient consoler les pauvres. Cela ne signifie pas qu’il était contre les riches mais qu’il privilégie les pauvres qui sont les victimes de l’histoire.
– même s’il était armé.
– cela ne m’importe pas,
– Vous aussi vous étiez armé?
– non, jamais. Et je me battais contre ceux qui étaient armés. L’église reconnaît qu’il est légitime d’utiliser des armes lorsqu’il n’y a pas d’autre solution.
L’avortement dans certains cas : « Il faut laisser la mère décider »
– Les réformes sur l’éducation et fiscale: comment les voyez-vous?
– j’applaudis, mais je crois que ce sont les premiers pas seulement.
Nous avons vécu depuis la colonie dans un Chili de classes. Et l’Église, au lieu d’être celle qui détruirait le concept de classes, elle l’a renforcé : des collèges réservé aux pauvres, pour indigènes, et d’autres pour la classe élevé. Cela a été une tension historique de toute la vie, parce que Jésus est venu pour nous dire que nous devions être tous frères.
– L’autre projet qui s’est posé est celui de l’avortement.
– C’est un problème qui revient au final à la science médicale qui doit définir quand il y a une personne ou non. Aujourd’hui que ce soit chez les personnes croyantes ou non il y a des positions divergentes. Il y a trois cas de figure qui peuvent arriver, celui par exemple ou la vie de la mère est en jeu, l’Église est déjà claire sur ce point-là. Lorsque c’est un cas de viol, il est normal de le donner en adoption, mais je crois que quand une fille est incapable de supporter psychologiquement cette situation, il vaudrait mieux appliquer la même solution que lorsque le risque de santé pour la mère est en jeu. Pourquoi la santé biologique et non la santé mentale?
Et dans le cas non viabilité du fœtus, avec le progrès de la science d’aujourd’hui, qui est possible de savoir si cette personne va vivre ou non, il faut en parler. Et, dans l’ultime cas: qui va décider ? La maman évidement. Il faut la laisser prendre la décision dans des cas comme celui-ci.
Je connais beaucoup de cas de mère qui vont voulu aller jusqu’au terme de leur grossesse, et c’est très respectable. Pourquoi vais-je punir les autres?
Maintenant ce qui me semble hypocrite et c’est sur ce point la que nous n’avons pas encore avancé, ce sont les 40 mille cas qui vont dans des cliniques clandestines ou avec des accoucheuses. Cela m’interpelle souvent de voir comment ces situations les ont marquées pour la vie.
– Avortement pour tous, donc?
– Non, ce que je dis c’est que j’espère que pour ces femmes, l’État leur donne la possibilité d’être accompagnées, conseillées, et qu’on leur donne l’opportunité de ne pas aller en premier à la clinique clandestine pour se faire avorter. Ce serait un beau changement à voir au Chili. Et, l’autre point qui me gêne, c’est que les secteurs qui s’opposent le plus à l’avortement sous toutes ses formes sont ceux qui se préoccupent le moins de quand naîtra le bébé et de son avenir si il est pauvre. En revanche ceux qui sont en faveur de l’avortement sont ceux qui se préoccupent le plus des droits de ce futur ouvrier ou ouvrière.
Il ne me semble pas normal d’être si préoccupé pour la vie de cette petite personne, et après être si désintéressé de son accueil dans la vie. Pourquoi être tant préoccupé pour qu’il naisse, et de ne pas s’intéresser a comment va grandir cette sœur ou ce frère, comme dit Jésus, avec les mêmes droits que moi.
Le tournant des fraternités sacerdotales Iesus Caritas
Plusieurs aspects de notre ministère à prendre en compte:
Au plan des mutations de notre société
- Les mutations rapides de notre société en crise (crise de l’espérance sans
précédent) - Le développement rampant de la mondialisation et le caractère de plus en plus multiculturel et pluri-religieux de nos sociétés. Les gens disent «On n’est plus chez nous!» tentations des politiques d’exploiter ce sentiment d’insécurité à des fins démagogiques (perversion du politique)
- La question récurrente des migrations (cf. Lampedusa) cf. texte du Pape François : la hon te de l’Europe
- Les risques de communautarisme qui affectent toutes les couches des sociétés européennes (tentations récurrentes de se replier sur des communautés homogènes dans la méfiance a priori à l’égard de l’autre)
- Cette tentation peut aussi habiter nos communautés catholiques
- La peur grandissante de l’islam
…
C’est à partir de ce contexte sommaire que nous avons à relever ensemble les défis
que j’ai évoqués dans la présentation du rapport de la France à l’Assemblée de Poissy.
Nous, comme prêtres d’une certaine génération, avons sûrement dans ce contexte de mutations très rapides qui affectent notre société et de transformations du visage de notre Eglise des conversions à vivre au plan de notre ministère qui ont leur part de joie mais aussi de souffrance.
L’itinéraire spirituel de Charles de Foucauld, tout en datant de 100 ans, dans un contexte social, politique et ecclésial très différent peut-il nous aider à vivre ces conversions?
…
Jean François BERJONNEAU, frère assistant général
…
Lire le document complet dans le lien suivant:
Le tournant des fraternités sacerdotales Jesus caritas (PDF)
(English) Jerry RAGAN, new national responsible of USA fraternities
(Español) Argentina: La Pascua del hermano Armando YACUZZI
Mois de Nazareth 2014 Panafricain
LETTRE DE KRIBI
Nous sommes 24 frères venus de 5 pays, dont Jean-François BERJONNEAU, Assistant général de l’Equipe internationale, rassemblés pour le « MOIS DE NAZARETH » au Centre diocésain Saint Joseph de Kribi au Cameroun du 6 juillet au 3 août 2014.
Organisé et réalisé par la « Fraternité » du Cameroun, sur les traces de Simon MPEKE dit « Baba Simon », frère initiateur et fondateur des fraternités Jésus Caritas en Afrique, ce mois regroupe des représentants des « Fraternités » du Burkina-Faso, du Cameroun, de la Centrafrique, de Madagascar et du Tchad. Algérie, Congo (RDC), Maroc et Rwanda n’ont pas répondu à l’appel.
Nous avons pu vivre ce temps de fraternité grâce à l’appui des « Frères » des États-Unis, d’Italie, de France, d’Autriche et des membres des fraternités séculières de France sans oublier les amis et parents de chacun qui ont mis la main à la poche pour nous aider. Qu’ils en soient vivement remerciés!
Nous voudrions ici, partager avec vous, frères et sœurs, nos convictions, les défis de notre Eglise dans la société, et notre espérance.
CONTEXTE
Nous nous sommes retrouvés pour prier et partager ensemble nos joies, nos peines, et celles de notre peuple, au cœur d’un monde marqué par le pluralisme religieux et la poussée islamiste où dialogue et annonce s’imposent comme nécessité. Nous pensons particulièrement à la situation qui prévaut au Nigéria, au Nord-Cameroun et en Centrafrique. Nous avons une pensée spéciale pour Gianantonio Allegri, de la fraternité de Maroua, pris en otage par les Boko Haram une semaine après son inscription à ce mois de Nazareth.
ACTIVITES
Pendant quatre semaines, nous avons vécu des temps forts de communion fraternelle dans le respect de la différence et de la liberté individuelle. Dans la « relecture de nos vies », nous avons été édifiés par les particularités de chacun. La retraite nous a permis de revisiter, d’évaluer et de faire le point de notre vie de prêtres diocésains au service de l’Eglise et de nos frères et sœurs. La découverte et l’approfondissement de la personne et de la spiritualité du Bienheureux Charles de Foucauld ont renforcé notre conviction en la « fraternité universelle » à la suite de ce Frère qui a « imité son Maitre jusqu’à la mort ». La « relecture du mois » a été un temps d’actions de grâces pour tous.
«A cause de Jésus et de l’Evangile…». C’est le sens de notre mois de Nazareth où nous nous sommes laissés conduire par les intuitions et les exemples de Charles de Foucauld et de Baba Simon qui, chacun à leur manière, ont rallumé en nous la passion du Christ. La participation à l’Eucharistie quotidienne, l’Adoration du Très Saint Sacrement, la révision de vie en fraternité, et les temps de désert sont pour nous des moyens privilégiés de notre rencontre réelle et personnelle avec notre Bien Aimé et Seigneur Jésus Christ pour découvrir sa volonté.
Les rencontres sont cordiales. Les amitiés et la confiance mutuelle naissent spontanément. La fraternité s’installe sans difficulté. Les partages sont riches, profonds, francs et sincères. Nous avons eu le bonheur de faire un pèlerinage sur la tombe de Baba Simon à Edéa, de visiter le tout nouveau port en eau profonde de Kribi. Nous avons eu la joie d’accueillir Joseph YESSI, responsable de la fraternité séculière africaine et un compagnon. Le Vicaire Général et le Curé de la cathédrale ont souhaité découvrir la réalité de la fraternité et nous avons profité de cette occasion pour faire connaissance avec le diocèse de Kribi que nous remercions pour son accueil et sa générosité.
CONSTATS
A travers ces partages il ressort que le milieu familial a joué et joue un très grand rôle dans nos vies. La famille est irremplaçable dans la vie et le cheminement humain et vocationnel de chacun. Dieu nous donne d’être ce que nous sommes par nos familles. L’attachement à la famille est donc une source d’enracinement humain et social.
Malheureusement, la famille est depuis quelques temps malmenée par de nombreuses difficultés et a bien du mal à jouer son rôle. Des familles divisées et des familles à « l’essai », des foyers fragiles et instables dans leurs engagements, des couples aux situations matrimoniales irrégulières… sont nos préoccupations de prêtres sortis de là et vivant encore là. La famille est aussi confrontée à de nouveaux défis: mariage homosexuel, pédophilie… Elle interpelle notre foi chrétienne et suscite notre engagement pastoral.
Nos Eglises locales sont en pleine explosion numérique. Les demandes de catéchisme se multiplient avec de nombreux baptisés dans les paroisses. Nos Communautés sont majoritairement jeunes, avec des célébrations dominicales joyeuses. Nous en sommes fiers!
Cependant l’engagement au service de l’Eglise et de la société est timide. Le nombre de baptisés ne cesse de croître mais la situation sociale et politique continue de décroître. L’épineuse question de la prise en charge intégrale de notre Eglise-Famille de Dieu demeure un défi permanent. Nous peinons encore lourdement sur le chemin des initiatives concrètes pour une vraie responsabilité assumée par tous les baptisés. Loin d’être occasion de découragement et de pessimisme, ces situations sont pour nous une bonne source d’énergie et une raison de plus pour mieux nous engager à animer nos communautés dans l’espérance d’un lendemain qui ne s’obtient que par le travail consciencieux.
Le contexte social, économique, politique et religieux de nos pays mérite réflexion, prières et engagement pour la paix dans son ensemble. Les injustices sociales et économiques sont très flagrantes. Le fossé entre les couches ne cesse de s’élargir : dans un même pays, des « extrêmement riches » continuent à s’enrichir sans se soucier des « extrêmement pauvres », laissés-pour-compte, exclus. Pillages, vols, braquages, phénomène de coupeurs de routes etc. sont le lot quotidien des paisibles citoyens. On n’a pas encore le courage de prendre les vraies décisions pour enrayer la pandémie de la corruption en Afrique.
Les milieux politiques, économiques, associatifs et les leaders religieux se bousculent avec acharnement pour des intérêts personnels ou ceux d’un petit groupe mais rarement pour le bien commun et le développement de nos pays et du continent. Dès lors, des intégrismes religieux de tous bords se manifestent, les uns pour le pouvoir et l’imposition de leurs idéologies pseudo-religieuses par la violence, la terreur et à coups de canons, les autres, pour se fabriquer un carcan de sécurité psychologique.
Eglise du Christ, notre mission est là, celle d’annoncer le Royaume de Dieu qui est essentiellement fraternité, amour, paix et joie entre tous les hommes. C’est le chemin que le Christ ouvre par son Sang et que Frère Charles a suivi. Avec lui, nous ne devons pas être des «chiens muets ou des sentinelles endormies!» Toutes nos communautés de croyants sont interpellées.
NOS CONVICTIONS A LA SUITE DE FRERE CHARLES ET BABA SIMON DANS L’IMITATION DE JESUS CHRIST
La foi en Dieu créateur et en son Fils Jésus Christ Sauveur de tous les hommes est un engagement dans la vie et pour la vie : « la foi nous ouvre le chemin et accompagne nos pas dans l’histoire1 ». Le salut de l’humanité s’est accompli à partir d’un petit village de la Galilée, Nazareth, point central du mystère chrétien de l’Incarnation.
En effet, à Nazareth, la Sainte Famille menait une vie silencieuse de travail et de contemplation. Jésus y a grandi dans l’obéissance à la volonté de son Père et de ses parents. Le projet de salut de Dieu est parti de là. La vie de Nazareth est une grande leçon d’amour.
Nazareth a séduit Frère Charles. Toute sa vie a basculé et n’a rythmé qu’à l’unisson de Celui qui a initié cette vie cachée jusqu’à en mourir pour tous.
A Tokombéré dans les montagnes au Nord du Cameroun, Simon MPEKE emboite le pas au « Frère Universel ». « Il a donné toute sa vie pour que la Parole de Dieu retentisse au cœur des traditions locales»2 et que la dignité de l’homme soit restaurée.
Dieu nous appelle tous à vivre dans nos «Nazareth» pour suivre son Fils afin de réaliser avec Lui le salut de l’humanité. Il nous invite comme le frère Charles à imiter son Fils dans la pauvreté, l’humilité, l’abaissement, l’abjection… bref, à choisir « la dernière place » et à rejoindre les « périphéries » de notre monde.
Le salut de Dieu est destiné à tous les hommes. Mais la responsabilité première de l’annonce et de la réalisation incombe à ceux qui suivent son Fils Jésus Christ. Ils doivent accomplir cette mission sans distinction entre les hommes et avec amour. C’est la mission que le Christ a laissée à ses amis avant de repartir vers le Père : «Allez donc ! De toutes les nations, faites des disciples…». Il faut donc un cœur et un esprit universels.
Cette conviction n’est pas un sentiment naïf. Au contraire elle nous place sur toutes les fractures d’humanité que nous rencontrons dans cette réalité de l’Afrique. Elle nous appelle avec force à rejoindre les plus pauvres comme Frère Charles et Baba Simon l’ont fait. Elle nous appelle à lutter contre tout ce qui écrase ou terrorise la population des pauvres et des petits et des gens qui n’ont que la force de leurs bras pour gagner leur vie. Elle nous envoie pour être force de paix et de réconciliation là où se déchaînent la rancune et l’esprit de vengeance. Elle nous pousse contre vents et marées à poser des initiatives de dialogue, de rencontre, d’ouverture avec les musulmans dans la ligne de l’apostolat de la bonté que Frère Charles a exercé quand il était parmi les Touaregs.
Nous mesurons que cette attitude n’est pas de tout repos. Mais le disciple n’est pas au-dessus de son maître : «Celui qui veut sauver sa vie la perdra. Mais qui perdra sa vie à cause de moi et de l’Evangile la sauvera.»
Nous ne pouvons pas séparer Charles de Foucauld de Baba Simon car le souffle du Frère Charles a pris chair dans la culture africaine grâce à Baba Simon comme il continue de s’inventer en d’innombrables témoins sous toutes les latitudes.
PERSPECTIVES D’AVENIR
Dans l’élan de ce mois de Nazareth et constitué en assemblée continentale, nous envisageons:
- De travailler à l’expansion des fraternités sacerdotales et séculières sur le continent et à Madagascar.
- De développer la communication entre nos fraternités et avec le bureau international.
- De participer financièrement à la caisse internationale selon un taux qui sera fixé par le bureau international.
- De célébrer le quarantième anniversaire de la mort de Baba Simon, sous la forme d’un pèlerinage à Tokomberé en août 2015.
- De célébrer le 1er décembre 2016, le centenaire de la mort de Frère Charles à Tamanrasset, dans chacune de nos fraternités.
- D’envoyer des représentants à l’Assemblée Internationale de 2018.
- D’organiser un nouveau mois de Nazareth en juillet 2019 au Burkina Faso.
Au terme de cette riche expérience, nous implorons Jésus de Nazareth, notre frère, de nous combler ainsi que nos familles, nos communautés chrétiennes, nos dirigeants et nos responsables hiérarchiques d’abondantes grâces pour que la fraternité universelle tant désirée par le Frère Charles devienne réalité en chacune de nos vies.
Conscients de nos limites et convaincus de l’originalité de notre vocation et de notre place dans l’Eglise et dans notre société, nos vœux les plus profonds sont de vivre chaque jour dans l’esprit de Nazareth.
LES FRERES D’AFRIQUE