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Archives de l’auteur : Fraternidad Iesus Caritas
(English) Thomaiar is dead in the end of the month of Nazareth
CROIX ET MÉDAILLES FRÈRE CHARLES DE FOUCAULD
(Português) Brasil: Irmãozinhos da visitação da fraternidade de Charles de Foucauld
SAINT CHARLES DE FOUCAULD : J’AI EU UN RÊVE
Ce fut un événement très simple : les petits et les humbles ont vécu avec le pape François la canonisation du « Frère Universel »
Charles de Foucauld est mort d’une « surdose d’humanité ». C’est la vraie raison pour le proclamer Saint. Jamais il n’aurait imaginer une telle « Gloire du Bernin », faite avec beaucoup d’amour par les touaregs sur la grande haima qu’ils ont édifiée près de Tamanrasset et composée de trois morceaux de toile bleue et de pierres locales : morceaux de vie des gens de cette terre et de la planète, œuvre de Dieu ; pierres qui ne sont pas des armes qui font peur, mais le patrimoine d’un monde merveilleux qui nous nourrit et nous conduit comme disait François d’Assise dans son cantique des créatures.
Le pape François a aimé parler en arabe avec son accent argentin. Un fort vent lui a arraché ses feuilles qui se sont envolées dans les dunes, et il a continué en parlant espagnol ; et tous l’ont compris chacun dans sa propre langue et culture, avec sa couleur de peau distincte et le cœur ouvert à cette fête et au partage. Le maître Jésus nous a donné une leçon de fraternité universelle, un maître fou pour ses disciples et les humains ; un rêveur libre qui répète son engagement avec nous dans chaque geste d’amour. Le pape nous a partagé le pain des plus pauvres, celui que Jésus donna à ses amis, comme il l’avait fait lors de la canonisation de Monseigneur Romero qui fut toujours « Saint Romero des Amériques » ; Ce pain qui est reçu par les pauvres et par celui qui a besoin de la miséricorde de Dieu et de celle du prochain. C’est ce pain que Frère Charles n’a pas pu partager en grande ou petite célébration quand il a vécu en terre africaine, mais qu’il sut rendre présent par sa vie, sa condition de voisin et d’homme de Dieu, dans le Nazareth du partage quotidien, lui-même fragile et humble qui avait besoin des autres.
Ce fut une grande joie d’être avec des gens du monde entier parmi les plus humbles ; croyants et non croyants, chrétiens ou non, tous ceux qui au-delà des formes religieuses cherchent la paix, l’égalité entre tous, le bien commun. Il n’y avait pas les ornements voyants, ni les tuniques dorées, ni cardinaux, ni évêques, ni curés, ni uniformes, ni armes même si celles-ci sont simplement décoratives. On sentait simplement la présence de Jésus, fait homme pour nous et devenu l’ami de tous par la volonté du Père des miséricordes. Il abrite en son cœur tous les pauvres du monde, ceux qui fuient la guerre et les victimes du système économique . C’est Jésus toujours crucifié en ceux qui n’ont rien et Jésus ressuscité en chacun, en celui qui commence à naître.
Ils sont tous là comprenant cette cérémonie sans grandes offrandes, sans l’hypocrisie du protocole diplomatique. Eux, sans droit à la parole, à la santé, à l’école ou à l’université, à la possibilité de vivre dignement avec un toit ou une maison, privés de nourriture ou de leur propre terre ; ils sont là des milliers sans bruit ni grands discours, eux qui n’avaient jamais entendu parler du Frère Charles ni de Jésus de Nazareth.
On trouve Shilma, réfugiée du sud-est asiatique :Myanmar, mère de six enfants, apatride et sans ressources, visage de millions de personnes victimes de diverses ségrégations ; son mari Modid recherche chaque jour comment alimenter sa famille et lui-même souffre de tous les effets de la malaria,
Golu, indien de dix ans, fouille les poubelles et doit faire vivre sa famille avec un seul repas de riz quotidien. Golu rêve du jour où il pourra étudier, et faire respecter ses droits.
Margarita de Mexico-city qui prend soin de son petit-fils totalement handicapé depuis vingt ans, luttant pour sa famille ; c’est une femme de grande foi ; elle est convaincue que la prière et sa confiance en Jésus sont sa force principale. Elle prie la Vierge de Guadalupe non seulement pour son petit-fils ou sa famille ou ses voisins, elle prie pour les plus pauvres de quelque nationalité qu’ils soient.
Aboubakar, un adolescent du Burkina Faso, dénutri, porteur du V.I.H. transmis par ses parents, souriant, impressionné, car il n’est pas le seul du monde qui ait des problèmes ; ses grands yeux me font penser aux yeux du Créateur.
Hadmed, soixante ans, a vécu presque la moitié de sa vie dans le camp de réfugiés de Yarmuk en Syrie. La guerre est son unique compagne quotidienne comme le mp3 rivé aux oreilles d’un jean européen ou américain; il pense à la paix, la paix entre les enfants du même Dieu que l’on prie dans les mosquées, les églises, les pagodes ou les synagogues.
Et Terry, qui au bord de la mer à Cairns au nord de l’Australie, se déplace difficilement avec son unique jambe. Il a perdu l’autre à cause d’une mauvaise circulation sanguine. L’alcool court dans ses veines, ainsi que les mauvais souvenirs d’avoir tout perdu : travail, famille, amis …. Il s’en remet chaque nuit à la bonté des volontaires d’un refuge pour pauvres. Malgré tout il continue de rire et de parler avec tous, c’est un grand bavard ; Je crois que le seul qui l’écoute c’est Warrior, son vieux chien sourd. Il dit qu’il n’a pas de religion, mais qui sait ….
J’ai connu Raquel une espagnole, habituée des rues obscures de Carthagène où elle travaille pour continuer à consommer de l’héroïne et de la cocaïne. Raquel est transsexuelle et n’a jamais trouvé sa place dans sa famille ou dans la société ; pour tout revenu elle se prostitue pour survivre, mais en vérité ce qui lui donne vie c’est l’amitié de ses compagnes, leur appui quand elle est à peu près bien. Elle porte un chapelet au cou, cela dit-elle lui donne de la chance et la protège ; mais elle a honte d’entrer dans les églises parce qu’on la regarde de travers ; alors elle prie Dieu et la Vierge quand elle passe à proximité d’une église.
Et je pourrais continuer à raconter les vies et les milliers de visages de Jésus en cette canonisation du Frère Charles présidée par l’amour de Dieu et les appels à considérer chaque être humain comme un frère ou une soeur. Par les autres nous apprenons à être digne d’un même Père. Les uns récitent « la prière d’abandon » d’autres ferment les yeux et rêvent d’un monde meilleur, d’autres comprennent que la fraternité est une façon de grandir en spiritualité et en engagement, d’autres encore sentent qu’il ne sont pas seuls.
Nous nous regardions les uns les autres, et il n’y avait aucune méfiance entre nous, et nous avons compris que le message de Jésus dépasse les frontières, les religions, la vie avec Dieu ou sans Dieu ; son message de fraternité universelle, sa mort et sa résurrection sont vraiment « une surdose d’humanité ».
Saint Charles de Foucauld prie pour nous.
Santiago de Chile Juin 2015
Assemblée générale 2015 de la fraternité Iesus Caritas – Burkina Faso
Tanghin, le 25 mai 2015
Nous avons confié au Seigneur notre rencontre par une prière des laudes animée par l’Abbé Luc Edgard YELEMOU du diocèse de Dédougou.
Etaient présents à cette rencontre:
Abbé Jean ZOUGOURI, Dédougou
Abbé Gustave SAWADOGO, Koudougou
Abbé Luc Edgard YELEMOU, Dédougou
Abbé Simon Evariste KI, Dédougou
Abbé Omer SAWADOGO, Ouahigouya
Abbé Jacques Philippe TOE, Dédougou
Abbé Adrien OUEDRAOGO, Ouahigouya
Abbé B. Ernest SOME, Bobo-Dioulasso
Abbé Stanislas SOW, Dédougou
Ordre du jour
- Vie des différentes fraternités
- Propositions pour les différentes rencontres
- Cotisations
- L’organisation de la fraternité nationale : renouvellement du bureau de la fraternité ?
- Divers
Vie des différentes fraternités
Diocèse de Dédougou
Le diocèse de Dédougou compte une bonne vingtaine de membres et d’adhérents. Ceux qui constituent la fraternité sacerdotale Iesus caritas à Dédougou sont, pour la plupart, des jeunes prêtres. Dans le diocèse de Dédougou, il n’existe pas de fraternité séculière formée ou organisé.
Vue l’importance numérique des membres et adhérents, la fraternité sacerdotale Iesus caritas de Dédougou a été comme subdivisée en quatre sous-groupes suivant les quatre doyennés du diocèse, afin de réduire les distances pour les rencontres. Tous les sous-groupes n’arrivent pas toujours à tenir les trois rencontres annuelles que nous avons arrêtées de commun accord.
Par contre, la fraternité a pu tenir une rencontre regroupant les adhérents et sympathisants dans la paroisse de Safané.
Considérant la difficulté à tenir les rencontres périodiques, chacun est encouragé à vivre la spiritualité foucauldienne par l’adoration quotidienne, le désert, la révision de vie, la simplicité de vie, etc. Vue la composition du groupe, constitué de prêtres proches par l’âge, l’ordination et l’amitié sacerdotale, avons régulièrement les nouvelles les uns des autres et nous rencontrons en dehors des cadres formels et organisés. En plus, le document du Frère Aurelio, responsable international, nous a permis d’approfondir la connaissance des aspects fondamentaux de la fraternité Iesus caritas.
A Dédougou, la fraternité rencontre deux difficultés majeures : la difficulté du temps après que tous les plannings ont été élaborés et la difficulté financière pour répondre aux besoins de fonctionnement de notre fraternité. Par conséquent, nous avons émis l’idée de profiter des rencontres diocésaines de la fraternité sacerdotale ou d’autres rencontres pour tenir certaines activités.
Diocèse de Ouahigouya
Grâce au concours de l’Abbé Jean, venu à la rencontre diocésaine, la fraternité s’organise mieux. On peut dire que cette venue a relancé voire redonner du tonus à la fraternité sacerdotale. Aujourd’hui, la fraternité compte une dizaine de membres dispersés par la mission. C’est la grande famille qui se retrouve chaque samedi à l’Evêché pour une heure d’adoration. Il y a deux sous-groupes : à Ouahigouya et à Bam. L’Abbé Adrien est le responsable du premier sous-groupe et l’Abbé Omer, le responsable du second. Nous vivons la douleur de la séparation d’avec l’Abbé Mathieu SAWADOGO, le 1er mai 2015. L’Abbé Gustave était présent au titre de la fraternité sacerdotale. Merci de votre communion et que, par la miséricorde de Dieu, l’âme de notre frère repose en paix.
Diocèse de Kaya
Le passage de l’Abbé Jean, en janvier, nous a rassemblés. Nous sommes une dizaine de prêtres à former la fraternité Iesus caritas et Il y a un bureau fonctionnel. Mais il n’y a pas eu, pour le moment, de rencontre. Celle qui avait été programmée n’a pas pu se tenir. La fraternité est constituée majoritairement de jeunes prêtres.
La branche laïque nous épaule fortement. Le dimanche 31 mai se célèbrera le 75ème anniversaire de la congrégation des petites sœurs de Jésus à Kaya. Tout le monde y est convié !
Fraternité du Grand Séminaire de Kossogê (Ouagadougou)
Nous sommes deux. Il n’y a rien de particulier, en raison des programmes personnels. Il serait bien de créer un cadre de rencontres avec les prêtres de l’archidiocèse de Ouagadougou.
Archidiocèse de Bobo-Dioulasso
Les membres de la fraternité sacerdotale Iesus Caritas échangent des nouvelles entre eux. Nous avons à faire des efforts pour nous retrouver. Le responsable est l’Abbé Fernand SANON. Le groupe est composé de : l’Abbé Emmanuel SANON, l’Abbé Jean Emmanuel TRAORE, l’Abbé Joachim BINGBOURE, l’Abbé Ghislain SOME et l’Abbé B. Ernest SOME
Quelques apports consécutifs à la présentation de la vie des fraternités diocésaines
Le fait d’être jeunes dans la fraternité n’est pas un problème. On encourage les fraternités numériquement importantes à se subdiviser en petites fraternités pour faciliter la révision de vie. Les moyens de communication ne remplacent pas les rencontres physiques, mais facilitent la communication. Il faut toujours travailler pour que la fraternité ne s’arrête jamais avec les rencontres.
Propositions pour une bonne marche de la fraternité
- Que les responsables diocésains aient des contacts entre eux !
- Faire des rencontres dans les différents diocèses pour faire connaître la fraternité sacerdotale aux différentes communautés diocésaines, y compris la branche laïque.
- Du 28 soir au 29 décembre 2015 midi : Assemblée générale à Kaya.
- Ne pas exclure la possibilité de participer aux sessions ordinaires avec les laïcs, les retraites, les éventuelles visites du Frère responsable international, etc.
Réorganisation de la fraternité : renouvellement du bureau ?
L’Abbé Jean ZOUGOURI a fait part à l’assemblée des difficultés de fonctionnement du bureau actuel. Les anciens membres étaient : l’Abbé Dieudonné OUEDRAOGO, actuellement Responsable du Service Administratif et financier de l’Université Catholique de Bobo-Dioulasso, l’Abbé Modeste SANOU en service à la paroisse de Dapoya (Bien engagé dans le Renouveau Charismatique, maintenant) et l’Abbé Jean ZOUGOURI (responsable qui se bat seul). Sur cette question, les participants à la rencontre ont suggéré à l’Abbé Jean ZOUGOURI d’entrer en contact avec les anciens membres du bureau pour savoir ce qui les empêche de jouer leurs rôles. Et alors, nous procèderons au renouvellement du bureau lors de l’assemblée générale.
Informations relatives à l’organisation du centenaire de la mort de Charles de Foucauld en 2016 (données par l’Abbé Gustave)
Une rencontre s’est tenue à Ouagadougou. Dans l’attente du rapport définitif, les idées suivantes ont été émises :
- Lancer une année jubilaire en décembre 2015
- Faire connaître Charles de Foucauld et approfondir sa spiritualité
- Confectionner des pagnes
- Constituer un comité ad hoc pour trouver un thème et faire des propositions
Cotisations
Elles s’élèvent à 10 000 F par personne et par an. Comment les rassembler ? Par diocèse, avant le 30 novembre 2015 !
Divers
Notre confrère Mathieu SAWADOGO de Ouahigouya est décédé le 1er mai 2015. Toutes nos condoléances à la fraternité de Ouahigouya.
Notre frère Jean KROSS qui était à Niamey est rentré en Europe pour toujours. Il est parti avant Pâques.
Nous aurons une rencontre internationale de la fraternité à Viviers en France du 13 au 17 juillet 2015. Tous les responsables nationaux ont été invités.
Dans la mesure du possible, nous prendrons part au jubilé d’albâtre des petites sœurs de Jésus à Kaya le 31 mai 2015.
La rencontre a pris aux environs de onze heures par la célébration eucharistique et le déjeuner. Dieu bénisse notre fraternité !
Abbé Stanislas SOW
Secrétaire de séance
Laurent DOGNIN, évêque de Quimper et Léon
Laurent Marie Bernard DOGNIN, évêque de Quimper et Léon depuis le 20 mai 2015.
Laurent DOGNIN, frère de la Fraternité Sacerdotale, est né le 3 janvier 1953 à Paris, il a cinq frères et sœurs et grandit à Meudon où il prend conscience de sa vocation dès l’âge de huit ans. Il est ordonné prêtre le 15 juin 1980 pour le diocèse de Nanterre.
Il exerce successivement les fonctions de vicaire à Levallois-Perret jusqu’en 1986, de vicaire puis de curé de la paroisse Sainte-Geneviève d’Asnières-sur-Seine jusqu’en 1997. De 1988 à 1990 il est également délégué régional du Frat de Lourdes. En 1997 il devient curé de Saint-Pierre et Saint-Jacques et doyen de Neuilly-sur-Seine poste qu’il occupe jusqu’en 2006. De 2003 à 2006 il exerce également la fonction de vicaire épiscopal pour le secteur Centre du diocèse de Nanterre. En 2006, il devient vicaire général du diocèse en charge en particulier de la vie consacrée, des mouvements et associations de fidèles et modérateur de la curie diocésaine.
Il occupe également des responsabilités au sein de la Fraternité sacerdotale Jésus Caritas dont il est responsable régional pour l’Ile-de-France et la Haute Normandie de 2002 à 2008 et responsable européen de 2007 à 2011. Inspiré par cette spiritualité de Charles de FOUCAULD, il avait pris pour habitude avant sa nomination comme évêque, de pratiquer une fois par mois, une journée de désert.
Le 5 janvier 2011, le pape Benoît XVI le nomme évêque titulaire de Macriana di Mauretania et évêque auxiliaire de Bordeaux auprès du cardinal Jean-Pierre Ricard. Il est consacré par ce dernier le 27 février 2011.
Le 20 mai 2015 il est nommé par le pape François, évêque de Quimper et Léon et sera installé le 5 juillet en la cathédrale Saint-Corentin de Quimper. Ne connaissant le diocèse qu’en l’ayant traversé dans son enfance en motocyclette, il exprime à sa nomination sa volonté de connaitre quelques mots de breton mais aussi d’en comprendre la culture1.
Conférence des évêques de France
De 2012 à 2014, il est membre de la Commission épiscopale pour la Mission universelle de l’Église. Responsable du Service National de la Pastorale des Migrants et des Personnes Itinérantes (SNPMPI).
À ce titre, il participe, aux côtés de dix-huit organisations chrétiennes, à la rédaction d’une brochure consacrée à une réflexion chrétienne sur l’accueil des migrants : « À la rencontre du frère venu d’ailleurs »
Le 17 avril 2013, il est élu président du Conseil d’Orientation de RCF (Radios Chrétiennes Francophones), lors de l’assemblée plénière des évêques de France à Paris.
À l’assemblée plénière des évêques de France d’avril 2014, il est élu, en outre, président de la Commission épiscopale pour la Mission universelle de l’Église, charge qu’il exerce depuis le 1er juillet 2014.
« In Spe Gaudentes » (Rm 12,12)
(« Joyeux dans l’Espérance »)
Mario FILIPPI, Brasil, Jubileu da Ordenação Presbiteral
(Português) BRASIL, Retiro em Dores de Rio Preto
Petites Soeurs de Jésus en Ceuta
Ceuta, 7 mai 2015
Bien chères petites sœurs et amis,
Depuis plus d’un an de discernement et préparation, réflexion et prière, le moment est arrivé de nous mettre en route pour venir à Ceuta. Le 9 avril, nous avons débarqué sur cette terre pour commencer une nouvelle fraternité et vivre dans ce lieu de frontière, qui est une porte de l’Afrique pour l’Europe. Une ville de 80.000 habitantes, interculturelle et interreligieuse, où il y a la moitié de musulmans, une communauté chrétienne, une communauté juive et une autre hindou sindhîs. Il y a 40 mosquées, 7 églises, une synagogue et un temple hindou. Au niveau géographique, cette ville se trouve dans le nord du Maroc, et il y a 14 kilomètres par la mer jusqu’à l’Espagne : Algeciras. Ce passage on l’appelle « El Estrecho de Gibraltar ». Nous sommes entourés par la mer Méditerranée et l’Océan Atlantique. C’est une très belle ville et en même temps c’est une ville d’une grande complexité et de mille contrastes en très peu d’espace, 30 kms carrés ! Nous sommes en train de découvrir différentes réalités que nous parlent et touchent beaucoup : 8 kilomètres de grillage que tellement de gens essaient de sauter… la mer qui nous entoure partout où les migrants risquent leur vie pour pouvoir arriver… tout l’échange commercial de la frontière… les femmes mulets… la clandestinité : pas seulement des africains mais aussi des marocains et des algériens qui deviennent tous des personnes « sans papiers »… les conditions de travail sont durs avec des salaires très bas, surtout pour les femmes qui viennent tous les jours du Maroc… les enfants qui arrivent tout seuls et sont placés dans des structures du gouvernement… et le CETI « Centre de séjour temporaire pour les migrants » pour un premier accueil, géré par le gouvernement, avec une capacité de 500 personnes et beaucoup de fois ils sont deux fois plus… etc !
Depuis notre arrivée nous « campons » dans une pièce d’un appartement en attendant que les travaux de l’appartement où nous seront logées soient finis. Nous habitons dans un quartier très populaire : HADU. Les rencontres sont faciles, nous avons déjà fait connaissance avec nos voisins, avec les gens de notre quartier, les personnes qui vont à la paroisse, les migrants… nous sommes très bien accueillies par tous et la vie nous amène continuellement à rendre grâce pour le don de la Fraternité.
Nous avons fait un « pèlerinage » vécu avec beaucoup de respect et silence, illuminé et accompagné par la prière et la Parole de Dieu: « Je suis le Chemin, la Vérité et la Vie » nous dit Jésus et ces jours-ci, Lui nous répète sans arrêt : « … demeurez en moi, aimez-vous… »… pèlerinage pas seulement intérieur mais aussi vers des lieux où la vie et la mort se retrouvent :
- Benzu, où nous avons prié et découvert la brutalité des grillages infranchissables !
- el Tarajal, l’unique endroit pour passer la frontière, où nos yeux ne peuvent pas croire ce qu’on y voit !
- au CETI, où nous avons trouvé une grande humanité de la part de toutes les personnes qui travaillent là-bas. Ils nous ont ouvert les portes pour que nous puissions y aller et accompagner surtout les femmes qui ne sortent pas…
- le Maroc, que nous apercevons de loin et qu`avec facilité nous pouvons rejoindre. Avec un passeport européen, c’est facile…et à côté, des centaines et centaines des jeunes qui sont cachés dans la forêt en attendant le jour béni de passer chez nous….Combien de visages nous avons déjà rencontrés qui resteront pour toujours gravés dans notre cœur ! Rabat, Castillejos et aussi Tanger où nous avons pu rejoindre l’évêque Santiago qui est un vrai frère !
- S’arrêter sur la plage pour prier, pour cueillir les fruits de la journée et contempler la beauté de cette nature nous fait aussi rejoindre la tragédie qui, dans la Méditerranée, se vit et où continuellement meurent des personnes sans nom et que nous, maintenant, nous commençons à pouvoir connaître…presque tous ceux que nous avons connus, ont vécu au cours de leur traversée cette expérience de la mort d’un ami, d’un membre de la famille…c’est trop difficile d’écrire ce que nous avons écouté !
Nous avons fait, en ces jours, l’expérience que la mort n’a pas le dernier mot, la force de vie et de leur foi sont tellement grandes que notre espérance grandit, nous rentrons dans le Mystère Pascal avec chacun d’eux, et cela est une grâce qui nous change au plus profond de nous-mêmes !
Un mot, un regard, une petite salutation…nous a fait faire connaissance avec quelqu’un à la porte d’un magasin ou dans la rue, en nous amenant à pouvoir écouter des histoires inimaginables de tout le chemin qu’ils ont fait pour arriver jusqu’à ici… Combien de souffrances !!!! Doucement nous avons créé des liens… commencé à nous faire des amis… Leur foi nous encourage et c’est leur soutien, quelle beauté ! Ils nous ont demandé d’aller prier avec eux…Ils nous expriment que ce dont ils ont besoin, c’est de pouvoir parler et confier ce qu’ils ont vécu, tout ce qu’ils portent dans leur cœur car ils ont « vu et vécu beaucoup »…Quelques-uns nous ont dit que c’est la première fois qu’ ils sont accueillis, salués… invités à manger…et pour nous, les voir chez nous est une grande joie et surtout les reconnaître !
Notre vie est colorée par des petits gestes très concrets, simples : accueillir les larmes, écouter un mot, risquer la relation, une parole d’affection, des regards qui se croisent et parlent de la détresse qu’ils portent dans leur cœur…des gestes que nous percevons comme des gestes évangéliques porteurs de vie, de force, de lumière, de paix ! En plus, vivre cela ensemble, en communauté est source d’un grand bonheur !
Nous faisons tous les jours l’expérience d’être soutenues par votre prière et affection. Nous vivons un moment où nous pouvons toucher que nous avons besoin des autres, un petit exemple : une femme, Jadija, qui nous accompagne les 3 kilomètres de la frontière jusqu’à Castillejos à pied, simplement pour pas nous laisser seules sur le chemin !!!!
Un cadeau : Alpha, un jeune de Guinée Conakry, que nous avons connu dans la rue, ce matin avec 32 collègues a eu la possibilité de prendre le bateau pour rejoindre la péninsule. Ceuta ne peut pas retenir tout ce monde qui arrive et au fur et à mesure ils sont « expulsés » mais cela leur ouvre aussi la possibilité de rester en Europe et de s’ouvrir un chemin, c’est leur rêve !! Etre témoin de leur joie au port et être avec eux a été pour nous une expérience forte et émouvante… leur traversée n’est pas finie ni les difficultés non plus… ils viennent maintenant à vers l’ Europe où ne sera pas facile pour eux !
Comme Moïse, cette terre qui devient notre « terre » est un lieu sacré que nous ne voulons pas seulement habiter, mais aimer et, en enlevant nos sandales, prier continuellement pour que « le Règne de Dieu vienne, pour que nous devenions des frères et sœurs sans barrière, sans crainte, sans mur ni grillage… »
C’est vrai, commencer une fraternité sans rien d’autre qu’aller à la rencontre, en cherchant un lieu où habiter et du travail pour vivre, en faisant du quotidien l’espace où notre cœur s’unifie pour vivre comme des filles bien-aimées du Père… C’est une grâce qui réveille en nous tous les désirs de suivre JESUS et de fixer notre regard seulement sur LUI…Vous pouvez rendre grâces avec nous de savourer la beauté d’un temps comme notre présent.
« Depuis que vous êtes ici, il y a comme une paix autour de nous.. » nous dit une voisine, cela est une petite perle qui sûrement va nous aider dans les moments peut-être plus difficiles, mais pour l’instant, avec cette Paix que Jésus nous offre, nous vous disons notre amitié et gratitude pour ce que vous nous avez donné en étant sur l’autre rive !!
Gloria, Luigina Maria, Paloma et Rosaura